Présentation
« Il y a un pacte vingt fois séculaires entre la grandeur de la France et la liberté du monde. » Cette phrase prononcée par le général de Gaulle en 1941, reproduite par André Malraux dans Les Chênes qu’on abat (1971), a-t-elle encore un écho ? Depuis le XVIe siècle, la France surprend la diplomatie internationale par sa liberté. Allié des Ottomans sous François Ier ; dissident de l’alliance catholique sous Louis XIII ; héritier du royaume d’Espagne sous Louis XIV ; impérial, royal puis républicain au XIXe siècle ; vaincu puis ressuscité pendant la Seconde Guerre mondiale ; allié des Américains, mais amie de la Chine et de la Russie communiste pendant la Guerre froide, notre pays a fondé sa souveraineté sur une doctrine dite réaliste. C’est-à-dire qu’elle reconnaît moins des régimes que des Etats. Alors que l’invasion de l’Ukraine a ressuscité l’Otan et stimulé l’Union européenne, que reste-t-il de cette autonomie ? Le terme même d’indépendance, sur une planète à nouveau polarisée entre Orient et Occident, Nord et Sud, a-t-il encore le moindre sens ? A cette interrogation s’ajoute celle de la relation de la France avec ses anciennes colonies africaines où, longtemps, elle a continué d’exercer une influence considérable par le biais de ce qu’on appelait alors la Françafrique, aujourd’hui anachronique. Quid du Proche Orient ? Paris passe pour être l’allié naturel du monde arabe mais, à l’heure du réveil de l’islam et des conflits de nature terroriste, est-ce toujours le cas ? Alors que son économie périclite, que la puissance de son armée est discutée, que sa souveraineté doit, fatalement, s’articuler avec l’Union européenne, est-elle encore capable de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale ? Autant de questions qui reviennent à dessiner les contours de notre avenir, à envisager la façon dont, en tant que Français, nous nous projetons dans les bouleversements planétaires et dans la définition de notre identité. Voilà pourquoi nous avons décidé d’en discuter dans un débat où le regard du chercheur croisera celui du diplomate et de la journaliste afin d’établir le juste bilan de l’influence de la France depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et d’envisager les conditions de son indépendance dans les prochaines décennies.
Né en 1990, diplômé en droit international, Chervine Oftadeh est diplomate, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest. Il a travaillé au sein de plusieurs organisations sur des questions liées à l’Etat de Droit et à la justice internationale, avant de rejoindre le service de coopération de l’Ambassade de France au Bénin. En 2018, il est recruté au sein du corps diplomatique de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONU DC) au Nigéria. Depuis 2021, il est expert de la prévention du crime et de la justice pénale au siège de l’ONU DC à Vienne (Autriche).
Jean-François Figeac, né en 1989, est responsable éditorial de l’encyclopédie universitaire consacrée à l’histoire de l’Europe conçue par le laboratoire EHNE (Sorbonne Université). Il a soutenu, en 2021, une thèse sur « La question d’Orient dans l’opinion publique française (1798-1861) ». Son premier livre, La France et l’Orient, de Louis XV à Emmanuel Macron (Passés Composés), est paru en 2022.
Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne, viendra participer au débat.
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