Une chronique d’Élodie Lefort : sur la route des expositions…

Auteur(s) : LEFORT Élodie
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Comme Pierre Branda vous l’a annoncé il y a quelques semaines, l’année 2021, marquée par le bicentenaire de la mort de Napoléon arrive à grands pas, et sera rythmée par de nombreux projets d’expositions.

Une chronique d’Élodie Lefort : sur la route des expositions…
© Fondation Napoléon/Rebecca Young

Pour celles qu’elles préparent en prévision de l’année prochaine, treize institutions ont d’ores et déjà sollicité la Fondation Napoléon et ses collections. Bien que la majorité de ces expositions soient concentrées sur la région parisienne (les trois quarts), d’autres sont programmées dans nos belles régions de France (à Ajaccio, à Sens…), mais également à l’étranger (Liège, Bard sur la frontière italienne ou encore New-York). Avec un peu d’organisation, vous aurez le temps de tout voir ! Les musées ont astucieusement réparti les événements tout au long de l’année. De nombreux établissements, neuf plus précisément, ont fait le choix de faire coïncider les dates d’ouverture de leur exposition avec l’anniversaire de la mort de Napoléon et donc auront lieu au printemps. Cependant, histoire de faire durer le plaisir, quelques-unes vous seront présentées à l’automne-hiver 2021 et ainsi prolongeront nos découvertes sur les traces de l’Empereur. Et puis surtout, deux institutions ont décidé d’étirer au maximum les dates de leurs expositions. Ainsi, elles débutent toutes les deux au mois d’avril pour se terminer après les journées du patrimoine, c’est-à-dire dans la deuxième quinzaine du mois de septembre 2021. Elles seront donc accessibles au public pendant six mois. L’une d’elles, « Napoléon n’est plus », coproduite par le musée de l’Armée et la Fondation Napoléon retracera les derniers moments de l’Empereur jusqu’à son arrivée sous le Dôme des Invalides.

Il est beau de constater que ce sont deux institutions chères à Napoléon qui encadrent cette année 2021. La première exposition à ouvrir le bal est organisée par les Archives nationales à l’Hôtel de Soubise, « Dessiner pour Napoléon. Trésors de la Secrétairerie d’État impériale » et débutera au début du mois de mars. Vous seront présentés les dessins, plans, dossiers ou croquis reçus par le cabinet de l’Empereur afin de l’aider dans ses prises de décisions. C’est un fond totalement inédit et restauré grâce à une souscription lancée par la Fondation Napoléon en 2017. La saison se clôturera par l’exposition du Mobilier national qui se tiendra dans la superbe Galerie des Gobelins entre les mois de septembre 2021 et de janvier 2022. Intitulée « Les Palais disparus de Napoléon : Saint-Cloud, Tuileries, Meudon », elle s’attachera à faire revivre le faste de la cour impériale, principalement avec des pièces de mobilier ornant l’intérieur de ces monuments.
Si chacune de ces treize expositions sera l’occasion de (re)découvrir des œuvres, des collections mais également des bâtiments porteurs de sens pour l’Empereur, permettez-moi de mentionner une exposition où le personnage central ne sera pas uniquement Napoléon, mais bien sa passion avec Joséphine, « Joséphine et Napoléon. Une histoire d’amour (extra)ordinaire ». Organisée par la maison de joaillerie Chaumet et la Fondation Napoléon, elle aura lieu au printemps dans l’écrin des salons historiques situés place Vendôme à Paris. On y revivra la passion qui anima Joséphine et Napoléon ainsi que leur incroyable destinée, à travers les bijoux exceptionnels conçus par Nitot, créateur de la maison Chaumet.

Riche d’une collection de près de 2 000 œuvres, dont certaines ayant appartenu personnellement à l’Empereur, la Fondation Napoléon a à cœur de participer à ces expositions, de faciliter et d’accorder le plus de prêts possibles à tous ces événements. On me demande régulièrement où il est possible de voir les collections de la Fondation Napoléon. L’année prochaine, vous aurez l’occasion de les voir dans la plupart des expositions. En tout, ce sont près de 200 œuvres qui vont être présentées au public en 2021. En attendant le début des festivités, c’est un travail de l’ombre qui a commencé. En tout premier lieu, il est indispensable de vérifier l’état de chaque œuvre qui sera présentée. Un examen minutieux est réalisé sur chaque objet : on parle alors de constat d’état. Toutes les altérations, les fragilités, les contraintes y sont décrites avec force de précisions. Cette étape permet de valider la nécessité pour certaines œuvres d’un petit « bichonnage » particulier. Ainsi, une dizaine d’œuvres vont passer entre les mains expertes de restaurateurs. Parmi elles, l’encrier de Napoléon offert par la reine Hortense va être restauré par une conservatrice-restauratrice spécialisée dans le traitement des métaux, pendant deux jours complets. Toutes les parties orfévrées, qui sont l’œuvre du maître tabletier Biennais, vont être nettoyées afin d’ôter les traces d’oxydation présentes, et leur redonner un peu de lustre. Les pieds de l’encrier en forme d’aigle sont mobiles et doivent être refixés. La difficulté de cette intervention réside en la consolidation de toutes les abeilles, notamment leurs pattes et antennes, qui ornent l’encrier. Ainsi magnifié par ces étapes délicates, cet encrier pourra être exposé au printemps chez Chaumet. Nous préparons également les catalogues et les livrets qui accompagneront vos visites. À cet effet, plus d’une trentaine d’œuvres vont passer devant l’objectif des photographes (notamment après restaurations), afin d’illustrer au mieux ces ouvrages. En parallèle, des réunions de préparation s’enchaînent avec les différents acteurs des expositions, afin de discuter de la présentation des œuvres, afin de les magnifier et de mettre en avant le propos de l’exposition. Les commissaires, le scénographe, les régisseurs, les socleurs, les restaurateurs, chacun a un rôle propre. Ainsi, les commissaires définissent le sujet, le propos scientifique de l’exposition et choisissent les œuvres. Le scénographe va théâtraliser l’exposition et travaille l’ambiance en rapport avec le sujet. C’est également lui qui détermine le parcours physique, l’emplacement et la forme des vitrines. Les régisseurs s’occupent de la gestion technique et administrative des œuvres. Au moment de l’installation de l’exposition, ce sont eux qui veilleront sur les objets selon les plans décidés collégialement. Enfin, les socleurs ont pour mission de créer des installations qui permettront aux œuvres de ne pas être simplement posées dans une vitrine. À eux s’adjoignent parfois d’autres corps de métier comme les éclairagistes, les graphistes… La préparation d’une exposition demande du temps, afin de pouvoir présenter au public un propos innovant, voire inédit, dans une ambiance qui permettent aux œuvres de ne pas seulement illustrer un propos ou témoigner d’un événement, mais de raconter leur propre histoire. Car finalement, lorsque nous visitons une exposition, ce sont elles que nous venons admirer.

Courage ! Plus que quelques mois à patienter avant de vous retrouver dans les musées avec nos collections. Nous avons hâte de vous y voir nombreux. D’ici-là, n’hésitez pas à aller faire un tour sur le site qui leur est dédié. Cela vous donnera un aperçu des œuvres que nous conservons précieusement.

Élodie Lefort
Octobre 2020
Élodie Lefort est responsable des collections de la Fondation Napoléon

Titre de revue :
inédit
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