Musée d’histoire de la Médecine – Paris

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Musée d’histoire de la Médecine – Paris

De 1769 à 1775, l’architecte Gondoin bâtit un édifice néoclassique dans l’ancienne rue des Cordeliers pour abriter le Collège et l’Académie de Chirurgie. Sa rivale, la Faculté de Médecine, se situait au six rue de la Bûcherie. Après la suppression des académies et la fermeture des facultés en 1793, la nécessité de rétablir et de réformer l’enseignement de la médecine devint urgente. Antoine Fourcroy présenta à la Convention un projet de loi qui fut adopté le 4 décembre 1794 : trois écoles de Santé étaient créées à Paris, Montpellier et Strasbourg. Installée dans l’ancien collège de Chirurgie, l’école de Paris fut successivement dénommée Ecole centrale de Santé, Ecole de Médecine avant de retrouver son titre de Faculté de Médecine en 1808.

La partie la plus ancienne de la construction est toujours visible : quatre rangées de colonnes ioniques longent la rue de l’Ecole de Médecine et précèdent une harmonieuse cour où un péristyle corinthien annonce le grand amphithéâtre.

Ces vastes bâtiments remaniés et agrandis par Ginain de 1878 à 1900 abritent aujourd’hui le siège administratif de l’Université René Descartes Paris V, la bibliothèque et les archives de la Faculté ainsi que le musée d’Histoire de la Médecine. Ouvert en 1954, ce petit musée a pour but de présenter suivant un parcours chronologique et thématique l’histoire de la Médecine et de la Chirurgie depuis l’Antiquité jusqu’au XXe siècle.

Les collections sont riches de plus de 1500 instruments anciens. La fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle sont illustrés par des coffrets de trépanation, par une trousse de médecin des armées françaises retrouvée sur le champ de bataille de Waterloo et des trousses de chirurgien. Un buste en marbre de Chaudet exécuté par Cartellier représente Antoine-François Fourcroy (1755-1809). Sa loi sur l’enseignement qui visait surtout à former les « Elèves de la Patrie », c’est à dire les médecins et les chirurgiens militaires, fit une place importante à l’enseignement clinique et institua de nouveaux principes : fusion de la chirurgie et de la médecine, le choix entre les deux disciplines ne se faisant qu’au terme d’un tronc commun d’études ; développement d’un enseignement pratique visuel et manuel ( « Peu lire, beaucoup faire et beaucoup voir » disait Fourcroy) ; sélection par le concours pour les élèves et les professeurs ; établissement d’un diplôme à valeur universelle. Cette conception nouvelle basée sur une pratique rationnelle de la médecine sera largement illustrée par Corvisart (1755-1821) titulaire de la chaire de clinique interne et nommé Médecin du Gouvernement par Bonaparte en 1801 avant de devenir Médecin de l’Empereur après le Sacre.

Le musée d’Histoire de la Médecine conserve deux pièces rares. L’une, particulièrement impressionnante, est la trousse du Dr Antommarchi ayant servi pour l’autopsie de Napoléon à Sainte-Hélène (elle fut offerte au doyen Orfila en 1837) ; l’autre est un mannequin de Felice Fontana destiné à l’enseignement de l’anatomie. En 1796, lors de la Première Campagne d’Italie, Bonaparte commanda à Fontana, directeur du cabinet d’Histoire naturelle du grand Duc de Toscane Léopold II, un mannequin anatomique en bois pour l’Ecole de Santé de Paris. Réalisé en 1799, il se compose de plusieurs centaines de pièces de bois de peuplier dont celles figurant les muscles et les organes sont toutes démontables. A cette occasion, Bonaparte fit également acheter par le Directoire une quarantaine de cires anatomiques aujourd’hui placées à la Faculté de Montpellier. Napoléon songea même à la création d’une école française de cires anatomiques. Un décret de 1806 pris à Saint-Cloud institua cette école à Rouen.

Les spécialisations de la chirurgie et de la médecine au XIXe siècle sont passées en revue : la chirurgie des voies urinaires, la lithotritie et l’urologie ; la gynécologie-obstétrique ; les maladies de l’oreille, des fosses nasales et du larynx ; les maladies des yeux ; l’anatomie chirurgicale et la médecine opératoire brillamment perfectionnées par Xavier Bichat (1771-1802) et Théophile Laennec (1781-1826), le célèbre inventeur du stéthoscope ; la cardiologie ; la neurologie, etc.

Karine Huguenaud, Màj Marie de Bruchard, avril 2019

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