Un billet de Thierry Lentz : un paradoxe de l’hommage à Jacques Chirac

Auteur(s) : LENTZ Thierry
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Parce qu’elle se sent concernée par tout ce qui touche notre Nation, y compris hors de son champ d’intervention, la Fondation Napoléon a mis son drapeau en berne lundi dernier, jour de deuil national en hommage à Jacques Chirac, président de la République de 1995 à 2007. C’était normal.

Un billet de Thierry Lentz : un paradoxe de l’hommage à Jacques Chirac
Thierry Lentz © Eric Frotier de Bagneux

Féru d’histoire et de civilisations, souvent ambitieux dans le domaine de la mémoire (voir son discours du Vel’ d’Hiv’), Jacques Chirac n’a pourtant jamais inscrit celle de l’Empereur dans ses priorités, pas plus, croit-on savoir, que dans ses goûts intellectuels. C’était son droit le plus absolu en tant que personne, mais beaucoup ont moins bien compris qu’il ait manifesté cette réticence dans le cadre de ses hautes fonctions. Plusieurs bicentenaires importants ont eu lieu pendant ses deux mandats et, à aucun moment, comme président de la République, il n’a été présent dans les commémorations. En 2005, il fit même annuler les manifestations dépendant de l’État pour l’anniversaire d’Austerlitz… tandis qu’il autorisait la présence des plus beaux fleurons de la Marine nationale à des « manœuvres communes » avec la Royal Navy, le 21 octobre, précisément jour du bicentenaire de Trafalgar. Beaucoup de « napoléonistes » lui en ont voulu pour ces décisions qui ne devaient rien au hasard et marquaient une sorte de défiance à l’égard d’une période… qui, quoi qu’il en ait pensé, fait partie de notre histoire nationale.
Partant, nous n’avons pas pu nous empêcher de trouver paradoxal que, pour l’hommage populaire aux Invalides, le cercueil de l’ancien président ait été placé sous le péristyle de la cathédrale, juste en-dessous de la statue de Napoléon. Clin d’œil de notre histoire, sans doute. Elle aura toujours le dernier mot.

Thierry Lentz
Directeur de la Fondation Napoléon

Octobre 2019

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