Il est né à Fougères, le 18 août 1759 (1) dans une famille poitevine établie en Bretagne au XVe siècle.
Il était le fils d'Ambroise Baston, sieur de la Riboisière, conseiller du Roi, lieutenant général civil et criminel de la Sénéchaussée de Fougères et de Jeanne Marie Monnière, sa seconde épouse.
Après ses études au collège de Fougères, puis de Rennes, Jean Ambroise est admis à l'école d'artillerie de La Fère. Il en sort lieutenant en second (avril 1781), en garnison à Valence (il s'y liera avec le jeune officier Napoléon Bonaparte, arrivé en 1785, de dix ans son cadet), puis à Douai, Auxonne et Strasbourg, où il est nommé capitaine au 5e régiment d'artillerie (avril 1791).
Au cours d'un congé semestriel, il avait épousé, à Fougères, le 19 avril 1786, Marie Jeanne Le Beschu de la Raslaye (1760-1844), dont il aura trois enfants, une fille qui n'a pas vécu (1787) et deux fils, Honoré Charles (1788-1868) et Bonaventure Ferdinand (1791-1812).
Officier patriote, Lariboisière sert à l'armée des Vosges, sous Custine (septembre 1792). Nommé chef de bataillon à l'armée du Rhin, il reçoit la sous-direction du parc d'artillerie de Mayence. Après un siège de quatre mois, la ville capitule devant les Prussiens et Lariboisière est retenu en otage jusqu'en décembre 1793.
Nommé ensuite sous-directeur à Landau, il organise un équipage de ponts pour traverser le Rhin et commande l'artillerie devant Mayence.
Promu chef de brigade (colonel) et membre du Comité central de l'artillerie (novembre 1796), il travaille à la réorganisation de l'arme avant d'assurer la direction du parc successivement aux armées d'Angleterre, d'Helvétie (1798), du Danube (1799) et du Rhin (1800).
Nommé général de brigade (août 1803), Lariboisière sert aux camps de Boulogne et de Bruges, sous Davout (1805). Passé à la direction générale des parcs d'artillerie de la Grande Armée, il sert à Austerlitz (2 décembre 1805) et à Iéna (14 octobre 1806). Lors de la poursuite des troupes prussiennes, il fait jeter un pont sur l'Elbe à Tangermüd ; à Lübeck, il est blessé, le 6 novembre 1806.
Le 3 janvier 1807, il est nommé général de division et commandant en chef de l’artillerie de la Garde impériale. À Eylau (7-8 février 1807), il se couvre de gloire.
Au siège de Dantzig, il commande l'artillerie du 10e corps (maréchal Lefebvre). Lors des opérations, il est blessé à la cuisse par un biscaïen qui brise la garde de son épée (19 mai 1807). Le 4 juin 1807, il est promu grand officier de la Légion d'honneur (Almanach impérial de 1810, p. 146).
Peu après, il fait construire, sur le Niemen, le radeau qui sert à l'entrevue entre Napoléon et le tsar Alexandre Ier (25 juin 1807), prélude au traité de Tilsit.
Nommé gouverneur du Hanovre, il est remarqué par son administration intègre (il refuse une grosse somme d'argent que les magistrats du pays voulaient lui offrir).
En décembre 1807, profitant d'un temps de paix, Lariboisière achète le château de Monthorin, un imposant bâtiment construit au XVIIe siècle, à Louvigné-du-Désert, près de Fougères (Ille-et-Vilaine ; voir Répertoire mondial…, p. 122). Ce château sera sa résidence préférée, il l'agrandira et l'embellira.
Mais l'Empereur a besoin de lui, il l'appelle au commandement en chef de l'artillerie de l'armée d'Espagne (20 février 1808). Fin mars, il arrive à Madrid. Dans quelques mois, il va y retrouver son plus jeune fils, Ferdinand qui, en sa qualité de page de l'Empereur, accompagne Napoléon en Espagne (2). Le général Lariboisière sert à Somo-Sierra (30 novembre 1808) et lors de la prise de Madrid (3 décembre 1808).
Par lettres patentes du 26 novembre 1808, il est fait comte de l’Empire, avec un majorat composé de propriétés en France et de terres en Pologne et en Westphalie.
Rappelé à Paris, le 8 mars 1809, il est nommé, le lendemain, directeur général des parcs d'artillerie de l'armée d'Allemagne. En mai, le général Lauriston étant muté à l'armée d'Italie, Lariboisière assure le commandement de l'artillerie de la Garde impériale. Le 15 juin, en l'absence de Songis (malade), il commande en chef l'artillerie de la Grande Armée. Il assure la retraite de l'armée après Essling en jetant, avec Bertrand, commandant le génie, neuf ponts sur le Danube et en fortifiant l'île Lobau. Puis, il prend une part décisive à la victoire de Wagram où, avec Lauriston et Drouot, il effectue une première concentration massive d'artillerie (6 juillet 1809).
À Wagram, Honoré Charles, son fils aîné, reçoit le baptême du feu (il venait de sortir de l'École Polytechnique et servait avec le grade de lieutenant d'artillerie). Quant à son second fils, Ferdinand, le page de l'Empereur, il est chargé de porter à l'Impératrice, en brûlant les étapes, la nouvelle de la victoire remportée sur les Autrichiens.
Premier inspecteur général de l'artillerie, en remplacement de Songis décédé (1761-1810), Lariboisière cherche à renforcer la mobilité et la puissance de l'artillerie, s'attachant en particulier à développer les armes à longue portée pour le bombardement des villes espagnoles (mortier de Villantroys et fusée incendiaire rénovée par Congrève, en Angleterre) (3). En 1811, en prévision du siège de Cadix, il crée un atelier de fusée à Toulon, au cours d'une tournée d'inspection et encourage les travaux du capitaine Jacquier, à Séville (4).
En 1810, Lariboisière achète l'hôtel du président Le Peletier de Rosambo, aux nos 62 et 64 de la rue Bondy, aujourd'hui rue René-Boulanger, à Paris (10e). Cet hôtel disparaîtra lors du percement de la rue Taylor en 1880.
Le 9 janvier 1812, il est nommé commandant en chef de l’artillerie de la Grande Armée et, en prévision de la campagne de Russie,
Napoléon le charge de réunir l'énorme matériel nécessaire. Ses préparatifs terminés, Lariboisière rejoint l'Empereur, le 1er juin 1812, à Posen et, le 24 juin, l'armée d'invasion franchit le Niemen à Kovno. Ses deux fils servaient dans cette Grande Armée : l'aîné, Honoré Charles, lieutenant d'artillerie, comme aide de camp de son père ; le plus jeune, Ferdinand, l'ancien page de l'Empereur, comme lieutenant au 1er régiment de carabiniers.
Dans la marche vers Moscou, une concentration massive d'artillerie a raison de la défense de Smolensk (17 août) et, la veille de la bataille de la Moskowa-Borodino (7 septembre 1812), Lariboisière fait construire trois batteries fortifiées pour contrebalancer les redoutes russes.
À la Moskowa, il a la douleur de perdre son fils Ferdinand, à vingt et un ans. Celui-ci, atteint à l'aine, ne survit que quelques heures. Le tableau de Lejeune (Bataille de la Moskowa, 7 septembre 1812, Musée national du château de Versailles ; voir L'Histoire de Napoléon par la peinture, p. 240-241) représente (détail) le général Lariboisière entre ses deux fils : l'un mourant, l'autre qui apporte à son frère la croix d'honneur décernée par l'Empereur.
Lors de la retraite, Lariboisière met Smolensk en état de défense avant de l'évacuer, après avoir fait sauter les fortifications et il sert à Krasnoë (16-19 novembre 1812). Atteint d'une fluxion de poitrine, il est à l'arrière-garde de l'armée, avec Planat de la Faye et son fils Honoré, ses officiers d'ordonnance (lors du passage de la Bérésina, son fils a les pieds gelés). Ils poursuivent sur Wilna et Koenigsberg, où le général, fatigué et malade, meurt d'épuisement (son fils a pu le rejoindre), le 21 décembre 1812, à 53 ans.
Sa mort est annoncée dans le Moniteur de l'Empire du 7 janvier 1813, par le Prince de Neuchâtel, major général : l'armée vient de faire une grande perte avec la mort du général comte de Lariboisière, » un officier de très grand mérite « .
Le 20 mars 1813, aux Tuileries, l'Empereur revoit le fils du général et lui dit avec émotion : » La mémoire de votre père m'impose de songer à vous « . Deux jours après, Honoré est nommé chambellan et, pendant les Cent-Jours, Napoléon le reprendra comme officier d'ordonnance.
Le corps du général comte de Lariboisière repose aux Invalides avec celui de son fils Ferdinand dans la crypte de la chapelle du Dôme (Répertoire mondial…, p. 272). Son coeur et celui de son fils Ferdinand ont été déposés dans la chapelle du château de Monthorin (Répertoire mondial…, p. 122).
Le nom du général de Lariboisière est inscrit au côté est de l’Arc de triomphe de l’Étoile (5).
Sa statue équestre, en bronze, installée à Fougères, a été enlevée par l'occupant en 1942 ; une réplique en plâtre se trouve au château dans la cour Surienne (Répertoire mondial…, p. 122). La Bibliothèque municipale possède un beau volume en maroquin bordeaux contenant 74 lettres de Napoléon à Lariboisière. Sont également conservés : les brevets du général, son épée dont la garde a été brisée par un biscaïen au siège de Dantzig et le sabre de son fils Ferdinand.
À Paris, une statue du général (en pied, en grand uniforme, la tête nue, tenant un sabre à la main) est placée dans l'une des niches de la façade du palais du Louvre, rue de Rivoli.
Honoré Charles Baston, comte de Lariboisière (Fougères, 1788-Paris, 1868), le fils survivant, quitte l'armée après Waterloo ; il sera député de Fougères (1828-1834), sénateur sous le Second Empire et Grand officier de la Légion d'honneur (1850).
Sa première épouse, Élisa Roy (1794-1851), sans postérité, légua sa fortune à la Ville de Paris pour la fondation de l'Hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, à Paris (10e). Elle repose dans la chapelle de cet hôpital, sous un magnifique tombeau dû au sculpteur Marochetti (6).
Auteur : Marc Allégret
Revue : Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro : 439
Mois : février-mars
Année : 2002
Pages : 63-64
Notes
(1) À Fougères, l'emplacement de la maison natale du général Lariboisière se trouvait au n° 41 de la rue de la Forêt ; une plaque commémorative le rappelle (Répertoire mondial des souvenirs napoléoniens, p. 121).
(2) Sur les Pages de l'empereur, voir l'étude de Jean-Pierre Zauberman (La revue de l'ACMN, n° 40, 1er semestre 2001, p. 45).
(3) Les Anglais, qui avaient beaucoup souffert aux Indes des fusées utilisées par Tippo Sahib, en 1799, donnèrent suite aux propositions de l'un de leurs officiers, Congrève (1772-1828). Les fusées incendiaires anglaises causèrent beaucoup de dommages à Boulogne (1806), à Copenhague (1807) et à l'Ile d'Aix (1809). Enfin, elles ont été utilisées à Waterloo (1815) sur le bois d'Hougoumont (voir Dictionnaire Napoléon, p. 769, rubrique » Fusées à la Congrève « , par le général Cazelles).
(4) Des fusées furent fabriquées à Toulon, à Séville et à Hambourg (initiative de Davout, en 1813). Mais, elle n'étaient pas au point et finalement elles ne furent pas utilisées par les forces françaises entre 1811 et 1814 (Dictionnaire Napoléon, p. 769).
(5) Ses décorations : Légion d'honneur (membre : 11 décembre 1803 ; commandant : 14 juin 1804 ; grand officier : 4 juin 1807, Almanach impérial, 1810, p. 146) ; chevalier de l'ordre de Saint Henry de Saxe : 29 juin 1807 ; commandeur de l'ordre militaire de Charles Frédéric de Bade : 3 février 1808, Alm. imp., 1810, p. 166 ; grand dignitaire de l'ordre de la couronne de fer d'Italie : 1809, Alm. imp., 1810, p. 164.
(6) Sources : Roman d'Amat, Dictionnaire de biographie française, fasc. CXII, XIX-112 (1999), notice P. Bret ; Dictionnaire Napoléon, p. 1033, notice J. Tulard ; G. Six, Dictionnaire des généraux et amiraux de la Révolution et de l'Empire, tome 2, p. 60 ; Docteur Dupuis, » Le général comte de Lariboisière « , Revue du Souvenir Napoléonien, n° 332, novembre 1983, pp. 12-18 ; voir notamment la descendance.