Musée Napoléon de Thurgovie – château et parc d’Arenenberg

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Bien que le gouvernement suisse ait interdit tout séjour à la famille Bonaparte sur le territoire helvétique, la reine Hortense put acquérir le domaine d’Arenenberg avec l’accord du canton de Thurgovie en février 1817. Pendant la période des travaux d’aménagement, et pour ne pas causer de problèmes aux Thurgoviens, elle s’installa à Augsbourg, en Bavière, à proximité de son frère Eugène, ne passant que les mois d’été sur les rives du lac de Constance. Son fils, Louis-Napoléon, le futur empereur Napoléon III, suivait les cours de son précepteur Philippe Lebas ainsi que ceux du lycée Ste Anne d’Augsbourg. Ce n’est qu’à partir de 1823 qu’Arenenberg devint le lieu de résidence permanent de la cour en exil ; jusqu’à  l’hiver 1830-1831, elle passait les hivers à Rome.

Musée Napoléon de Thurgovie – château et parc d’Arenenberg
Le château d'Arenenberg vu du petit lac © Musée Napoléon de Thurgovie

La duchesse de Saint-Leu s’éteignit dans son château le 5 octobre 1837 et Louis-Napoléon quitta définitivement la Suisse un an plus tard. Lors de son emprisonnement à la forteresse de Ham, ayant vendu presque toutes ses possessions, il se sépara également du domaine d’Arenenberg (1843), mais s’assura du droit de rachat. Ce que Napoléon III put faire en 1855. Il ne se rendit sur les lieux de sa jeunesse qu’une seule fois, en août 1865.

Après le décès de l’Empereur, l’impératrice Eugénie et le Prince impérial passèrent les étés à Arenenberg (1873 à 1878). C’est là que les bonapartistes se retrouvaient pour le 15 août. C’est là qu’ils rencontrèrent le roi de Wurtemberg, le grand-duc de Bade ou la reine de Hollande et le prince héritier. Après la mort tragique du Prince impérial le 1er juin 1879 en Afrique du Sud, l’impératrice Eugénie perdit alors tout intérêt pour le domaine. Elle en fit don en 1906 au canton qui avait accueilli son mari et sa mère dans une période si difficile et leur avait offert un asile. La demeure principale continua à être un musée, un lieu qui déjà pouvait se visiter depuis l’automne 1855. Les dépendances devinrent salles de classe pour l’école d’hiver d’agriculture du canton de Thurgovie.

Dominant la partie inférieure du lac de Constance, le château d’Arenenberg ne laisse pas présager sous son apparence de maison de campagne des trésors qu’il recèle. Au fil de la visite se succèdent ainsi de remarquables ensembles mobiliers et décoratifs de style Premier Empire, Biedermeier et Second Empire, complétés par une exceptionnelle collection d’œuvres d’art. S’y distinguent plus particulièrement les noms de Chinard, Canova, Gros, Robert Lefèvre, Gérard, Isabey et Girodet-Trioson pour le Premier Empire, ceux d’Alfred de Dreux, Winterhalter, Carpeaux, Meissonier, Hébert, Flandrin, Detaille, Nieuwerkerke et Giraud pour le Second Empire.
Les aménagements entrepris par la reine Hortense, puis par l’impératrice Eugénie, ont été respectés avec soin et le lieu a gardé l’empreinte de ces deux femmes. Depuis des années, une pièce après l’autre est restaurée. Ainsi la chambre à coucher de la reine Hortense a repris ses couleurs d’origine. Il en est de même pour le mobilier et les tableaux. Des recherches sont effectuées pour retrouver les traces de l’ameublement de cette époque. Les pièces aménagées pour l’impératrice Eugénie ont elles aussi gardé leur état historique. Son salon privé offre par exemple l’expression la plus pure du style Second Empire. Les sculptures de Carpeaux et les portraits de Winterhalter consacrés à la famille impériale y ont été réunis pour cette raison.

Face au château subsiste encore une chapelle néogothique édifiée par la reine Hortense en 1831-1832. Une statue de Bartolini représentant Hortense à genoux et provenant de son tombeau à Rueil-Malmaison y fut installée en 1858. Chaque année, une messe de requiem est célébrée à la mémoire des quatre habitants principaux d’Arenenberg : la reine Hortense, Napoléon III, l’impératrice Eugénie et le Prince impérial, dont les bustes décorent le chœur.

Depuis l’été 2008, le parc paysager est ouvert au public. Depuis les années 60, il avait presque entièrement disparu sous des masses de terre, la nature avait alors pris ses droits et tout recouvert. Des trésors s’y cachaient : une fontaine, des grottes en stuc et concrétions et les fondements de l’ermitage. Le chemin menant de la chapelle au parc est remplacé par un grand escalier, les plantations de fleurs ont pu être reconstituées, la fontaine fonctionne à nouveau, des bancs sont répartis et permettent de profiter des lieux et de la vue sur le lac inférieur. Un petit « kiosque impérial » offre un choix de boissons, glaces et les produits du musée : bière blonde impériale, flûtes et café impériaux !

Christina Egli
Conservateur au musée Napoléon Thurgovie

Pour aller plus loin
► 2010-2011. Une découverte sensationnelle au château d’Arenenberg : la salle de bain de Napoléon III

► 2020 – Quelques clichés de la chambre et du salon d’Eugénie, restaurés

 

MàJ : juin 2020

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