Pourquoi Iéna ?

Auteur(s) : DELAGE Irène (trad.), HICKS Peter
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L'idée de cet article est née lors de la visite de l'auteur aux Journées de Thuringe, qui se sont tenues à Iena en Allemagne le 14 juin 2006. Parmi les différentes festivités organisées dans le cadre de l'amitié franco-allemande, le musée de la ville présenta une exposition relatant le déroulement de la bataille de Iéna du 14 octobre 1806, et un parcours « audio-guidé » fut créé à Cospeda à l'attention des visiteurs du champs de bataille. Ces deux programmes étaient très « émotifs » dans leur approche des faits. Le musée avait réuni six tableaux montrant les expériences militaires mais aussi civiles à l'occasion de cette bataille – maisons pillées, immeubles incendiés, hôpitaux, uniformes militaires, tandis que le parcours « audio-guidé » se voulait une réflexion poétique sur la mémoire et émotionnelle sur les souvenirs de guerre. Rien ne tentait d'expliquer les raisons de la bataille de Iéna. Aussi, cet article analyse les événements qui ont conduit à cet affrontement.

La Prusse pendant les guerres révolutionnaires

Dans l'histoire de la Prusse, les neuf années qui menèrent à la catastrophique et décisive bataille de Iéna furent, géographiquement parlant, guère différentes des siècles qui les avaient précédées. Etat modeste avec des frontières peu protégées, pris en tenaille entre deux grandes puissances, la France à l'ouest et la Russie à l'est, et confronté à la zone d'influence de l'Autriche au sud, la Prusse ne pouvait qu'être constamment préoccupée de sa survie. Ainsi, une brochure publiée en 1799 sur ses relations extérieures Über Preussens auswärtige Verhältnisse im Jahre 1799 (1)  exposait clairement sa position traditionnelle dans le concert international à la fin du XVIIIe siècle : « la maison d'Autriche devait être considérée comme l'ennemie naturelle ; d'un point de vue commercial, l'Angleterre était tout aussi à craindre, vu son système de monopole industriel et de tyrannie maritime ; la Russie, avec ses perpétuelles révolutions de palais, est un état sans principes politiques arrêtés et sur l'alliance duquel on ne pouvait faire fond ; la France, avec son extension indéfinie, pouvait devenir, un jour, redoutable – mais elle avait trop d'ennemis pour l'être dès maintenant. Le meilleur parti à prendre était de laisser toutes ces puissances se détruire mutuellement, de se fortifier de leur affaiblissement et de gagner du temps pour se préparer aux éventualités de l'avenir. »
Ainsi, au cours des années précédant la bataille de Iéna, les conséquences de la politique prussienne de neutralité et d'opportunisme furent véritablement décisives pour l'organisation de l'Europe, comme le mit en exergue Frederick Kagan (2).
 
La politique extérieure initiée sous Frédéric-Guillaune III (qui accéda au trône en 1797) était présentée officiellement comme neutre, les historiens y voyant une perspective cynique, « attendre et voir ». Comme le soulignait la brochure précédemment citée, cette stratégie était problématique mais pas sans gain.
Au cours de la période 1797-1805, l'ennemi naturel autrichien perdit à la fois territoires et influence (notamment aux Pays-Bas, parmi les futurs membres de la Confédération du Rhin et en Italie) au profit de la France, mais de plus, l'augmentation de la taille et de la puissance de cette dernière força Frédéric-Guillaume à prendre partie pour ou contre elle.
 
Pour le Premier Consul, l'objectif avait toujours été de maintenir la Prusse dans de bons sentiments. Après la paix de Lunéville, la Prusse reçut par exemple des compensations pour la perte de territoires sur la rive gauche du Rhin. Ainsi, le traité d'indemnité franco-prussien signé le 23 mai 1802 accorda à la Prusse, entre autres choses, les évêchés de Paderborn et Hildesheim, Eichsfeld, Erfurt et Münster.
Mais ce comportement passif, d'accepter ces compensations (que les historiens virent comme des accaparements), s'il permit à la Prusse d'agrandir son territoire, blessa son amour-propre d'être considérée alors comme un partenaire modeste, devant être patronné et protégé par Alexandre et Napoléon, et non pas comme une puissance patronnant et protégeant sa propre clientèle. La Prusse ne semblait plus pouvoir être maîtresse de sa destinée.
La sécurité de ses frontières se trouvait même menacée : après l'échec de la paix d'Amiens en 1803, le Hanovre fut occupé par Mortier et aucune négociation ne put déloger les troupes françaises de ce territoire « prussien ». Pas plus du port de Cuxhaven, et de l'Elbe et Weser, points clé de l'accès prussien à la mer.
Mise devant le fait accompli, la Prusse entama timidement des pourparlers visant à signer une alliance défensive avec Napoléon. Mais elle ne poursuivit pas ses efforts après la violation du territoire de Bade par Napoléon, l'enlèvement forcé et l'exécution du duc d'Enghien en 1804.

La violation d’Anspach, Austerlitz et le Traité de Schönbrunn

Juste comme les couronnements de Napoléon Empereur des Français et roi d'Italie, et l'annexion de Gênes (mai-juin 1805) avaient tant exaspéré le Tsar Alexandre qu'il ne restait à ce dernier qu'à envisager une alliance avec l'Angleterre contre la France, la Prusse se retrouvait dans une position impossible, de méfiance vis-à-vis de la France d'un côté tout en ne voulant pas, de l'autre côté, rejoindre une coalition qui la placerait en opposition face la super puissance campée à sa porte, spécialement depuis que la coalition lui avait promis de l'aide contre son ennemi traditionnel, l'Autriche. La méfiance à l'encontre de la France et l'antipathie pour les alliés s'affichaient clairement à Berlin où les positions pro et anti-françaises adoptées par les différentes personnalités entourant le roi (la reine Louise de Prusse, farouchement anti-française, et le duc de Brunswick considéré comme pro-français, Hardenberg et Haugwitz, ministres des Affaires étrangères et généralement reconnus pour choisir mutuellement des positions opposées, Beyme et Lombard, secrétaires d'Etat pro-français, et les généraux Blücher et Rüchel, traditionnellement anti-français) tiraient le roi dans un sens puis dans un autre.
Pour les Alliés de la Troisième Coalition, cependant, la participation de la Prusse à leurs côtés était essentielle depuis que sa position était d'une importance cruciale dans leur compréhension de l'équilibre politique en Europe, notamment en tant rempart contre l'expansion de la France à l'Ouest. Napoléon tentait de se rallier la Prusse. Une série de réunions privées eurent lieu en juillet et août 1805 entre le ministre des Affaires étrangères français, Talleyrand, et l'ambassadeur prussien à Paris, Lucchesini. Si ce dernier n'était pas enthousiaste, soulignant l'insatiable voracité de territoire de Napoléon et ses actions dans la première moitié de 1805 (couronnement roi d'Italie, annexion de Gênes, etc.), Talleyrand l'apaisa en l'assurant qu'une alliance de la Prusse avec la France ne signifierait pas seulement un arrêt de l'expansion française, mais également la remise du Hanovre aux mains prussiennes. Cette nouvelle offre représentait une grande tentation pour le ministre des Affaires étrangères prussien Hardenberg, mais le roi était loin d'être séduit, craignant d'être considéré alors comme « un prince sans foi, convoiteux du bien d'autrui. » (3)

Une réunion des ministres prussiens se tint le 22 août 1805. Le duc de Brunswick y déclara que l'offre de Napoléon devait être acceptée. Une alliance franco-prussienne représenterait un frein à l'ambition de Napoléon, donnerait l'indépendance à des États allemands, ramènerait la paix en Europe. Le Hanovre retournerait dans le giron légitime, la Prusse, agrandissant ce pays, désormais prêt à tenir un rôle dans l'organisation d'une nouvelle Allemagne. Bien que ces points fussent des arguments de poids, le Roi hésitait et finit par se ranger à l'avis de son ministre des Affaires étrangères, Haugwitz, qui lui conseillait la prudence. Aussi, lorsque l'envoyé français Duroc arriva à Berlin pour négocier l'alliance (fin août 1805), le roi l'accueillit avec froideur et ne voulut parler que d'une médiation entre Napoléon et les membres de la coalition.

Avec perspicacité, Napoléon répondit que la neutralité de la Prusse n'était qu'une dangereuse illusion, que la Prusse ne pourrait jamais revenir dans l'arène, que sa neutralité n'arrêterait en rien la guerre qui s'annonçait, mais que si elle rejoignait Napoléon, le conflit pourrait être étouffé dans l'oeuf. Finalement, Frédéric Guillaume rejeta ces propositions le 9 septembre, estimant que le traité « ne tendait qu'à [l]'enchaîner pieds et poings liés, aux seuls intérêts de la France et [le] pousserait dans une guerre offensive, aux conséquences incalculables. » (4)

Et c'est ainsi que la Prusse essaya de calmer les événements en ne faisant rien. La Russie créa la surprise en massant ses troupes à la frontière de la Poméranie prussienne menaçant d'envahir la Prusse. Cette action devait amener Frédéric-Guillaume à rejoindre la coalition. Le roi de Prusse mobilisa ses troupes et les fit converger vers la menace russe (5), mais la guerre put être évitée de justesse grâce à l'intervention d'Hardenberg et l'arrivée cruciale de la nouvelle de la traversée des enclaves prussiennes d'Anspach et de Bayreuth par les troupes françaises se rendant à Ulm, et ce sans en avoir demandé l'autorisation.
Considérant cet événement comme un acte de guerre, Frédéric Guillaume alla à la rencontre d'Alexandre à Potsdam fin octobre/début novembre 1805. C'est sur la tombe du plus illustre monarque prussien, Frédéric le Grand (dont le triomphe sur l'armée française à Rossbac inspirait ou indisposait toujours, suivant sa nationalité), qu'un arrangement secret fut signé. Ce fut le dénommé Traité de Potsdam, avec lequel la Prusse offrit sa médiation entre la France et la coalition sur la base du Traité de Lunéville.

Les négociations (irréalisables) forçaient la France à renoncer à certains territoires face à la menace de l'accession de la Prusse à la tête de la Troisième coalition si la France n'acceptait pas toutes les demandes des alliés. A Potsdam, on accorda un délai d'un mois à la réponse française, et ce fut le comte von Haugwitz, l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui fut chargé de cette délicate mission diplomatique, en fait une menace déguisée permettant à la Prusse de rejoindre la guerre de l'autre côté.
Comme Haugwitz mit un mois pour atteindre Napoléon, la plupart des historiens estimèrent qu'il temporisait, appliquant les principes de son maître, attendre et voir. Mais Frederik Kagan (6) montra avec justesse que ce laps de temps d'un mois était dicté par la position de la Prusse. A ce moment, la décision de s'opposer à Napoléon était déjà prise, les troupes prussiennes étaient principalement dans l'Est prêtes face à une menace russe potentielle ; le duc de Brunswick avait calculé qu'il leur faudrait quatre ou cinq semaines pour être fin prêts face à une attaque des troupes françaises (et Haugwitz en avait estimé la date au 15 décembre). Le diplomate ne quitta pas Berlin pour s'acquitter de sa mission avant le 14 novembre (11 jours après la signature et la ratification de l'accord de Potsdam), mais ses instructions étaient très explicites au sujet du calendrier, et il espérait qu'après que Napoléon eut refusé l'offre prussienne, le retour d'Haugwitz à Berlin coïnciderait avec l'assurance que la Prusse serait prête à faire la guerre.
 
Mais comme nous le savons maintenant, les choses évoluèrent différemment. Haugwitz rencontra Napoléon à Brünn le 28 novembre (Napoléon avait retardé l'arrivée du diplomate de telle manière qu'ils se virent seulement quatre jours avant la grande confrontation d'Austerlitz). Bien qu'il fut en pleine préparation de la bataille, l'empereur octroya néanmoins quatre heures à son visiteur prussien, en lui ayant apparemment préparé une mise en scène. Dans ses Mémoires, Marbot raconte l'histoire que la victoire française contre le corps de Jellachich's à Bregenz, remportée quatre jours plus tôt, fut annoncée de nouveau à un empereur abasourdi, tout ceci afin d'effrayer Haugwitz.(7) Une enveloppe contenant une lettre d'Augereau relatant l'événement avait été re-scellée afin d'être ouverte comme s'il s'agissait de la première fois, et les annonces de la capture des bataillons Autrichiens devaient être faites assez fort pour que les oreilles prussiennes ne perdent rien de l'information…
Napoléon invita alors Haugwitz à continuer les négociations avec Talleyrand à Vienne – Caulaincourt s'empressa de dire à Haugwitz que la bataille était imminente et qu'il pouvait être blessé. Aucun compte rendu impartial de ce qui se dit lors de cet entretien de quatre heures n'existe – la propre version d'Haugwitz figurant dans ses Mémoires fut rédigée pour exonérer ses actions. Seule la lettre de Napoléon à Talleyrand (datée du 30 novembre)(8) donne des détails solides. Elle indiquait que Haugwitz avait donné une lettre de son roi à l'empereur français, que ce dernier éprouvait un certain respect pour Haugwitz, que Napoléon était conscient que le Hanovre était une possession prussienne et qu'à son sujet Berlin était encore en train d'hésiter ; rien n'indique qu'Haugwitz délivra un ultimatum. Il semblerait plutôt que le courage prussien lui manqua. Ou plutôt, allant au-delà de ses instructions, « il abandonna la politique que Frédéric Guillaume avait définie et commença à poursuivre sa propre politique de réconciliation avec la France au détriment des alliés de la Prusse. » (9)

Le 15 décembre, date à laquelle la Prusse était prête à combattre, Haugwitz signa à Schönbrunn le traité accordant le Hanovre à la Prusse, et les enclaves prussiennes d'Ansbach, Clèves et Neuchâtel à la France.
 
Les événements précédant et suivant Austerlitz sont cruciaux pour comprendre la façon dont Napoléon traita la Prusse.
En n'agissant pas par elle-même et en se laissant glisser passivement vers une alliance avec Napoléon, la Prusse manqua une grande opportunité d'avoir une prise sur la France napoléonienne. Maintenant, avec la défaite décisive des armées russes et autrichiennes, la cinquième puissance européenne (d'après Talleyrand dans son rapport du 17 octobre 1805) ne pouvait plus qu'être seule face à la Grande Armée. La Prusse ne pouvait pas compter sur l'aide ni de la Russie ni de l'Autriche, des alliés qu'elle avait quittés. De même, elle ne pouvait pas se tourner vers l'Angleterre qu'elle avait dépossédée du Hanovre et à laquelle elle bloquait l'accès de ses ports. Pire encore, les nouveaux alliés français de la Prusse, Napoléon et Talleyrand, ne faisaient pas confiance à la Prusse. Il fallut peu de temps avant que la Prusse ne se rende compte qu'elle était bien la vassale de la France.

Après Presbourg

De retour à Berlin, Haugwitz présenta les résultats de ses négociations à Frédéric Guillaume. Le traité en lui-même ne pouvait être acceptable (le roi biffa l'expression « alliance défensive/offensive » pour la remplacer par le mot « alliance » tout court). Lors d'un important conseil d'Etat le 3 janvier 1806, d'autres modifications furent apportées, l'une relative à la définitive acquisition du Hanovre. Il fut proposé qu'au lieu de prendre possession immédiatement de ce territoire, l'on ne procèderait qu'à une occupation tant que la paix générale ne serait pas revenue. Ceci devait être un gage donné à Napoléon du désir de la Prusse d'établir la paix en Allemagne du Nord. Cette délicatesse à l'égard du Hanovre n'était pas seulement une tentative de poser un premier pont entre la France et l'Angleterre, mais aussi d'avoir le beurre et l'argent du beurre, en d'autres mots, d'avoir une chance de participer aux négociations et de conserver le Hanovre.
Haugwitz partit pour Paris le 14 janvier en espérant grandement que le traité serait ratifié. Le 24, le gouvernement prussien ordonna la retraite et la démobilisation de ses troupes dans la région de Wurzburg, laissant les troupes françaises traverser le Rhin pour occuper le terrain.
Simultanément, la Prusse entreprit en Angleterre des démarches secrètes pour la possession légale du Hanovre ;  en échange de la conservation de la région à l'Est du Weser (comme elle en informa les diplomates anglais), la Prusse donnait à George III la Frise orientale, le reste de la Westphalie prussienne et les droits électoraux du Saint Empire s'y afférant.
En apprenant la démobilisation prussienne, l'empereur reporta l'entrevue avec Haugwitz. Donc,  quand Haugwitz vit l'empereur, la Prusse (militairement parlant) était entièrement à la merci de la France – les troupes napoléoniennes et leurs alliés de la Confédération du Rhin stationnaient toutes dans les royaumes et duchés de la Confédération. Aussi, Haugwitz fut tout d'abord reçu froidement. Et lorsqu'il déclara que les troupes étaient prêtes à faire route pour prendre possession du Hanovre même si le traité n'avait pas encore été ratifié, Napoléon s'emporta, renvoyant Haugwitz. Comprenant désormais que la Prusse avait joué sur les deux tableaux avant Austerlitz, l'empereur décida que les précédents accords de Schönbrunn étaient caduques et qu'il fallait tout reprendre.
L'échange du Hanovre contre Ansbach, Clèves et Neuchâtel était maintenu mais seulement si la ville fortifiée de Wesel, stratégiquement importante, était ajoutée dans l'escarcelle française et si la Prusse déclarait la guerre contre l'Angleterre. Quelques jours plus tard, Haugwiz fut convoqué (cette fois auprès de Talleyrand) et tancé sur l'activité royaliste à Berlin, en faveur de Louis XVIII.
Placée sous la pression diplomatique, la Prusse craqua. Le traité fut signé le 15 février. Le 27 mars, l'Angleterre était informée que les ports prussiens et hanovriens étaient fermés à ses bateaux. Quelques jours plus tard, l'annexion du Hanovre par la Prusse devenait officielle. L'Angleterre répliqua en interdisant tout commerce avec la Prusse et en bloquant les estuaires de l'Ems, le Weser, l'Elbe et le Trave. Le 11 mai, l'Angleterre déclarait la guerre à la Prusse.

L'excessive fermeté de Napoléon à l'égard de la Prusse a été critiquée par certains historiens. Car enfin, les principaux points n'avaient-ils pas été convenus en décembre ? Le résultat de cette fermeté augmenta la pression sur l'Angleterre, pression qui fut utilisée lors des négociations secrètes entreprises avec ce pays au cours du printemps et de l'été 1806. Des historiens ont souligné l'acharnement de Napoléon à poursuivre son « système », en d'autre mots, l'hégémonie française en Europe. Aussi, sa politique étrangère en 1806 était toute tournée pour obtenir la paix avec l'Angleterre et la Russie, les deux puissances restant en lice après Austerlitz. Cependant la paix seule ne suffisait pas. Comme Napoléon l'avait déclaré après Austerlitz, cela devait être une paix glorieuse.

Les négociations de paix avec l’Angleterre

Alors que le traité avec la Prusse se négociait, deux nouvelles décisives éclatèrent : la mort du Premier ministre anglais Pitt, le 23 janvier 1806, et le changement de gouvernement (l'installation du « ministère de tous les talents », avec l'arrivée du francophile Charles James Fox (10) aux Affaires étrangères).
L'attention française portée à l'Angleterre et les relations diplomatiques entre les deux pays (qui n'avaient pas complètement cessé lors des années de guerre) (11),  furent relancées publiquement avec la chance d'une paix imminente.
Fox fit les premiers pas en envoyant une lettre à son homologue français, Talleyrand, l'informant d'une tentative d'assassinat contre l'empereur. Des négociations s'ensuivirent, Fox insistant sur le fait que l'Angleterre ne signerait pas sans la Russie.(12)
Après un échange de lettres préparant le terrain, l'Angleterre choisit comme plénipotentiaire Lord Seymour, 3e marquis d'Hertford et comte de Yarmouth, un prisonnier de guerre. Nommé par décret du 23 mai 1806, Yarmouth, alors âgé de 29 ans, était ami avec Talleyrand. Il accomplit sa mission avec constance, les discussions s'appuyant, au départ, sur le principe fondamental d'« uti possidetis » (expression latine signifiant que les territoires conquis et annexés restent acquis aux deux parties), hormis le Hanovre qui n'était alors plus entre les mains de George III mais lui serait rendu après les accords.
Si le cas du Hanovre était réglé, d'autres points du traité furent altérés quand Napoléon demanda, d'une part de traiter séparément avec la Russie, et d'autre part que la Sicile soit accordée au royaume de Naples de son frère Joseph.
Bien que la Sicile n'était pas une possession française, cette demande posait un problème.(13)  Toutefois, comme l'Angleterre vit que l'envoyé russe Oubril avait signé une paix séparée avec la France (offrant la Sicile), loin de se sentir écartée du jeu, elle envoya un nouveau (et plus ferme) négociateur, Lord Lauderdale, pour épauler Yarmouth. Il apportait avec lui un nouveau traité daté du 31 juillet 1806, comportant de surprenantes concessions anglaises : que la famille régnant en Sicile obtiendrait d'autres territoires et des compensations ; que l'Angleterre reconnaissait non seulement le titre de Napoléon Ier mais aussi ceux des souverains que ce dernier nommerait ou soutiendrait (de cette façon, la France pouvait reprendre la Sicile) ; que les territoires conquis par la France depuis 1797 lui restaient acquis ; que les Bourbons devraient quitter l'Angleterre pour s'installer en Écosse ou en Irlande ; que tous les chefs chouans désignés par la France seraient déportés au Canada.

En résumé, les conditions étaient si favorables à la France, qu'il est difficile de comprendre le refus de Napoléon. Mais il le fit (14), arguant que les négociations n'auraient jamais dû être faites sur la base de l'uti possedetis (ce qui était faux, Talleyrand l'ayant accepté le 1er avril), et déclara que ce serait un déshonneur de traiter à partir de ces bases. Ni les Français ni les Anglais ne publièrent ce traité (15). Les historiens s'interrogèrent. L'explication la plus convaincante est qu'il n'était pas prévu qu'il soit rendu public. En Angleterre, le gouvernement craignait la désapprobation de l'opinion publique si des conditions si favorables à la France étaient connues. En France, on peut penser que Napoléon ne souhaitait pas non plus que ces conditions si favorables soient connues, parce que leur rejet ne serait compris que d'une manière – le choix délibérée de saboter les pourparlers. De récents historiens (Lentz, Schroeder) ont également noté que Napoléon était très soucieux de ne pas apparaître comme celui qui serait la cause du conflit. Les discussions s'effilochèrent, pour finalement s'arrêter le 6 octobre – Napoléon était déjà parti pour combattre la Prusse. Le récent biographe de Talleyrand, Emmanuel de Waresquiel, en étudiant ces discussions sous le prisme de Talleyrand, montre que le ministre s'attacha aux négociations avec la plus grande détermination comme à aucun autre moment de sa carrière, essayant de trouver un point d'accord avec les Anglais. Et que, à travers toutes les discussions, l'empereur, avec ses changements de position et ses dissimulations, l'avait systématiquement humilié et avait saboté son travail.
La critique la plus dure de l'Empereur éclata lorsqu'il choisit de remplacer Talleyrand auprès des Anglais, par le tenace Clarke (juillet) et par Champagny (août). Savary, aide de camp de Napoléon et plus tard chef de la police, remarquait dans ses Mémoires : « Monsieur de Talleyrand poussait les conférences avec l'Angleterre avec activité. Rien ne lui eût coûté pour faire conclure la paix. » (16)

Les négociations de paix avec la Russie

Pendant les discussions avec les Anglais, la France menait également des échanges secrets avec les Russes. Comme nous l'avons vu, un point originel de discussion dans les négociations franco-britanniques du printemps 1806, portait sur la participation (ou non) de la Russie. Du côté français, Talleyrand maintenait l'idée que la Russie n'était plus en guerre avec la France depuis que la Troisième Coalition avait disparu, et donc qu'il n'était pas nécessaire de faire appel à elle. Du côté anglais, Fox se braquait en déclarant que la paix devait se faire avec l'Angleterre et la Russie ensemble, ou pas du tout. En avril, Fox écrivit au ministre des Affaires étrangères russe Czartoryski exprimant son désir que la Troisième Coalition, alliance offensive devienne une alliance défensive. Czartoryski fit partir pour Londres un envoyé spécial et un négociateur, Oubril, « un homme sage sur la prudence et les principes duquel les deux cours alliées pouvaient se reposer, » pour Vienne et Paris. (17)
Après avoir passé deux mois à Vienne à discuter avec les ambassadeurs français et anglais, Oubril partit pour Paris où il arriva le 8 juillet et se mit en contact étroit avec Yarmouth (18), néanmoins prêt à traiter avec la Russie seule si besoin était. Après leur conversation, l'agent anglais apprit qu'Oubril avait écrit que le Tsar accepterait la cession de la Sicile en échange de compensations. Le 18 juillet, Fox écrivit à Yarmouth pour lui suggérer que l'Angleterre  laisserait la Sicile si la Russie recevait des territoires en Dalmatie et en Istrie. Fox voulait également que Yarmouth agisse de concert avec Oubril. Cependant, en dépit des essais de Yarmouth pour ramener au calme l'impatient Oubril, la France et la Russie signèrent un traité de paix le 21 juillet (sub spe rati, c'est-à-dire en espérant que le Tsar voudrait ratifier le texte) par lequel la Sicile revenait à la France et les îles Baléares au Prince Royal de Naples, les souverains recevant alors des compensations financières. Il est vrai que cet accord allait au-delà des instructions initiales d'Oubril (19)  mais ce dernier savait que le ministre des Affaires étrangères Czartoryski resté en Russie avait été remplacé par le baron Budberg, qui était moins favorable à une alliance avec l'Angleterre (aussi, signer seul ne comportait pas tant de risque). Et Oubril savait qu'Alexandre était plus enclin à faire la paix que Czartoryski. Le traité fut renvoyé à Saint-Pétersbourg pour la ratification, tandis que Napoléon essayait de gagner du temps avec les négociateurs anglais.(20) L'empereur faisait traîner en longueur les discussions dans l'espoir que la paix avec la Russie pourrait lui faire oublier les négociations avec les Anglais.(21)
 
Finalement, arriva à Paris le 3 septembre la nouvelle que le Tsar avait refusé le texte du traité signé, avec témérité, par Oubril. Dans une lettre à Joseph datée du même jour, Napoléon estimait que la raison en était le changement de ministres russes. Il indiquait aussi le fait qu'Alexandre ne lui avait signifier qu'une seule cause à son refus : il ne voulait pas signer sans l'Angleterre (comme il avait été convenu au printemps). (22) Talleyrand pensait lui que le refus russe était le résultat d'actions concordantes avec le parti de Grenville (23) , même si cela paraissait improbable, particulièrement quand Oubril lui-même pensait avoir dépassé son mandat. Ainsi, il écrivit à Paul Stroganov : « Je trouve nécessaire de songer à ma justification à Saint-Pétersbourg pour avoir fait l'opposé des ordres dont j'étais muni. Je m'y rends aujourd'hui pour présenter et mon ouvrage et ma tête afin de me punir si j'ai mal fait. » (24)
Une fois qu'Alexandre eut refusé de ratifier le traité, l'Angleterre revint sur son offre généreuse. En octobre, il était clair pour tous que la France et la Prusse allaient s'affronter. Et fort de cette certitude, le traité avec les dernières propositions de Lord Lauderdale devenait très dur et irrecevable. Son dernier traité, daté du 4 octobre 1806, fut rendu public, afin de monter la fermeté dont il fit preuve durant les négociations avec la France.

Les affaires prussiennes

La détérioration des relations avec la Prusse prit place dans ce contexte de négociations internationales croisées, et de la création de la Confédération du Rhin.
La Prusse se retrouva en guerre contre l'Angleterre (et la Suède lui était aussi hostile) et encerclée par la France dont les troupes (sans oublier celles de la Confédération du Rhin) stationnaient encore en Allemagne, et qui rentrait dans toute alliance qui ne l'accepterait pas. Il est vrai que les diplomates français ont suggéré à Frédéric Guillaume de créer une Confédération du Nord (pour équilibrer la Confédération du Rhin) avec la Prusse à sa tête, mais seul le Hesse-Cassel montra quelque enthousiasme, les principautés de Lippe, Reuss et Waldeck se sentant plus attirées par la Confédération du Rhin, et Oldenburg et les deux Mecklemburg étant sous l'entière influence de la Russie. De plus, Napoléon interdira aux villes hanséatiques d'en faire partie. La Saxe ne montra pas non plus d'enthousiasme pour cette confédération, mais, menacée par les troupes prussienne, s'allia tout de même à la Prusse. Cette dernière, réalisant qu'elle était complètement isolée, se tourna vers la Russie. Des négociations secrètes avaient déjà été entamées en juin, et des accords préliminaires signés le 30 juin et le 24 juillet 1806, renouant avec l'alliance défensive de 1800. Le 23 juin, Frédéric Guillaume avait aussi envoyé au Tsar une lettre dans laquelle il appelait Napoléon « l'ennemi ».
A la même époque, les rumeurs grandissaient dans la capitale prussienne. Et Murat, dans son grand duché de Berg,  avait failli tirer l'épée contre les Prussiens lors de l'occupation de territoires cédés à la France après le Traité de Paris. C'est dans ce contexte tendu que le 7 août éclata la nouvelle – que Lord Yarmouth communiqua à l'ambassadeur prussien Lucchesini lors d'une beuverie – que Napoléon avait offert le Hanovre à l'Angleterre. La Cour prussienne était dans tous ses états. La Prusse, qui devait se remettre de l'humiliant traité, voyait maintenant son royaume divisé au profit de l'Angleterre, de Murat, de la Bavière et de la Russie (la Prusse craignait que la Poméranie ne soit donnée à la Pologne). C'était un coup à la face.
Le 9 août, Blücher (favorable à la guerre contre la France) transmit la (fausse) nouvelle que la Grande Armée était en train de se concentrer avant que le Hanovre et donc les généraux prussiens n'aient reçu l'ordre de mobilisation. C'est dans cette atmosphère lourde que se produisit « l'incident Palm ». Un libraire, dénommé Palm, de la ville libre de Nuremberg (qui devait bientôt être annexée à la Bavière), avait pris part à la diffusion d'un pamphlet anti-français de 150 pages intitulé (littéralement) « L'Allemagne dans sa plus profonde dégradation» , qui appelait les peuples d'Allemagne à s'unir pour « sauver l'Empire ». Dans une lettre à Berthier, Napoléon ordonna que l'homme soit arrêté et exécuté « sous 24 heures ».(25) Palm fut traduit devant un tribunal militaire le 25 août et exécuté peu après. Quand Berlin apprit la nouvelle, la capitale fut révoltée et les militaires prussiens allèrent aiguiser leurs épées sur les marches de l'ambassade de France. Quand la nouvelle du refus d'Alexandre de ratifier le traité franco-russe atteint Paris le 3 septembre, Napoléon annula les instructions données à la Grande Armée de se préparer à rentrer en France, et le 5 septembre donna les premiers ordres pour organiser la confrontation avec la Prusse. Toute modération avait disparu de la Cour prussienne. Désormais, la guerre était inévitable…
 

Une quatrième coalition ?

La bataille de Iéna est généralement considérée comme la bataille de la Quatrième Coalition. La Prusse, la Russie, la Suède, la Saxe et l'Angleterre sont traditionnellement considérées comme les membres de cette coalition. Cependant, comme nous l'avons vu, dans les années cruciales après Austerlitz, la seule coalition majeure était celle du Grand Empire français et de ses États clients, c'est-à-dire l'Espagne, le royaume d'Italie, les Pays-Bas et les États de la Confédération du Rhin. L'Angleterre ne pouvait pas être considérée comme faisant partie d'une quatrième coalition contre Napoléon puisque, comme nous l'avons vu, elle était en guerre contre la Prusse durant la deuxième moitié de l'année 1806. Et si un diplomate anglais fut envoyé pour établir des discussions, la cession du Hanovre étant le préalable à toute négociation, il ne serait arrivé que le lendemain de la bataille de Iéna, pour trouver les troupes prussiennes en pleine retraite. La Saxe fut le seul pays à combattre auprès de la Prusse à Iéna, mais elle fut forcée de le faire quand les troupes prussiennes entrèrent en Hesse-Cassel, et le fit véritablement contre son for intérieur, ayant traditionnellement eu de difficiles relations avec la Prusse depuis le règne de Frédéric Guillaume II. La Russie également, qui négociait une alliance juste comme de gros nuages s'annonçaient dans le ciel diplomatique, ne se soucia pas d'envoyer des troupes. Aussi, le roi de Prusse et sa Cour firent face, seuls, à la meilleure armée d'Europe et furent balayés de leur pays en quinze jours par la brillante efficacité de la Grande Armée et ses deux commandants, Napoléon et Davout.

Notes

(1) Cité dans A. Rambaud, L'Allemagne sous Napoléon Ier, p. 60.
(2) Frederick W. Kagan, Napoleon and Europe, vol. 1, p. 177.
(3) Cité par A. Rambaud, p. 63
(4) Cité dans Frederick W. Kagan, vol. 1, p. 216.
(5) Mais aussi en ayant pris le Hanovre (sans combat) aux forces françaises le 25 octobre, sans discussion préalable avec Napoléon.
(6) Frederick W. Kagan, vol. 1, p. 544 et suiv.
(7) Marbot, Mémoires du Général de Marbot, vol. 1, p. 254 et suiv.
(8) Napoléon, Correspondance, n° 9 532.
(9) Voir Frederick Kagan, p. 60.
(10) On insistait beaucoup sur sa francophilie, Napoléon lui-même. Dans le Journal de Lady Malcom (écrit par son mari), il est rapporté une conversation du 4 juillet 1816 au sujet de Fox et des discussions de l'année 1806 : « L'Amiral demanda quelle fut la période la plus propice pour les Anglais pour signer la paix, Bonaparte répondit « Quand Lord Lauderdale était à Paris ; si M. Fox n'était pas décédé,la paix aurait été accomplie ». L'Amiral lui demanda alors si sa mort avait changé les articles proposés. Il dit, non, mais qu'il aurait analysés différemment les événements que le firent ses successeurs. L'Amiral observa qu'il [Bonaparte] avait abandonné Lord Lauderdale à Paris, et était parti pour faire la guerre aux Prussiens. Il ria et dit qu'il n'y avait pas de temps à perdre. » Fox fut profondément découragé à la fin des négociations, comme il l'écrivit dans une lettre à son neveu : « Il ne s'agit pas de la question de la Sicile, mais plutôt de la façon traînante et insincère dont les Français agissent qui me révèle qu'ils jouent un double jeu ; dans ce cas, il s'avérait très imprudent de faire des concessions, qui pourraient s'opposer à notre honneur, ou fournirent à nos alliés des éléments plausibles pour nous suspecter, nous faire des reproches ou s'écarter de nous. » Voir Holland Rose, Napoleon, a life, vol. 2, p. 82
(11) E. de Waresquiel, Talleyrand, un prince immobile, p. 358.
(12) Lettre de Fox à Talleyrand, 21 avril 1806 : « Nous voulons la paix : nous sommes alliés avec la Russie ; si nous traitons sans elle, nous serons exposés au reproche d'avoir manqué à la fidélité et aux engagements ». Cité dans P. Coquelle, Napoléon et l'Angleterre, p. 99.
(13) Talleyrand pensait que l'on pouvait la considérer comme telle, puisque la France l'aurait conquise si elle l'avait voulu, et que donc c'était comme si la France la possédait déjà.
(14) Dans sa violente réprobation du traité, faite point par point, envoyée à Talleyrand et datée du 7 août 1806 (Archives du ministère des Affaires étrangères, Mémoires et documents, France, vol. 1777, fol. 85.), Napoléon dit plusieurs fois qu'il considérait le traité comme étant « loin de sa maturité ».
(15) Il fut rendu public 60 ans plus tard dans la Correspondance, n° 10 604.
(16) Cité par E. de Waresquiel, p. 360. Mémoires, vol. 1, p. 264.
(17) Mémoires de Czartoryski, vol. II, chapitre XIII, cité dans Holland Rose, vol. II, p. 71.
(18) Les rapports de police notaient que, non seulement Yarmouth rendait régulièrement visite à sa maîtresse (qui habitait dans le même immeuble qu'Oubril), mais aussi au diplomate russe – le 22 juillet, il y resta toute la nuit ! Cité dans P. Coquelle, p. 107.
(19) Qui étaient : amener la France à évacuer le sol autrichien ; et accorder à Ferdinand de Sicile la Dalmatie, Raguse et l'Albanie, non seulement en compensation  de la perte de Naples et de la Sicile, mais aussi en tant qu'allié-tampon de la Russie en Méditerranée.
(20) Dans une lettre à Talleyrand (18 août, Correspondance, n° 10 662), Napoléon demanda à son ministre de donner l'excuse suivante pour le retard : « ‘L'Empereur chasse, il ne reviendra qu'à la fin de la semaine', voilà toute la réponse à faire. Il faut même marquer cette allure lente et pesante jusque dans les passeports à donner à Yarmouth. »
(21) Voir les instructions de Napoléon à Talleyrand, le 22 août 1806, Correspondance, n° 10 683 : « Je ne verrais pas d'inconvénient que lundi prochain les ministres répondissent pour demander une conférence, et qu'il s'en établît une sur les moyens d'arriver à un résultat. »
(22) Lettre à Joseph, 3 Septembre 1806, Archives nationales, 400 AP 10 (2), fol. 249.
(23) Talleyrand à Napoléon, 3 Septembre, A.N. AF IV, 1674, cité dans Lentz, Nouvelle histoire du Premier Empire, vol. 1, p. 233.
(24) Cité dans Henri Troyat, Alexandre Ier, p. 134.
(25) Lettre du 5 août 1806, Correspondance, n° 10 597.
Titre de revue :
inédit
Mois de publication :
octobre
Année de publication :
2006
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