BONAPARTE, Louis, (1778-1846), roi de Hollande, comte de Saint-Leu

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BONAPARTE, Louis, (1778-1846), roi de Hollande, comte de Saint-Leu
Portrait de Louis Bonaparte par Charles Howard Hodges

Né à Ajaccio le 4 septembre 1778, Louis était le quatrième fils de Charles Buonaparte et de Letizia Ramolino.

Élevé par son frère Napoléon, il en fut l’aide de camp en Italie et en Égypte. Il quitta ce pays le 14 mars 1799 pour remettre au Directoire des dépêches de son frère. Après Brumaire, il fut envoyé comme ambassadeur en Russie, mais l’assassinat de Paul Ier remit en cause sa mission et il resta un an à Berlin. Devenu colonel de dragons, puis général de brigade, il dut, sur ordre, et à la suite d’une manœuvre de Joséphine, soucieuse d’unir davantage les deux familles, épouser le 4 janvier 1802 Hortense de Beauharnais, fille de sa belle-sœur. Il n’éprouvait en réalité aucun attrait pour elle, souffrant d’une maladie vénérienne attrapée en Italie et d’une neurasthénie pathologique qui se transforma en maladie de la persécution.

Le couple, mal assorti, eut néanmoins trois enfants : Napoléon-Louis-Charles (1802-1807), Napoléon-Louis (1804-1831, grand-duc de Berg, marié à une fille de Joseph et qui mourut en Italie), et enfin Louis-Napoléon, futur Napoléon III. C’est à propos de ce dernier que l’on parla de naissance illégitime. Les deux époux étaient brouillés mais connurent un rapprochement passager d’où naquit le futur Empereur. En fait, Hortense trompa Louis avec notamment Flahaut, dont elle eut le duc de Morny. De son côté, Louis fut lui aussi un époux infidèle.

Lors de l’établissement de l’Empire, Louis devient grand connétable, puis, un moment, gouverneur général du Piémont.

En 1806, il est fait général en chef de l’armée du Nord. Le 5 juin, il est proclamé roi de Hollande. Son royaume souffrait particulièrement du Blocus continental qui avait été institué par le décret de Berlin. Amsterdam avait avec l’Angleterre des échanges constants qu’on ne pouvait ainsi brutalement interrompre. « Empêchez donc la peau de transpirer ! », s’exclamait l’infortuné souverain pour expliquer son impuissance à faire respecter le Blocus. De surcroît se posait à lui un grave problème : fallait-il sacrifier les intérêts de son royaume à la politique générale de l’Empire ? Très vite, il dut se rendre compte qu’il n’avait aucune autonomie. Il désirait se faire couronner : Napoléon s’y opposa. Il voulut créer un ordre de chevalerie : même refus. Des reproches, en revanche, pour l’aide insuffisante de la Hollande lors de la campagne de 1806. « Vous gouvernez trop cette nation en capucin ! » lui écrivit son frère. La tentative des Anglais à Walcheren aggrava le conflit. Si la Hollande ne bougea pas, Louis avait dû dégarnir son royaume pour se porter avec 8 000 hommes entre Zandvliet et Anvers. Vives critiques de Napoléon. Le 16 mars 1810, Louis doit céder à l’Empereur, sans compensations, le territoire situé au sud du Rhin. L’échec des négociations de paix entreprises à Londres par l’intermédiaire d’Ouvrard, et dont Fouché est l’inspirateur, accable Louis auquel Napoléon écrit : « Tout le monde sait que, hors de moi, vous n’êtes rien ! »

À bout de nerfs, Louis s’enfuit en Bohême le 2 juillet. Le 6, Napoléon apprend la nouvelle ; le 8, Lebrun est nommé lieutenant général et, le 9, un décret réunit la Hollande à la France. Louis écrit à sa mère des bains de Toeplitz, le 7 août 1810 : « Je suis aussi bien que possible et hors des affaires pour n’y jamais rentrer, je vous en réponds bien. » À Rome, en 1814, il refuse un siège à la Chambre des pairs lors des Cent-Jours. Le procès qu’il eut à soutenir contre la reine Hortense renforça sa misanthropie. Il se consacra alors aux lettres: il avait déjà publié Marie ou les peines de l’amour ; il s’attacha à justifier son passage en Hollande dans Documents historiques sur le gouvernement de Hollande (1820). Il écrivit aussi un Essai sur la versification (1825) et des poésies (1828). Il semble avoir été aussi piètre écrivain que médiocre souverain, écrasé par la personnalité de ce frère qui l’avait élevé.

Jean Tulard

Source : Dictionnaire Napoléon, Paris : Éditions Fayard, 1997
Avec l’aimable autorisation des Éditions Fayard

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