DUROC, Géraud-Christophe-Michel, général (1772-1813), grand maréchal du Palais

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DUROC, Géraud-Christophe-Michel, général (1772-1813), grand maréchal du Palais
DUROC, par Antoine-Jean GROS © Gérard Blot, RMN

De la révolution au Consulat : premières armes

Né à Pont-à-Mousson en 1772, Géraud-Christophe Michel du Roc entreprend une carrière militaire comme cadet au début de 1789.
Promu lieutenant d’artillerie en 1792, il ne rencontre pas Bonaparte lors du siège de Toulon, comme le colporte la légende puisqu’il arrive trop tard sur place. Il sert en revanche dans l’armée d’Italie jusqu’en 1798, notamment sous les ordres d’Andreossy dans le corps des pontonniers, se distinguant à Primolano (4 septembre 1796). Il devient alors aide de camp du général Bonaparte.

Premières missions diplomatiques

En 1798-1799, il est en Égypte où il combat à Salahieh, puis Jaffa et Saint-Jean-d’Acre où il est blessé. Rentré en France avec Bonaparte, il participe au coup d’État de Brumaire et devient premier aide de camp du Premier Consul.

Il effectue alors des missions diplomatiques à Berlin et à Bâle, ce qui ne l’empêche pas de combattre à Marengo en 1800. D’autres missions suivent à Vienne, Saint-Pétersbourg et Copenhague. Il est promu général de brigade en octobre 1801, général de division deux ans plus tard et grand maréchal du Palais en 1805.

Grand maréchal du Palais, puis duc de Frioul mais de toutes les grandes batailles

De 1805 à 1807, il sert dans la Grande Armée en Autriche, en Prusse et en Pologne. À Austerlitz, il prend provisoirement la tête de la division des grenadiers Oudinot et négocie ensuite le Traité de Schönbrunn avec la Prusse.

Il est grièvement blessé dans un accident de voiture en Pologne à la fin de 1806 mais se rétablit à temps pour pouvoir apporter au Tsar, après Friedland, les propositions d’armistice (juin 1807). En mai suivant, il est fait duc de Frioul.

Il obtient à Bayonne, en 1808, l’abdication du roi d’Espagne puis accompagne Napoléon à Erfurt et, plus tard, en Espagne. Il est encore avec l’Empereur lors de la campagne de 1809 en allemagne, combat à Essling et à Wagram et négocie l’armistice de Znaïm (12 juillet 1809).

Il participe aux campagnes de Russie (1812) et de Saxe (1813), combat à Lützen et à Bautzen.

La mort de Duroc

Blessé par un boulet de canon près de Görlitz, en Silésie, le 22 mai 1813, il survit assez longtemps à sa blessure pour recevoir la visite de Napoléon. L’Empereur appréciait beaucoup ce subordonné loyal et efficace, négociateur compétent, et militaire de grande valeur.

Le Moniteur du 30 mai 1813 fait le récit suivant de son décès : « Le soir de la journée du 22 à sept heures, le grand maréchal duc de Frioul, étant sur une petite éminence à causer avec le duc de Trévise et le général Kirgener, tous les trois pieds à terre et assez éloignés du feu, un des derniers boulets de l’ennemi rasa de près le duc de Trévise, ouvrit le bas-ventre au grand maréchal, et jeta roide mort le général Kirgener. Le duc de Frioul se sentit aussitôt frappé à mort ; il expira douze heures après. – Dès que les postes furent placés et que l’armée eut pris ses bivouacs, l’EMPEREUR alla voir le duc de Frioul. Il le trouva avec toute sa connaissance, et montrant le plus grand sang-froid. Le duc serra la main de l’EMPEREUR, qu’il porta sur ses lèvres. Toute ma vie, lui dit-il, a été consacrée à votre service, et je ne la regrette que par l’utilité dont elle pouvait vous être encore ! Duroc,  lui dit l’Empereur, il est une autre vie ! C’est là que vous irez m’attendre, et que nous nous retrouverons un jour ! – Oui, sire ; mais ce sera dans 30 ans, quand vous aurez triomphé de vos ennemis et réalisé toutes les espérances de notre patrie….. J’ai vécu en honnête homme ; je ne me reproche rien. Je laisse une fille, votre Majesté lui servira de père. L’EMPEREUR, serrant de la main droite le grand maréchal, resta un quart-d’heure la tête appuyé sur sa main gauche dans le plus profond silence. Le grand maréchal rompit le premier silence : Ah sire ! Allez-vous en ! Ce spectacle vous peine ! L’EMPEREUR, s’appuyant sur le duc de Dalmate et sur le grand écuyer, quitta le duc de Frioul sans pouvoir lui dire autre chose que ces mots, Adieu, donc, mon ami ! Sa majesté rentra dans sa tente, et ne reçut personne pendant toute la nuit. »

Article originel de Jacques Garnier du Dictionnaire Napoléon, dirigé par Jean Tulard, Editions Fayard, 1999 ; corrigé sur les précieuses indications de Danielle Meyrueix, biographe de Duroc.

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