Présentation
Hippolyte Taine comparait Napoléon à une météorite tombée sans crier gare sur la France à un moment — la fin de la Révolution — où elle était trop lasse pour parer au danger. Ainsi, un homme seul avait pu faire main basse sur un pays tout entier. Taine était injuste. Il détestait Napoléon et n’aimait pas beaucoup plus la France, à qui il reprochait de ne pas être devenue une autre Angleterre. Aucun des grands historiens du XIXe siècle n’a fait l’éloge du personnage qui pourtant remplissait leur siècle de son souvenir écrasant. Chateaubriand, Guizot, Michelet, Quinet, pour tous il illustre par quelque côté le «malheur français». Loin d’être le flibustier imaginé par Taine, Napoléon leur apparaît, qu’ils soient républicains ou libéraux, comme un symptôme. D’immaturité collective, assurent les uns, d’un penchant français pour la servitude, jurent les autres. Mais une poignée d’historiens ne font pas le printemps. Pour d’autres encore, plus nombreux, il aura illustré la nation et, en dépit des échecs, illustré ce qu’elle a de meilleur. On évoquera ces débats afin de comprendre si la France explique Napoléon — pourtant venu d’ailleurs — et si, deux siècles après, Napoléon a encore quelque chose à nous dire sur la France.
Historien connu et reconnu, membre du jury des prix et bourses de la Fondation Napoléon, Patrice Gueniffey a publié de nombreux articles et ouvrages, dont un fameux Bonaparte (Gallimard, 2013).
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