Novembre 2010, Bilan d’étape de la publication de la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte

Auteur(s) : HOUDECEK François
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Un an et quelques mois après la sortie du volume 6, le volume 7 de la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte est finalement disponible en librairie. Codirigé par Michel Kerautret et Gabriel Madec, ce nouvel opus s'intitule Tilsit, l'apogée de l'Empire et regroupe 3 020 lettres portant sur la seule année 1807. Ce volume aurait dû voir le jour au printemps 2010, mais pour des raisons indépendantes de notre volonté, cette sortie a été repoussée à l'automne par notre partenaire éditorial, Fayard. Si le temps peut paraître long entre chaque volume, nous oeuvrons de notre mieux pour que les différents opus voient le jour dans les meilleurs délais. Tous les acteurs sont mobilisés dans ce sens, depuis les directeurs de volumes, aux Membres correspondants en passant par l'équipe de la Fondation Napoléon.

Un petit tour d'horizon de l'avancée du travail s'impose.

L'année 2010 aura vu une avancée décisive dans la collecte des lettres, grâce à la participation de plusieurs centres d'archives russes. Parmi les institutions moscovites qui nous ont communiqués des documents, il faut souligner l'apport fondamental des Archives diplomatiques de la Russie impériale (AVPRI) à Moscou. Réputé difficile d'accès, ce centre a mis à la disposition de la Fondation Napoléon la totalité des lettres échangées entre les deux Empereurs. Si le nombre n'est pas exceptionnel, une cinquantaine de documents pour la période, leur importance est capitale pour l'histoire des relations internationales du Premier Empire. Communiquées en leurs temps à la Commission du Second Empire, restées inaccessibles depuis, ces lettres avaient, pour une bonne part, été publiées par Napoléon III avec des variantes plus ou moins importantes. Au fur et à mesure, les textes originaux seront rétablis. De même, si les lettres avaient été parfois intégrées à la publication en urgence (voir les pages 498 et suivantes, du volume 16 de la Correspondance), en revanche, les pièces jointes qui les accompagnaient étaient souvent restées dans les cartons de la Commission. Nous les publierons à la suite de chacune des missives impériales complétant ainsi les propos de Napoléon. Avec ces apports, la Russie tient désormais la place qu'elle devait dans la longue liste des centres d'archives français et étrangers qui ont participés, et participent encore, à notre vaste entreprise. Que les différentes personnes qui ont contribué à ce succès, notamment Mme Mireille Musso, en soient ici grandement remerciées.
 
2010 sera également l'année où le travail d'intégration des lettres dans la base de données de la Fondation arrivera à son terme. Nous comptons pour l'heure 40 713 missives alors qu'il ne nous reste plus que les deux derniers mois de 1813 à intégrer. Au terme de ce travail de fourmis, nous dépasserons les 41 000 documents, chiffre bien supérieur aux estimations que nous avions établies en 2002 lors du lancement des opérations. 1811 avec ces 4 382 lettres, préparation de la Campagne de Russie oblige, avait déjà été une surprise de taille. 1813 est l'année de tous les records pour l'activité épistolaire de Napoléon. Si en 1813 l'Empire amorça sa contraction et vit la chute progressive du système napoléonien, l'activité de Napoléon ne connut pas de pause. Il reprit à son compte la gestion du moindre détail donnant ainsi lieu à une débauche de lettres qui passèrent par les mains des secrétaires impériaux et véhiculèrent ordres et instructions en tous genres. En janvier, il fallut d'abord reconstituer l'armée engloutie dans les neiges de Russie et préparer la campagne de printemps. En juin, l'armistice n'était que tactique et la réorganisation de l'armée en prévision de la campagne d'automne occupa l'essentiel de la correspondance napoléonienne. En parallèle, il fallut gérer les affaires courantes de l'Empire : finances, police, etc. Napoléon passa en tout un plus de six mois hors de France ce qui explique en grande partie cette explosion d'activités, mais avant tout cet emballement est à lui seul symptomatique de cette phase de l'histoire napoléonienne. Pour l'heure, nous comptabilisons 5 490 lettres pour cette seule année, après le traitement des deux derniers mois ce chiffre aura encore augmenté n'en doutons pas.
 
Cet immense travail de saisie n'aurait jamais pu être réalisé sans les Membres correspondants qui ont été et restent un maillon essentiel de l'édition de la Correspondance, nous ne le dirons jamais assez. Si les effectifs tentent à baisser, plusieurs nous ont quittés par obligation de santé, tous restent motivés comme aux premières heures du projet. À notre plus grande satisfaction, 2010 aura été dans la continuité pour cet aspect du travail.

Le travail de saisie s'achevant, d'autres tâches s'ouvrent à nous. Notamment, celle de mener à bien la publication des prochains volumes. 1808 devrait voir le jour en 2011, déjà Gabriel Madec en a achevé l'annotation et le manuscrit se prépare. En revanche 2012, bicentenaire oblige, sera l'année de publication de 1812, bouleversant ainsi l'ordre chronologique des parutions. Dirigé par Thierry Lentz, ce volume apportera un regard nouveau sur la campagne de Russie tant les apports sont importants : 60 % de lettres en plus par rapport à l'édition précédente. Mais n'anticipons pas, d'autant que ce volume recèlera bien d'autres choses. Les commémorations passées, nous reprendrons le cours de nos publications et Patrice Gueniffey a déjà bien avancé sur le volume couvrant l'année 1809 qui sera publié dans la foulée.
À peine au milieu du guet, une longue route est encore à parcourir, mais nous y travaillons.


Pour tout savoir sur l'édition de la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte

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