Trône de Napoléon Ier (du Corps législatif)

Artiste(s) : JACOB-DESMALTER François-Honoré Georges, Picot Augustin-François-André, Poyet Bernard
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Trône de Napoléon Ier (du Corps législatif)
© Les Arts Décoratifs, Paris, photo Jean Tholance.

Si Napoléon se montrait simple dans ses goûts personnels – son mobilier de campagne, sobre et fonctionnel, en témoigne -, il voulait en revanche donner de son régime une image fastueuse à travers le luxueux aménagement des résidences impériales et des bâtiments officiels. Symbole par excellence du pouvoir, le trône de l’Empereur ne pouvait que s’inscrire dans cette politique de représentation.

En 1804, Percier et Fontaine furent chargés de concevoir le décor et le mobilier des salles du trône des palais des Tuileries et de Saint-Cloud, puis, en 1807, de Fontainebleau. Pour le trône du Corps législatif, c’est Bernard Poyet qui fut sollicité. Ce dernier était l’architecte du Palais Bourbon dans lequel siégeait l’assemblée et, en 1806, il fut chargé de concevoir la nouvelle façade de l’édifice (actuelle Assemblée nationale). Il donna également les dessins pour le modèle du trône que l’Empereur occupait lorsqu’il venait siéger aux séances du Corps législatif. Différents modèles l’inspirèrent : les fameux trônes dit de Bacchus et de Cérès, qui avaient été pris au Vatican suite au traité de Tolentino (février 1797) et étaient exposés depuis 1803 dans la galerie des Antiques du musée Napoléon, ainsi qu’un modèle dessiné par Percier et Fontaine. Poyet les adapta en ajoutant un fronton cintré encadré de deux aigles, en supprimant les décors sculptés des côtés pour privilégier la dorure du bois lisse, et en remplaçant ceux du dossier et de l’assise par un riche velours grenat brodé de fils d’argent dont les motifs évoquent la Justice.

Le trône de l’Empereur au Corps législatif se distingue par sa forme lourde et massive, par l’ostentation de son bois doré et la superbe de ses accotoirs faits de chimères ailées à têtes de lion s’appuyant sur une seule patte. Le décor sculpté a subi de nombreuses modifications. Les emblèmes napoléoniens ont été pour la plupart supprimés après la chute de l’Empire. Un dessin de Jean-Baptiste Isabey au moment du mariage avec Marie-Louise nous en révèle ainsi la conception originale. Le chiffre N s’inscrivait au centre de la couronne de laurier et deux aigles impériales encadraient le fronton cintré. Elles ont été remplacées par les pommes de pins aujourd’hui visibles alors qu’une couronne royale a été ajoutée au milieu du dossier. En dépit de ces modifications, l’imposante majesté de la dignité impériale s’incarne toujours pleinement dans ce trône.

Karine Huguenaud, mars 2009

Date :
1805
Technique :
Bois sculpté et doré recouvert de velours rouge, décoré d'une broderie en argent
Dimensions :
H = 160 cm, L = 110 cm, P = 82 cm
Lieux de conservation :
Paris, Musée des arts décoratifs
Crédits :
© Les Arts Décoratifs, Paris, photo Jean Tholance.
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