Présentation
Au lendemain du coup d’État du 18 Brumaire, le monde dramatique s’empresse de célébrer Bonaparte par des couplets et des impromptus de circonstance qui exaltent le général, noircissent les Jacobins, stigmatisent gaiment l’instabilité du gouvernement du Directoire. Les pièces traitant de la « Journée de Saint-Cloud » sont si nombreuses que la censure étatique est forcée d’intervenir sur des textes souvent trop politisés, la gaité vaudevillesque qui en caractérise la plus grande partie s’accompagnant d’une « écriture slogan » permettant la porosité entre espace de la fiction et espace public. D’après Muret, « le théâtre, qui avait tant célébré la République, l’enterrait gaiement en couplets », puisque textes et musique participent conjointement à ironiser sur la situation socio-politique précédant l’intervention de Bonaparte. Tout comme d’autres productions contemporaines, le monde dramatique concourt donc de façon massive à légitimer le coup d’état et à imposer le général comme le « héros-sauveur » d’une République agonisante, aidant de la sorte Bonaparte à devenir Napoléon.
Paola Perazzolo est professoressa associata en littérature française à l’Université de Vérone. Elle s’intéresse à la production romanesque et dramatique du XVIIIe siècle et du Tournant des Lumières. Elle est l’auteure d’une monographie sur Isabelle de Charrière, et a republié deux pièces de la décennie révolutionnaire : (G.-M. Legouvé, La mort d’Abel, Cambridge, MHRA, 2016; H. de Guerville, La Liberté conquise ou le Despotisme renversé, Verona, Fiorini, 2012).
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