Modèle de la frégate La Muiron

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Modèle de la frégate <i>La Muiron</i>

Jean-Baptiste Muiron (1774-1796) fait partie des figures héroïques de l’épopée napoléonienne. Aide de camp de Bonaparte en Italie, il tomba sous la mitraille autrichienne au pont d’Arcole, le 15 novembre 1796, faisant rempart de son corps pour protéger son général. Figure providentielle dans la destinée de Napoléon, Muiron reçut l’hommage posthume de voir une frégate, alors en construction à Venise, baptisée de son nom. A Sainte-Hélène, Napoléon n’avait toujours pas oublié le compagnon qui avait fait le sacrifice de sa vie pour sauver la sienne ; il lui dédia le dernier codicille de son testament en léguant une somme de « cent mille francs à la veuve, fils ou petit-fils de notre aide camp Muiron tué à nos côtés à Arcole nous couvrant de son corps ».

Appartenant à la flotte qui vogua vers l’Égypte en 1798, La Muiron, après avoir réchappé au désastre d’Aboukir, permit à Bonaparte de regagner la France en juin 1799. La frégate, sur laquelle Napoléon ne remonta jamais, demeura cependant l’objet d’une attention singulière, au point qu’en 1807, l’Empereur ordonna à Decrès : « Je désire que cette frégate sur laquelle je suis revenu d’Égypte, soit gardée comme un monument et placée de manière à ce qu’elle se conserve, s’il est possible, plusieurs centaines d’années. J’éprouverais une peine superstitieuse s’il arrivait malheur à cette frégate ». Cet aveu éloquent avait déjà trouvé sa démonstration en 1803 quand le Premier Consul avait commandé un modèle du bateau. Réalisée à l’échelle 1/72 à l’arsenal de Toulon par Jean Lille, contremaître de manœuvre, et Claude Meirier, contremaître charpentier, livrée en 1805, la petite frégate entièrement gréée vint prendre place dans la bibliothèque de Malmaison. Tandis que La Muiron devenait monument historique dans le port de Toulon et faisait l’objet un cérémonial commémoratif quotidien, son modèle réduit se chargeait lui aussi du double souvenir du sacrifice de Muiron et du retour d’Égypte, deux événements clés de l’ascension de Napoléon. Réplique très exacte de la frégate de 44 canons, elle se trouvait toujours à Malmaison en 1829. Acquise par le général Gourgaud, elle entra dans les collections du musée de la Marine en 1844. Le bâtiment a été, lui, détruit en 1850 à Toulon.

Karine Huguenaud
juin 2004

Date :
1805
Technique :
noyer, ébène, buis, laiton, fibres végétales
Lieux de conservation :
Musée national de la Marine
Crédits :
© Musée national de la Marine / P. Dantec
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