BERTRAND, Henri Gatien (1773-1844), comte et général, grand maréchal du Palais

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BERTRAND, Henri Gatien (1773-1844), comte et général, grand maréchal du Palais

Le brillant mathématicien du génie militaire

Né le 22 mars 1773, Henri Gatien Bertrand était le fils d’un maître particulier des eaux et forêts, subdélégué de l’intendance de Bourges et petit-fils d’un inspecteur général des Ponts et Chaussées. Il fut admis en 1782 au collège royal de La Flèche où il choisit le génie militaire. Il fut reçu premier au concours de l’École royale du génie de Mézières en 1793 et il revint lieutenant du siège de Maëstricht. Le 2 janvier 1795, il participa à la fondation de l’École polytechnique où il remplaça pendant un an Monge. Il n’avait que 22 ans à l’époque.
ces grandes capacités en mathématiques, en particulier en géométrie, furent très vite remarquées lors des débuts de sa carrière militaire. Le général Bonaparte fut particulièrement attentif à ses observations au point d’en modifier ses plans dans son siège de la forteresse d’Opezzo en 1797. À partir de là, Bertrand connut une carrière ininterrompue au service de Bonaparte puis de Napoléon Ier.

Reconnaissance, fortifications et travaux

De la campagne d’Égypte dont il revint colonel, après avoir été deux fois blessé, il devint sous-directeur des fortification dès 1800 et acquit le grade de général de brigade. Chevalier de la Légion d’honneur en 1803 et commandeur dès 1804, il accompagna Napoléon qui en avait fait son aide de camp pour son couronnement en Italie en 1805.
De 1805 à 1808, il se vit confier toutes sortes de missions de reconnaissance du terrain par l’Empereur en vue de ses campagnes contre la Prusse, l’Autriche et la Russie. Il fut présent lors des plus grandes batailles, d’Iéna à Friedland. il dirigea la construction du radeau de l’entrevue de Tilsit.
Nommé comte d’empire le 19 mars 1808, il épousa la même année Fanny Dillon, fille d’Arthur Dillon et descendante de grandes familles irlandaises et britanniques, avec le consentement de Napoléon Ier. En 1809, Bertrand commandait le génie des armées d’Allemagne. Il assura dans ces fonctions la construction, entre autres, du pont monumental sur le Danube qui permit à l’empereur des Français de franchir les territoires ennemis malgré cet obstacle naturel majeur. Il fut nommé le 14 août 1809 Grand-aigle pour avoir accompli ces travaux. Poursuivant ses reconnaissances dans les nouveaux territoires acquis par l’Empire grâce au traité de Vienne, il fut nommé en 1811 gouverneur des Provinces illyriennes après un séjour à Bruxelles. Il y organisé une administration carrée et brillante.

Vers la chute

La campagne d’Allemagne le vit s’illustrer brillamment pour permettre la difficile retraite de la Grande Armée après la débâcle de la campagne de Russie. Il s’illustra comme tête de colonne dans un premier temps lors du début de la campagne en rétablissant les ponts brûlés de Frohbourg et en forçant le passage sur la Spree, puis dans la phase la plus difficile, au moment de la grande poursuite, en sauvant digues et ponts de Wartembourg tout en tenant tête à la fois contre les bateaux de Bernadotte et contre l’armée de Silésie. Il permit d’ouvrir la voie au retour des armées napoléoniennes lors du retour en France.
Nommé, le 18 novembre 1813, grand maréchal du Palais après le décès de Duroc, Bertrand ne quitta plus l’Empereur et accompagna chacun de ses mouvements lors de la campagne de France de 1814 jusqu’aux adieux de Fontainebleau. Il partit dans le premier exil à Elbe bientôt suivi de sa femme et de ses enfants. Il suivit tout naturellement également l’épopée des Cent-Jours et Napoléon le choisit pour lui dicter sa proclamation du 1er mars 1815. Il s’opposa cependant à l’éviction de l’amnistie de treize noms dans le décret de Lyon. À l’échec du retour des Cent-Jours, il demanda à suivre Napoléon dans son exil. C’est encore à Bertrand que Napoléon dictera sa lettre au Prince Régent demandant le droit d’asile à la Grande-Bretagne, le 13 juillet 1815…

À Sainte-Hélène

Soucieux de préserver sa vie de famille, Bertrand se tint plus éloigné que les autres compagnons d’exil de Napoléon, se logeant à l’extrémité de l’enceinte de Longwood. Il fut pourtant choisi comme messager et intermédiaire avec les britanniques sur l’île. Et ce fut à lui que Napoléon dicta ses mémoires des Lettres du Cap et de La campagne d’Égypte. La santé de son épouse se dégradant et la naissance d’un cinquième enfant (dont un dernier bébé mort très jeune) le poussèrent à demander à Napoléon de rentrer en Europe, ce que l’empereur déchu refusa toujours. Le couple Bertrand tomba en demi-disgrâce si bien que l’honneur d’être l’exécuteur testamentaire de Napoléon échut à Montholon.

De retour en octobre 1821 en France, Bertrand avait pu ramener avec lui ses propres notes quotidiennes de ses Cahiers de Sainte-Hélène où il consigna pendant six ans les faits et gestes de Napoléon. Après son retour, il mena une vie retiré à Châteauroux, sa ville natale. Nommé commandant de l’École polytechnique par Louis-Philippe en 1830, député de l’Indre en 1831, ses positions furent libérales (défense de la liberté de la presse, abolition de l’esclavage, …). En 1840, il fut chargé de placer l’épée d’Austerlitz sur le cercueil de l’Empereur. Après son décès le 31 janvier 1844, sa dépouille fut placée trois ans plus tard aux Invalides, au seuil du tombeau de Napoléon Ier.

M. B.
D’après la notice de Suzanne de la Vaissière-Orfila, dans le Dictionnaire Napoléon, sous la dir. de Jean Tulard, éd. Fayard, 1999

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