La saga des Gourgaud, de Yerres à la Fondation Napoléon, 1857–2019

Auteur(s) : MACÉ Jacques
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À Yerres, dans l’Essonne, non loin du château de Grosbois – demeure de Fouché, de Moreau, puis de Berthier et des princes de Wagram – se dresse un château de pur style Louis XIII aujourd’hui nommé Hostellerie-Château du Maréchal de Saxe, mais que la population locale continue à appeler le ‘‘Château des Gourgaud’’. Et il est parfois un peu difficile de lui faire admettre que le général Gourgaud, compagnon d’exil de Napoléon à Sainte-Hélène n’y a jamais mis les pieds, mais seulement ses descendants et ce pendant quatre générations.

La saga des Gourgaud, de Yerres à la Fondation Napoléon, 1857–2019
L'Empereur à Sainte-Hélène dictant ses mémoires au général Gourgaud
© Collection privée

Gaspard Gourgaud

Polytechnicien, officier d’artillerie, officier d’ordonnance puis Premier officier d’ordonnance avant de devenir l’un des Quatre Evangélistes de Sainte-Hélène, Gaspard Gourgaud est toujours célibataire à son arrivée à Longwood, à la différence de ses collègues Bertrand et Montholon. En 1812, sa mère et la mère de la jeune fille avaient bien organisé ses fiançailles avec Marthe Roederer, fille du puissant conseiller d’Etat Pierre-Louis Roederer. Mais ce dernier n’avait pas trouvé la situation du jeune homme assez brillante et s’était opposé au mariage. La jeune fille, bien qu’éprise, s’était inclinée.

Outre la détention et l’insularité, le célibat pesa lourd sur l’état d’esprit de Gourgaud à Longwood House. Il explique en partie ses démêlés avec ses compagnons et son départ en février 1818. Notre général tentait bien de séduire les jeunes anglaises en escale sur l’île, déboutonnant sa chemise pour leur montrer le médaillon contenant les portraits de sa mère et de sa sœur qui avait trempé dans les eaux de la Bérézina quand il avait franchi le fleuve à cheval pour reconnaitre la rive opposée avant la construction des ponts. Mais sans succès.

Quand Gaspard Gourgaud revient enfin à Paris en 1821, Marthe est toujours célibataire. Ils renouent et se marient en 1822. Marthe Gourgaud décède 13 mois plus tard, à 39 ans (3 fois 13), le 26 mars (2 fois 13), en donnant naissance à un fils pesant 13 livres. Gourgaud ne se remariera pas[1], reportant son affection sur ce fils unique prénommé Louis-Marie-Napoléon-Hélène (les autorités ont refusé d’inscrire à l’état-civil Napoléon-Sainte-Hélène, qui furent néanmoins les prénoms du baptême).

Napoléon-Hélène (1823-1879), deuxième baron Gourgaud

A la mort de son père en 1852, Napoléon-Hélène est encore célibataire. Mais quatre ans plus tard, le 15 janvier 1857, Il épouse Catherine Melin Du Taillis, fille du comte Amédée Melin Du Taillis, lui-même fils adoptif du général Ramon Du Taillis (1760 -1851). Présentons ce dernier.

Amable Ramon du Bosc, de petite noblesse, est élève du génie à la veille de la Révolution. Il participe aux campagnes de 1792-1793 sous les ordres de Dumouriez et à la Première Campagne d’Italie sous les ordres du général Bonaparte, à la Seconde Campagne d’Italie et est nommé général de brigade en 1803. Puis ce sont les campagnes de la Grande Armée en tant que chef d’état-major du maréchal Ney, jusqu’au 16 juin 1807 où il a le bras droit emporté par un boulet de canon. Il survit, est promu comte Du Taillis et, lors de la campagne de Russie, est nommé gouverneur de Varsovie, puis de la citadelle de Torgau où il résiste jusqu’au 2 janvier 1814 avant d’être fait prisonnier par les Russes. Il est Pair de France sous la Monarchie de Juillet.

Il a épousé en 1810 Anne Jacqueline Boscary (1779-1841), veuve depuis 1806 d’un monsieur Melin, propriétaire de vastes forêts, de haut-fourneaux et de fonderies dans la région de Gray en Haute-Saône, et dont elle a un fils, Amédée, qui est adopté par le général et qui devient donc en 1851 comte Amédée Melin Du Taillis (1800-1870). Par sa mère, d’une famille d’agents de change parisiens, celui-ci est devenu en 1830 propriétaire du château de La Grange-du-Milieu et d’un domaine de quatre cents hectares, à Yerres en Seine-et-Oise.

Aussi bien sous la Monarchie de Juillet que sous le Second Empire (de 1841 à 1858), Amédée Melin Du Taillis est maire d’Yerres, nommé par le préfet de Seine-et-Oise. Il épouse Honorine Thècle Baudelot (1804-1875), fille unique d’un agent de change parisien. Il fait construire à Neuville-lez-la-Charité en Haute-Saône un imposant château néo-classique (dit La Charité) et le couple acquiert un hôtel particulier à Paris, à l’angle du Rond-Point des Champs-Elysées et de l’avenue d’Antin (aujourd’hui avenue Franklin-Roosevelt). Ils n’ont qu’une fille, Alexandrine-Victoire-Catherine Melin Ramon Du Taillis (1836-1915), héritière potentielle des fortunes Boscary, Melin, Baudelot, Du Taillis, et en particulier du château de La Grange. Un beau parti !

On peut donc dire qu’en l’épousant  Napoléon-Hélène Gourgaud suit le conseil de son père qui avait écrit : « Si la fortune n’est pas ce que l’on doit chercher seulement dans une femme, au moins elle est un accessoire tellement nécessaire que sans elle c’est en vain que l’on cherche le bonheur dans le mariage ». Le jeune couple s’établit au château de la Grange  qui entre ainsi dans le souvenir de l’épopée impériale. Il va  y rester jusqu’à la fin du XXe siècle. Le second baron Gourgaud succède à son beau-père à la mairie de Yerres et restera maire jusqu’en 1874, également conseiller général de la Haute-Saône. Il  abandonne bientôt son poste  d’auditeur au  Conseil d’Etat pour se consacrer à la gestion des biens familiaux, commençant à décorer le château de La Grange, propriété de son épouse Catherine, d’objets d’art et de souvenirs du Premier Empire.

Aparté – Le Château de La Grange

La ferme-fortifiée située au lieu-dit La Grange-du-Milieu est remplacée en 1617 par un château en pierre et brique, propriété de Charles Duret de Chevry, intendant des finances du roi Louis XIII. En 1721, Nicolas Gaudion en fait décorer les salons par l’architecte Oppenord.

Au cours des guerres de Succession de Pologne (1734-1735) et de Succession d’Autriche (1740-1748), Maurice de Saxe (1696-1750), fils naturel de Frédéric-Auguste de Saxe, roi de Pologne, entré au service du roi de France, s’illustre aux batailles de Fontenoy (11 mai 1745), de Raucoux en 1746 et de Lawfeld en 1747. Et lui ne s’est pas battu pour le Roi de Prusse puisque, outre le titre de maréchal de France, Louis XV lui offre le château de Chambord et une forte indemnité qui lui permet d’acquérir en 1748 le château de La Grange, pour avoir un pied-à-terre plus proche de Paris.

Le Maréchal de Saxe transforme le château en supprimant son escalier central pour construire une majestueuse galerie, décorée de pilastres et chapiteaux encadrant les trophées de ses victoires. Il ne verra d’ailleurs pas achevée la Grande Galerie de La Grange car il meurt à Chambord dès le 30 novembre 1750. La famille Boscary acquiert le château en 1805.


Honoré-Gaspard-Napoléon (1857-1918), troisième baron Gourgaud

Napoléon-Hélène et Catherine Gourgaud ont quatre fils, dont deux sont restés célibataires (peut-être pour ne pas disperser les biens familiaux ?).

L’aîné, Honoré-Gaspard-Napoléon, hérite en 1879 du titre de baron Gourgaud et du domaine de La Grange. Il épouse Henriette Chevreau (1847-1940), fille d’Henri Chevreau dernier ministre de l’Intérieur de Napoléon III, et il est conseiller général du Loiret.

Irrité par les historiens qui portent atteinte à la mémoire de son grand-père en mettant en doute sa fidélité à l’Empereur déchu et les motifs de son départ de Sainte-Hélène, il confie le manuscrit du journal de son ancêtre à deux amis, l’historien Antoine Guillois et le vicomte de Grouchy. Ceux-ci  publient en 1899 une version expurgée de ce journal[2] et, dans une longue préface, expliquent que Gourgaud est parti de Sainte-Hélène chargé  par l’Empereur  d’une mission secrète et que tout dans le journal justifie cette thèse. A la lecture de l’ouvrage, le sang de l’historien Frédéric Masson, alors spécialiste incontesté de la période[3],  ne fait qu’un tour. Il entreprend de démontrer que tout ce que contient le Journal va à l’encontre de la thèse de la mission secrète et expose son point de vue dans une conférence donnée le 27 mars 1908 à Paris, salle de la Société de Géographie. La presse en rend compte et le scandale éclate. Le baron Gourgaud, indigné, envoie  ses témoins à Frédéric Masson. L’historien, plus habile de la plume qu’à l’épée, fait dans la presse une prudente marche arrière, puis récidive en publiant en 1909 dans son ouvrage Autour de Sainte-Hélène une diatribe de quatre-vingts pages intitulée Le Cas du général Gourgaud, reprenant toute l’affaire du départ de Sainte-Hélène en citant longuement tous les documents afférents et maintenant accessibles. Ulcéré, le baron Gourgaud préfère abandonner la partie.

Son frère cadet, Marie Jean Gaspard Etienne, dit Etienne (1860-1909), qui épouse Louise Elise Cahen d’Anvers, fille du banquier Raphaël Cahen d’Anvers, sera habilité à relever le titre de comte Du Taillis de son grand-père maternel. Il héritera du château de La Charité et de l’hôtel parisien. Par décret impérial de 1868, il sera autorisé à prendre le nom de Gourgaud du Taillis. A partir de 1870, nous avons donc deux familles distinctes descendantes du général Gourgaud , celle du baron Gourgaud et celle du comte Du Taillis.

‘‘Napo’’ Gourgaud (1881-1944), quatrième baron Gourgaud

A la mort de son père Gaspard-Napoléon en 1918, Amédée-Henri-Napoléon devient quatrième baron Gourgaud. Il est très introduit dans la bonne société parisienne où il est surnommé Napo. Il épouse en 1917 Eva Gebhard (1876-1959), riche américaine dont le grand-père a créé une importante compagnie d’assurances new-yorkaise et dont le père a investi dans les chemins de fer du Far-West. La nouvelle baronne Gourgaud (et fière de l’être !) est éprise de la culture française, admiratrice des peintres français du début du XXe siècle – très amie de Marie Laurencin – et collectionneuse de leurs œuvres. Le couple Napo et Eva est célèbre dans la France des Années folles. Mais ils vont aussi marquer leur époque d’une autre manière.

Ils découvrent complètement endormie la petite île d’Aix, au large de Rochefort-sur-Mer, où Napoléon a passé ses derniers jours sur le sol français avant de se rendre aux Anglais. Ils achètent la maison du gouverneur (ou logea Napoléon en 1815), les bâtiments militaires désaffectés, les restaurent et créent un Musée Napoléon privé en y transférant de nombreuses œuvres d’art de l’Empire. Ils achètent une vingtaine des petites maisons et boutiques du village de l’île et les louent à prix modérés à la population locale pour éviter la spéculation immobilière et l’invasion de résidences secondaires. Ils créent un hôtel (Napoléon bien sûr) pour recevoir leurs amis. Ils mettent en place un système de navettes maritimes pour relier l’île à Fouras. Près d’un siècle plus tard, les habitants de la si paisible île d’Aix (sauf du 14 juillet au 15 août) considèrent toujours Napo et Eva comme leurs bienfaiteurs[4].

En 1935, le baron Gourgaud demande à l’historien Octave Aubry de réviser et republier le Journal de son ancêtre, en abandonnant la thèse de la mission secrète, ce qui sera achevé en 1947 seulement[5]. Dans la préface, Octave Aubry déclare n’avoir exclu « que quelques expressions d’un ton trop hardi qui eussent pu choquer certains lecteurs. » Nous verrons plus tard ce qu’il en est.

Napo est aussi un grand chasseur et, avec son ami Robert Richner, il monte des expéditions au Soudan, au Kenya, en Ouganda, où ils ont pour guide de chasse Denys Finch-Atton, connu pour avoir été l’amant de Karen Blixen et le héros de son roman La ferme africaine (incarné par Robert Redford dans le film Out of Africa). Mais ils se livrent aussi à des recherches ethnologiques, zoologiques et botaniques. En 1933, ils créent en face du musée Napoléon un Musée africain où leurs trophées  de chasse et la faune africaine sont exposés dans des diaporamas figurant des décors de l’Afrique orientale, ensemble très représentatif de la muséographie des années 1930.

Les deux musées de l’île d’Aix ont été légués à l’Etat par le baron Gourgaud et sont aujourd’hui rattachés au Musée de Malmaison. Tous ses biens immobiliers sur l’île ont été apportés à une Société des Amis de l’île d’Aix, confiée à son ami le baron Coudein, descendant de l’officier commandant le 14e régiment de marine qui fut le dernier à rendre  les honneurs à l’Empereur sur le sol français[6].

Le château de La Grange, qui a conservé la magnifique galerie du maréchal de Saxe, ornée d’un impressionnant décor impérial, a une vie sociale intense jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Puis Napo est frappé par la maladie de Parkinson et meurt à La Grange le 30 août 1944. Grâce à sa nationalité américaine, Eva parvient à préserver ses collections de leur pillage par les nazis et décède en 1959 en léguant de nombreux tableaux, des dessins, etc. au Musée du Louvre. André Malraux veillera personnellement à l’intégration de ces œuvres dans les collections de l’Etat.  Ainsi le visiteur du Musée d’Orsay peut admirer l’Italienne de Van Gogh, La femme au chat de Bonnard, Une baignade à Asnières de Seurat, Les baigneurs de Cézanne, Deux danseuses au repos de Degas, le Don Quichotte et la mule morte de Daumier, et autres œuvres en réserve. Au Centre Georges-Pompidou, il verra l’Arlequin et La fillette au cerceau de Picasso, deux Braque, cinq Fernand Léger, deux Matisse, et deux superbes portraits de la baronne Gourgaud par Marie Laurencin. Qui remarque les discrets cartouches : donation Gebhard-Gourgaud ?

Napoléon Gourgaud du Taillis (1922-2010), cinquième baron Gourgaud

Napo et Eva Gourgaud n’ont pas eu d’enfant. En dehors de leurs donations à l’Etat, de leurs legs à la Société des Amis de l’île d’Aix, leur héritier est leur petit-neveu Napoléon-André Gourgaud du Taillis, petit-fils d’Etienne Gourgaud du Taillis. Celui-ci hérite en particulier du château de La Grange et du titre de baron Gourgaud, qu’il va utiliser comme nom d’usage – de préférence à celui de comte Du Taillis – en raison de sa résonance historique. Au début des années 1980, le baron Gourgaud est co-président, avec le docteur Guy Godlewski,  d’une association de 2000 à 3000 membres, intitulée le Souvenir napoléonien, regroupant des historiens, des passionnés d’histoire, des nostalgiques de l’Empire, des descendants des acteurs de l’épopée, etc. Parmi ces adhérents, M. Martial Lapeyre, inventeur de l’industrialisation des portes et fenêtres et fondateur de l’entreprise éponyme. Celui-ci décède en 1984, léguant la majeure partie de ses biens au Souvenir napoléonien (ou plutôt leurs revenus via la Fondation de France). Vu l’importance de cette donation, l’Etat s’en mêle et impose la création d’une fondation spécifique, la Fondation Napoléon, sous la tutelle du ministère de la Culture et du ministère de l’Intérieur. Le docteur Godlewski étant décédé accidentellement, le baron Gourgaud devient président de cette Fondation. Lors de la célébration du cinquantenaire du Souvenir napoléonien en septembre 1988, le baron Gourgaud a accueilli à La Grange une centaine de ses membres, en route vers Fontainebleau. Ceux-ci ont conservé un souvenir ébloui de la galerie du Maréchal de Saxe.

Ce fut en quelque sorte un chant du cygne car, au début des années 1990, le baron Gourgaud, ayant un fils unique, a jugé que la gestion et l’entretien d’un domaine familial tel que celui de La Grange étaient trop lourds à supporter. Les collections d’objets d’art ont été dispersées, le mobilier et les équipements ordinaires ont été vendus aux enchères pendant plusieurs jours et le château mis en vente. Le domaine de La Grange a alors connu une décennie de  vicissitudes, acquis par des investisseurs japonais dans l’intention d’y installer un golf, projet abandonné. Au début des années 2000, il est acheté par M. Philippe Savry, fondateur de la Chaine hôtelière ‘‘Les Hôtels particuliers’’. Le château est restauré, remeublé, équipé en restaurant, salon de thé et chambres d’hôtel. Il accueille des manifestations (mariages, anniversaires, etc.) et des séminaires d’entreprises. Non pas par mépris du général Gourgaud mais pour des raisons commerciales, il a reçu le nom plus porteur de Hostellerie-Château du Maréchal de Saxe. Et ce nom permet d’y évoquer la mémoire de George Sand qui, pas plus que le général Gourgaud, n’est venue semble-t-il à cette propriété de son arrière-grand-père. Néanmoins, le souvenir de l’histoire napoléonienne n’est pas totalement absent à l’Hôtel du Maréchal de Saxe puisque la petite chapelle, à droite du château, est dédiée à…  Sainte Hélène.

L‘actualité de Gourgaud au XXIe siècle

Le nom du baron Gourgaud du Taillis restera attaché à l’œuvre monumentale qu’il a imaginée et initiée : l’édition de la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte publiée de 2004 à 2018 en 15 volumes totalisant 22 000 pages. Ce travail, réalisé avec l’aide des Editions Fayard, a mobilisé pendant une douzaine d’années 456 collaborateurs de la Fondation Napoléon, presque tous bénévoles.  Le baron Gourgaud n’en aura pas vu la fin car il est décédé en 2010, après avoir en 2005 transmis la présidence de la Fondation Napoléon à M. Victor-André Masséna, prince d’Essling, descendant du maréchal d’Empire.

La seconde décennie du nouveau siècle aura vu, parmi les multiples activités de la Fondation (Grands prix et Bourses d’études, expositions, publications, mécénats, etc.) la reconstruction des annexes et la restauration des appartements de Longwood House, en prévision de l’ouverture d’un aéroport (finalement réalisée fin 2017) mettant Sainte-Hélène à 36 heures de Paris au lieu d’une semaine, avant la commémoration en 2021 du bicentenaire du décès de l’Empereur. Enfin, la découverte du manuscrit original du Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases a permis sa publication pleine de surprises par La Fondation Napoléon en 2016[7]. Le prince d’Essling a alors lancé l’idée de réviser et republier, à partir des manuscrits originaux, les autres Evangiles  de Sainte-Hélène, à commencer par celui du général Gourgaud.

Dans les années 1980, le baron Gourgaud du Taillis a déposé puis remis aux Archives nationales les archives de sa famille. Leur dépouillement m’a permis d’établir et publier en 2006 la première biographie exhaustive (et je l’espère objective !) du général Gourgaud[8]. J’ai donc entrepris la relecture des notes journalières du général Gourgaud à Sainte-Hélène et j’ai été surpris par l’ampleur des coupures et ajustements effectués par mes prédécesseurs, ce qui justifie pleinement le nom de Journal intégral  donné à l’ouvrage qui est proposé aux lecteurs en cette fin d’année 2019. Car, quand il s’agit de Sainte-Hélène, il y a toujours du nouveau !  Le présentateur-commentateur espère seulement qu’il n’aura pas à éluder un duel comme Frédéric Masson.

Jacques Macé, octobre 2019

Jacques Macé est historien spécialiste de Sainte-Hélène et du baron Gourgaud, dont il est le biographe.

Voir la fiche du Journal intégral de Gourgaud, présenté par Jacques Macé (Perrin, 2019)
► Lire une chronique de Thierry Lentz sur cette parution : Le Journal intégral de Gourgaud, ou l’exil de Sainte-Hélène par les deux bouts de la lorgnette
► Lire la présentation de la biographie que Jacques Macé a consacrée au général Gourgaud (Nouveau Monde Éditions, 2006)

Notes

[1] Il aura pour maitresse Elisa Roy de Lariboisière, épouse de son meilleur ami Honoré de Lariboisière, fille du financier Antoine Roy, fondatrice de l’hôpital Lariboisière à Paris.
[2] Sainte-Hélène, journal inédit de 1815 à 1818, préface et notes de MM. Le vicomte de Grouchy et Antoine Guillois, Paris, Flammarion, 1699, 2 volumes.
[3] Le «Jean Tulard» de l’époque.
[4] Un film intitulé Napo et Eva a été diffusé sur FR3. Voir également : www.societe-amis-iledaix.com/lepoque-gourgaud
[5] Général Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène, édition augmentée, préfacée et annotée par Octave Aubry, Paris, Flammarion, 1947, 2 volumes.
[6] La Société des Amis de l’île d’Aix, omniprésente sur l’île, est toujours présidée par l’actuel baron Coudein.
[7] Emmanuel de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, le manuscrit retrouvé, texte établi, présenté et commenté par Thierry Lentz, Peter Hicks, François Houdecek, Chantal Prévot, Perrin/Fondation Napoléon, 2016.
[8] Jacques Macé, Le général Gourgaud, Nouveau Monde éditions/Fondation Napoléon, Paris 2006.

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