MOREAU, Jean-Victor, (1763-1813), général

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" Moreau ne connaissait pas le prix du temps ; il passait toujours le lendemain d'une bataille dans une fâcheuse indécision ", Napoléon à Sainte-Hélène s'adressant à Gourgaud, en 1817.
MOREAU, Jean-Victor, (1763-1813), général

Biographie

Né à Morlaix (en Bretagne) le 14 février 1763, il meurt à Lahn, (en Bohème) le 2 septembre 1813
Il épouse Mademoiselle Hulot le 9 novembre 1800
Fils d'un avocat breton, Moreau étudie lui-même le droit (à Rennes)
Forme une compagnie de canonniers de la garde nationale à Rennes et en devient le capitaine en 1789
Lieutenant-Colonel du 1er Bataillon de volontaires d'Ille-et-Vilaine, le 11 septembre 1791
Avec Champmorin, il prend le fort de Stephenswerth en Belgique le 9 février 1793 et se distingue à Neerwinden le 18 mars
Nommé Général de Brigade à titre provisoire le 20 décembre 1793
Il rejoint Pichegru, commandant de l'Armée du Nord, en étant promu Général de Division chargé de commander la 2e division de l'Armée du Nord à Cassel, le 14 avril 1794
Succède à Pichegru à la tête de l'Armée du Nord, le 3 mars 1795
Quitte l'Armée du Nord pour remplacer Pichegru à la tête de l'Armée du Rhin-et-Moselle, le 14 mars 1796
Campagne contre l'Archiduc Charles
Victoires à Kehl, Rastadt, Ettlingen, Neresheim, il atteint Munich et l'occupe en août 1796
Retraite mesurée faisant suite à la défaite de Jourdan, le 11 septembre 1796
Au début de la paix de Leoben, s'empare de l'équipage de Klinglin et avec lui des lettres de Pichegru aux autrichiens, le 24 avril 1797
Envoie ces lettres au Directoire le 5 septembre 1797
Rappelé à Paris le 2 septembre, il y arrive le 14 septembre
 » Mis en réforme  » le 23 septembre
Commandant de 3 divisions de l'Armée d'Italie sous les ordres de Schérer à Pastrengo (le 26 mars 1799), à Magnano (le 5 avril)
Remplace Schérer comme Commandant de l'Armée d'Italie, le 21 avril
Vaincu à Cassano d'Adda, vainqueur à San Giuliano
Prend le commandement de l'Armée d'Italie à la mort de Joubert à la bataille de Novi, le 15 août 1797
Démissionne du commandement des forces italiennes le 21 septembre et rentre le 9 octobre à Paris, où il rencontre Bonaparte (le 22 octobre)
Joue un petit rôle dans le coup d'Etat de Brumaire, en gardant les Directeurs Gohier et Moulin en résidence surveillée au Palais du Luxembourg
Bonaparte le nomme alors Commandant en chef interarmées des Armées du Rhin et d'Helvétie, le 23 novembre 1799
Victoires sur Kray à Engen, Messkirch, Biberach et Höchstädt (mai et juin 1800)
Victoire à Hohenlinden sur l'Archiduc Charles, le 3 décembre 1800
Poursuit les autrichiens jusqu'à Steyer (à 170 kms de Vienne) où un armistice est signé, le 25 décembre 1800
Membre de la Légion d'Honneur, le 10 décembre 1803
S'oppose à Bonaparte, entre en relation avec Pichegru qui complote pour renverser le Premier Consul. Après l'avoir rencontré à Paris, Moreau accepte l'idée de renverser Bonaparte mais se refuse à servir les Bourbons
Arrêté le 15 février 1804 avec Cadoudal et Pichegru, et emprisonné au Temple
Se voit infliger une peine de 2 ans de prison, le 10 juin
Fait appel et obtient la permission de s'exiler aux Etats-Unis
S'installe à Morrisville, en Pennsylvanie, sur le fleuve Delaware
Rappelé en Europe par le Tsar, il débarque à Gothenburg (en Suède) le 26 juillet 1813
Arrive à Prague, le 17 août 1813, rencontre les alliés et participe à leur offensive contre Dresde
Un boulet de canon emporte sa jambe droite à la bataille de Dresde le 27 août 1813
Emmené à Lahn, il succombe à ses blessures. Il est enterré dans une église catholique de
Saint-Petersbourg

Moreau souvent en conflit avec Napoléon

Dans un premier temps Napoléon essaie de l'attirer dans sa sphère d'influence, comme il l'a déjà fait avec ses autres généraux. Moreau représente alors une menace dans la mesure où sa victoire militaire à Hohenlinden (nombre important de prisonniers et grande efficacité dans la stratégie), est une réussite bien plus grande que Marengo. Mais c'est peut-être la prudence (et finalement l'absence d'une ambition trop forte) qui lui font rater sa chance alors qu'il peut envahir Vienne en 1800. Plus qu'un véritable désir de voir revenir les Bourbons, l'engagement de Moreau auprès de Pichegru et de Cadoudal semble plutôt venir de sa profonde animosité pour Bonaparte : en fait, des années avant que leur impossibilité d'entente ne devienne une évidence, Moreau ridiculise ouvertement le Concordat, la Légion d'Honneur, le Consulat, refuse d'épouser Hortense de Beauharnais, la belle-fille de Bonaparte, mais se marie avec Mademoiselle Hulot (dont la famille créole déteste celle de Joséphine). Mais contrairement à ce qu'il parvient à faire avec le Duc d'Enghien, Napoléon est incapable de se débarrasser de Moreau. Au cours du procès de Cadoudal, de Pichegru et de Moreau, Napoléon ne peut obtenir le résultat qu'il souhaite, apparemment surtout par manque de preuve solide mais aussi en raison de l'énorme popularité de Moreau. En fait, on raconte que le Général Lecourbe emmena le fils de Moreau au procès et qu'au beau milieu de la séance, il se leva en disant  » Soldats, voici le fils de votre général « , à qui tous les militaires de l'assemblée présentèrent les armes. Lors du premier vote dans ce procès, Moreau est acquitté par le vote de sept juges contre cinq. Thuriot, juge et  » instructeur « , exige la peine de mort, déclarant que comme cette affaire est d'ordre politique, des mesures extrêmes s'imposent pour éviter un coup d'état,. Lors du deuxième vote, un compromis de deux ans de prison est atteint par une majorité de 8 votes. L'on dit Bonaparte furieux, il demande l'exil de Moreau. Après une apparente retraite ( » J'y mène une vie très monotone, mais très tranquille  » écrit le Général à son frère Joseph Moreau le 17 novembre 1806, alors qu'il se trouve à Philadelphie en Pennsylvanie), Moreau est rappelé au combat en Europe par le Tsar. Mais blessé à la bataille de Dresde, il meurt peu de temps après de ses blessures.

Bibliographie

– Garçot, M., Le Duel Moreau-Napoléon, Paris, Nouvelles Éditions latines [1951]
– Savinel, P., Moreau, rival républicain de Bonaparte, Rennes : Ouest France, 1986

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