La 1ere campagne d'Italie-Les Italiens dans l'armée française en 1796-1797

 




LA LIBERTÉ EN ITALIE

Les Italiens dans l'armée française en 1796-1797

Professeur Francesco FRASCA
Université La Sapienza, Rome




« Chi non vorrebbe Bonaparte per legislatore, per capitano, per padre, per capo spirituale ? »
Ultime lettere di Jacopo Ortis

« Qui ne voudrait de Bonaparte pour législateur,
pour capitaine, pour père, pour chef perpétuel? »
Les dernières lettres de Jacques Ortis

Ugo Foscolo



Ayant séparé Piémontais et Autrichiens, Bonaparte, après les combats de Cairo Montenotte et de Mondovi, contraignit le roi de Sardaigne à l'armistice de Cherasco, il battit les Autrichiens au pont de Lodi et entra dans Milan. Dès lors, Bonaparte remplaça en Italie les vieilles principautés par des républiques « soeurs ».

La République transpadane comprenait les territoires de la rive gauche du Pô, à savoir : la Lombardie, avec Mantoue, Bergame, Brescia, Crema, Peschiera, la Valteline. Elle fut réunie par Bonaparte en juillet 1797 à la République Cispadane, formée à la fin de 1796 de la réunion des gouvernements provisoires de Modène, Ferrare, Reggio Emilia et Massa Carrara, et prit le nom de République Cisalpine. Sa constitution reproduisait presque textuellement la constitution française, son administration fut réorganisée sur le modèle français.

À Milan, Bonaparte remplaça l'Agence militaire française par une Administration centrale de la Lombardie, qui présidait aux deux républiques, il nomma pour la Cispadane une Giunta di difesa generale pour l'organisation de la Garde nationale et de la Légion lombarde, qui devait renforcer les effectifs toujours décroissants de l'armée d'Italie.

Le 17 vendémiaire an V (8 octobre 1796) fut constituée la Légion lombarde :

­ Etat-Major ; Infanterie : 7 cohortes (bataillons) de 5 centuries (500 hommes) 1 de grenadiers, 1 de chasseurs, 3 de fusiliers. Milan : 3 cohortes, Cremone et Casalmaggiore : 1, Lodi et Pavie : 1, Como : 1, Patrioti : 1.
­ Artillerie : 1 compagnie de 48 artilleurs avec 4 canons.
­ Chasseurs à cheval : 1 compagnie de 48 chasseurs.

Ce corps de volontaires était formé de patriotes et de jacobins pour une force théorique totale de 3 741. En réalité, le 18 octobre, il avait 2.720 hommes (1).

Le 9 novembre, la première cohorte de cette troupe reçut sur la place du Dôme, à Milan, avant de partir pour l'Adige, le premier drapeau tricolore.

L'origine de cet emblème dont la destinée devait être si brillante est restée obscure. La plus vraisemblable des hypothèses émises à ce sujet attribue une origine maçonnique aux trois couleurs (vert, blanc, rouge) du drapeau italien. Leur apparition à Bologne, deux ans avant l'arrivée des Français, lors de la tentative de soulèvement de Zamboni et de Rolandis (1794) ; leur adoption simultanée, comme sur un mot d'ordre mystérieux, en Lombardie, en Emilie et en Vénétie, dans des régions que divisaient de vieilles rivalités municipales ; le silence gardé comme une consigne par les contemporains sur les raisons de leur choix ; enfin la présence fréquente d'emblèmes maçonniques sur les écussons, médailles ou en-têtes gravés pendant la période révolutionnaire ; tels sont les principaux arguments apportés à l'appui de sa démonstration. Quelle qu'en soit la valeur, elle ne paraît pas absolument convaincante et reste difficilement vérifiable. N'est-il pas plus naturel d'attribuer l'origine du tricolore à l'esprit d'imitation qui inspirait alors toutes les manifestations extérieures du mouvement révolutionnaire, et de supposer que les républicains italiens auraient copié leur drapeau sur le drapeau français, mais en changeant une couleur pour distinguer l'un de l'autre ? Resterait alors à expliquer pourquoi le vert a été choisi.

Albert Pingaud, dans son ouvrage Bonaparte président de la République italienne estime que trois hypothèses peuvent être émises à cet égard :
« 1° Bonaparte lui-même aurait conseillé ou imposé l'adoption du vert, parce que c'était la couleur corse, qu'il devait plus tard donner à sa maison.
2° C'était aussi la couleur qui formait avant la Révolution le fond de l'uniforme de la milice urbaine de Milan.
3° N'était-elle pas enfin considérée comme la couleur italienne? Un passage suivant d'une note officielle, datée de 1805 et insérée dans le dossier de la création de l'ordre de la Couronne de fer tendrait à le faire croire. Outre que la couleur verte a déjà été adoptée, il semble que ce soit naturellement celle de tout ce qui est italien ; ce qui, dans l'origine, vient peut-être de l'idée de désigner la plus grande force de végétation que la nature déploie en Italie comparativement aux pays septentrionaux. »

Parmi les premiers drapeaux tricolores italiens, l'un des mieux conservés et des plus curieux est celui de la 6e cohorte de la Légion lombarde, que les Autrichiens prirent en 1799, et qui sont disposées en trois bandes perpendiculaires à la hampe, le vert en haut, et la partie blanche est ornée d'un triangle échancré, surmonté d'un bonnet phrygien (2).

La Légion lombarde fut présente à Arcole le 15 novembre 1796 et elle connût sur le fleuve Senio, à proximité de Faenza, son baptême du feu, contre les troupes pontificales. Occupant Ancône, la 4e cohorte lombarde fut envoyée à Pesaro contre des insurgés, et ensuite à Urbino, qui fut prise par les Cisalpins. Après la paix de Tolentino (19 février 1797), la Légion lombarde fut cantonnée à Brescia, puis à Vérone en appui aux corps français, qui étaient engagés dans des opérations contre les troupes vénitiennes. Ensuite, une partie de la Légion lombarde s'embarqua pour Corfou, tandis que le reste fut destiné à la place de Peschiera et au Tagliamento en Frioul, où elle stationna jusqu'à la signature du traité de Campo Formio (17 octobre), pour rentrer ensuite en Lombardie.

Le 7 ventôse (26 février 1797) la Légion lombarde formait deux demi-brigades (1re et 2e) de 3 cohortes chacune, complétée par une compagnie d'artillerie et une compagnie de hussards.

En 1798, une brigade cisalpine et la 4e cohorte de la Légion lombarde participèrent aux opérations du général Championnet contre les troupes napolitaines. Urbino, Gubbio et Città di Castello furent occupés par le général Lecchi. En 1799, la deuxième demi-brigade de la Légion lombarde, sous le général Pino, entra en campagne, aux côtés de l'armée de Rome, contre le Royaume de Naples. Les villes d'Ascoli et d'Isernia furent prises par les Cisalpins.

La Légion lombarde incorpora vers la fin de 1797 la Légion cispadane qui tirait son origine de la Légion italienne. Elle venait de s'organiser, le 9 octobre 1796, dans les territoires de la Fédération cispadane : Bologne, Ferrare, Modène et Reggio Emilia. Par le décret du 16 octobre 1796 du Congresso Cispadano, elle fut réunie à Modène, sous le commandement du chef de brigade Angelo Scarabelli Pedoca, ci-devant général du duc de Modène, et recrutée parmi les jacobins modenais et les anciens soldats de Francesco III d'Este.

Devenue, le 1er novembre, Légion cispadane, elle comptait :

­ 5 cohortes d'infanterie : 1re Bologne, 2e Modène, 3e Reggio Emilia, 4e Ferrare et 5e de Bologne,
­ un corps d'artillerie,
­ deux compagnies de chasseurs à cheval.

Enfin, après l'occupation des Légations, en Romagne, à Faenza, fut constituée la 6e cohorte de l'Emilie. Une cohorte comptait alors 1 000 hommes (3).

Le 25 août 1796, la Légion cispadane réunie à Reggio Emilia fut d'abord employée dans des opérations à Montechiarugolo contre les Autrichiens, sortis de Mantoue. Entre-temps, la cohorte de Modène de la Légion cispadane s'était réunie à Ferrare avec la Garde nationale de cette ville et celle de Mirandola, pour se diriger contre une insurrection ayant éclaté à l'arrière des troupes françaises engagées dans le blocus de Mantoue. Ensuite, elle se porta en Garfagnana pour reprendre les villes de Castelnuovo et Carrara, qui étaient tombées sous le contrôle des insurgés, pour poursuivre à San Quirico, près de Lucques, où elle circonscrit un corps anglais qui était débarqué. Le reste de la Légion cispadane était de garnison dans des places situées sur la rive droite du Pô. En 1797, après la reddition de la place de Mantoue (2 février), les légions lombarde et cispadane, troupes auxiliaires de l'armée d'Italie, étaient envoyées en Romagne.

À la fin de 1797, la Légion cispadane fut versée dans la Légion lombarde, devenant la troisième demi-brigade. Les deux formaient le noyau de l'armée cisalpine, dont les cadres, trop nombreux au début pour sa faiblesse numérique, durent être ramenés en avril 1798 de huit à six puis en novembre à quatre demi-brigades. Les 6 000 volontaires cisalpins devinrent 8 000, après la paix de Campo Formio, avec l'incorporation des bataillons vénitiens et brescians de la ci-devant armée de la République de Venise.

Pour rallier au pouvoir les représentants de l'aristocratie, développer en eux l'esprit militaire et créer à peu de frais une pépinière de bons officiers, Bonaparte organisa un corps dénommé « hussards de réquisition ». Par le décret du 24 novembre 1797, 480 jeunes nobles cisalpins étaient destinés à former treize compagnies, dont l'uniforme vert et argent était d'une splendeur si chamarrée que le peuple leur donna le sobriquet de « chandeliers d'argent ».

Les 200 jeunes hommes qui furent enrôlés avaient des obligations de service et ne pouvaient pas se faire remplacer. Ils ne furent pas réunis à la Garde nationale, mais aux troupes de ligne.

Il est intéressant de constater comment Bonaparte fit en Italie la première expérience de Garde d'honneur, qui sera destinée à être poursuivie en France.

La nouvelle armée cisalpine fut sous les ordres du général Martin de Vignolle, commandant en chef du 25 novembre 1797 au 5 mai 1799. Deux légions polonaises (6 000 hommes) y furent versées aux ordres du général vénétien Milossewitz.

La loi du 4 novembre 1797 avait réparti le territoire de la Cisalpine en 7 divisions militaires (Bologne, Ferrare, Mantoue, Lonato, Milan et Cremona) pour l'infanterie, et 3 divisions pour l'artillerie et le génie (Ferrare, Mantoue et Milan).

Il y eut la création à Modène d'une Ecole militaire pour la formation des officiers d'artillerie et du génie, d'un arsenal d'artillerie à Crema, d'une usine nationale d'armement à Brescia et six moulins de poudres en différentes zones du territoire de la République.

Le total des forces de l'armée augmenta à 15 000 hommes, par la réorganisation (vers la fin 1797) de 8 régiments d'infanterie, 1 bataillon d'infanterie légère, 1 corps de cavalerie et 1 corps d'artillerie. En 1798, Bonaparte constitua la Garde du Corps législatif et le Corps du Génie. Le 17 mars 1799 le général Berthier, commandant de l'armée d'Italie déclara la nécessité d'établir un traité offensif-défensif entre la France et la République, qui fut accepté par le Directoire le 18 suivant. Par ce traité la République cisalpine était obligée de maintenir sur son territoire, comme « auxiliaires », 25 000 soldats français pour un total de 44 000 hommes et 3 500 chevaux. Enfin, par le décret du 19 frimaire an VII (29 novembre 1798), l'armée cisalpine fut alors intégrée dans l'armée d'Italie, rassemblée en 6 légions d'infanterie, en 2 régiments (1 de hussards et 1 de dragons) et par la cavalerie (voir Raccolta ordini, VI, p. 38, à l'Archivio di Stato de Milan).

Les lois des 1er décembre 1798 et 30 octobre 1801 sur la conscription, qui inscrirent sur les tableaux 7.000 hommes, n'eurent ni succès, ni suite.

Lors de l'invasion autrichienne, une partie de l'armée cisalpine fut dispersée au milieu des corps français en petits détachements, dont les uns furent enfermés et pris à Ancône, Mantoue et Gênes, l'autre transformée en demi-brigade. Cette armée combattit aux côtés des troupes françaises en 1799, et ses débris repassèrent les Alpes avec elles, à savoir :

À la solde de la France du 30 avril 1799 au 19 juin 1800, l'armée cisalpine fut alors transformée en une Légion italique par le décret du 8 septembre 1799 :

« Le Conseil des Cinq-Cents, considérant qu'un grand nombre de patriotes italiens réfugiés en France brûlent du désir de combattre pour la cause de la liberté qu'ils ont généreusement embrassée à l'entrée des Français en Italie ; qu'en outre, ils ont l'intérêt le plus pressant de rentrer dans leur patrie ;

« Considérant que les circonstances exigent une augmentation dans nos armées, afin de repousser l'ennemi et de fixer de nouveau la victoire sous les drapeaux de la République française, déclare qu'il y a urgence.

« Le Conseil, après avoir déclaré l'urgence, prend la résolution suivante :

« Art. 1er. Le Directoire exécutif est autorisé à créer et solder, aux frais de la République, une Légion étrangère sous la dénomination d'Italique. »

La Légion italique, dont l'organisation et la solde furent tout à fait semblables à celle de la légion des Francs du Nord, recruta des patriotes cisalpins, piémontais, romains et napolitains. Elle s'éleva à près de 8 000 hommes, fut commandée par le général de brigade Lecchi, et passa au compte de la République cisalpine le jour même où y rentrèrent toutes les troupes italiennes, après la victoire de Marengo.

Francesco Melzi d'Eril, patriote milanais, dont Napoléon disait dans ses Mémoires, « le plus accrédité par ses lumières, son patriotisme et sa probité [...], plein d'amour de son pays et tout dévoué à l'idée de l'indépendance de l'Italie » (4), avait posé comme condition sine qua non la reconstitution de l'armée cisalpine pour son acceptation de la vice-présidence de la restaurée République. Or, Melzi jugeait suffisante une force armée de 10 000 ­ 12 000 hommes, organisée par des nationaux et autonome par rapport à l'armée d'Italie (2). À Milan, l'armée fut reconstituée à deux reprises différentes (30 décembre 1800 ­ 18 septembre 1801). Déjà à la Consulte de Lyon (décembre 1801 ­ janvier 1802), où une assemblée de notables cisalpins avait délibéré la naissance de la République italienne, le vice-président Melzi et le président Bonaparte avaient beaucoup discuté de la création d'une véritable organisation militaire.

Au moment de la Consulte, l'armée cisalpine comportait un effectif réglementaire de 24 000 hommes ; en réalité, elle ne comptait que 8 000 présents, dont 1 000 officiers et 24 généraux, répartis en 5 demi-brigades d'infanterie à deux bataillons, des « unités-squelettes », 2 régiments de cavalerie, 1 corps d'artillerie et 1 de génie (voir les tableaux XIV et XV « situation de l'armée au 1er août 1802 »).

Bonaparte chargea alors le général Domenico Pino de réorganiser la Garde nationale et d'équiper deux demi-brigades d'infanterie de ligne, un bataillon d'infanterie légère, un régiment de hussards et une batterie d'artillerie à cheval.

Ces milices devaient former une division commandée par le général Pino lui-même. Réunies à la division du général Giuseppe Lecchi (2 000 hommes), à la « Legione Italica », à un bataillon de tirailleurs brescians (600 hommes), et aux 2 Légions polonaises, elles devaient être la base de la nouvelle armée organisée par la loi du 13 août 1802.

Conclusion

L'armée italienne fut indispensable comme moyen de défense, l'Italie s'étant assurée pour la première fois la puissance matérielle nécessaire pour sa défense contre les attaques extérieures. L'armée joua également un rôle de premier plan dans le maintien de la paix civile et de l'ordre intérieur. À ce sujet, l'historiographie donne différentes interprétations : Pour Albert Pingaud (articles publiés de 1919 à 1934), « son mode de recrutement la destine à opérer une véritable révolution dans les m&brkbar;urs... Le grand bienfait du service obligatoire sera de préparer une génération nouvelle, en faisant pénétrer dans les couches profondes de la population ces idées de nationalité qui semblaient le privilège d'une élite [...] représentait donc un effort des plus méritoires dans l'&brkbar;uvre de Melzi (4). » Pingaud citait Stendhal : « l'armée créée par Napoléon réunissait dans la même compagnie le sombre Novarais et le gai Vénitien, le citoyen de Reggio et le bon Buseccone de Milan. Elle a produit deux effets : premièrement, la création d'une langue nouvelle, et deuxièmement la haine de ville en ville et le patriotisme d'antichambre diminuaient rapidement dans l'Armée.(5) » Deux historiens italiens, contemporains de Pingaud, Vittorio Fiorini et Francesco Lemmi, étaient du même avis : « E in verita l'esercito fu la più nobile e la più efficace scuola di educazione nazionale del popolo italiano ; in quale in mezzo al fragore delle armi napoleoniche, risveglio e tempro le sue energie sonnechianti da secoli, divenne intollerante di tirannie forestiere ed indigene, si persuase che doveva e poteva riconquistare il suo posto fra le nazioni libere dell'Europa (6) »

Jacques Godechot reprend la thèse déjà soutenue par Albert Pingaud :

« C'est dans l'armée que la bourgeoisie exerce désormais sa prépondérance. L'armée italienne va jouer un rôle de premier ordre, non seulement dans le royaume d'Italie, mais après 1814 [...] La vive opposition recontrée par la conscription n'empêcha pas que le soldat italien, une fois incorporé, se montra excellent. » (7)

Mais si la résignation seule emplissait l'âme de la plupart des soldats enrôlés, ceux-ci développèrent néanmoins dans les unités un esprit de corps assez vivace, en révélant des qualités militaires inattendues : être encadrés dans des unités à composition mixte, et donc aux provenances régionales diverses, avoir son poste loin des lieux d'origine, à côté ou contre des troupes d'autres nationalités, voilà des faits qui ne pouvaient manquer d'éveiller la conscience des devoirs envers une communauté non plus limitée à la ville ou à la province, mais conçue selon une vision plus vaste, même si elle n'était pas pareille pour tous, et même s'il ne s'agissait pas toujours d'une vision nationale unitaire.

La Révolution française eut des répercussions d'ordre divers : idéologiques, politiques, économiques ; en Italie, elle eut des effets non moins notables sur la vie militaire. Le peuple italien eut une remarquable participation militaire dans toutes les guerres de la période napoléonienne. Cette participation connut cependant des débuts modestes : la Légion lombarde et la Légion italienne étaient les deux seules entités existantes. Il s'agissait de formations constituées par des volontaires et des sympathisants de la Révolution. En 1802, la conscription fut introduite dans les départements de la Cisalpine dans un milieu essentiellement hostile. À la fin de l'Empire, plus de 200 000 Italiens combattaient dans la Grande Armée. Finalement, l'armée italienne a été le creuset où les éléments les plus hétérogènes venaient se fondre en un métal unique, qui servit à forger une arme solide et tranchante pour les guerres d'indépendance italiennes. Les idées libérales, tout en traversant mille difficultés, s'imposèrent en Italie dans la seconde moitié du XIXe siècle.

(1) Au quartier général de Milan, le 8 vendémiaire an V (29 septembre 1796), Bonaparte écrivait au général Berthier (Corr. Nap., II, N° 1043) :

« Vous autorisez l'aide de camp Lahoz : 1, à prendre, pour la légion quelques officiers français qui sont surnuméraires, et qui, de bonne volonté, voudront entrer dans la légion; 2, à nommer le capitaine rapporteur de la légion et les membres du conseil militaire, surtout pour ce qui regarde le bataillon étranger. Vous autoriserez l'administration lombarde à donner des brevets pour les officiers qui seront employés dans la légion ; ces brevets devront être approuvés par le général en chef et le commandant de la légion. »

Bonaparte au Quartier général de Milan, le 17 vendémiaire an V (8 octobre 1796) :

« J'approuve le zèle qui anime le peuple de Lombardie ; j'accepte les braves qui veulent venir avec nous participer à notre gloire et mériter l'admiration de la postérité ; ils seront reçus par les Républicains français comme des frères, qu'une même raison arme contre leur ennemi commun. La liberté de la Lombardie, le bonheur de leurs compatriotes, seront la récompense de leurs efforts et le fruit de la victoire. »

Au quartier général de Milan, le 20 vendémiaire an V (11 octobre 1796), Bonaparte écrivait au Directoire :

« ...Vous y trouverez l'organisation de la légion lombarde. Les couleurs nationales qu'ils ont adoptées sont le vert, le blanc et le rouge. Parmi les officiers il y a beaucoup de Français ; les autres sont à l'armée d'Italie. Le chef de brigade est un nommé Lahoz, Milanais : il était aide de camp du général Laharpe ... La légion lombarde sera soldée, habillée, équipée par les Milanais. Pour subvenir à cette dépense, il faudra les autoriser à prendre l'argenterie des églises, ce qui vient à peu près un million... » (Corr. Nap., II, N° 1085).

La légion lombarde reçut le 2 novembre l'ordre de Bonaparte de se rendre à Vérone :

Quartier général de Vérone, le 12 brumaire an V (2 novembre 1796).

Ordre

« La 1re cohorte de la légion lombarde partira le 15 du courant, avec armes et bagages, pour se rendre à Vérone, où elle attendra de nouveaux ordres. » (Corr. Nap., II, N° 1146).

(2) Pour l'Ordre de la Couronne de Fer, voir aux Archives Nationales la cote AF IV 1709. Cf. Albert Pingaud, Bonaparte président de la République italienne, Paris, 1914, pp. 152-153, et Ettore Rota, Storia di Milano ­ L'età napoleonica (1796-1814), p. 97.

(3) Au quartier général de Vérone, le 3 frimaire an V (23 novembre 1796), Bonaparte au général Rusca :

« Le général Berthier vous aura fait part, Citoyen Général, des succès de la bataille d'Arcole et du combat de Rivoli. J'ai reçu la lettre que vous m'avez envoyée du citoyen Milot. Il serait bien temps que votre légion fût enfin organisée. Je désirerais vous appeler à l'armée active, si vos blessures vous le permettent » (Corr. Nap., II, N° 1216) ;

D'après la Correspondance napoléonienne voici décrite la formation de cette légion.

Au quartier général de Modène, le 26 vendémiaire an V (17 octobre 1796) Bonaparte écrivait au Directoire :

« ...Une légion de 2 500 hommes s'organise, habillée soldée et équipée aux frais de ce pays-ci et sans que nous nous en mêlons. Voilà un commencement de force militaire, qui, réunie aux 3 500 que fournit la Lombardie, fait à peu près 6 000 hommes... » (Corr. Nap. II, n° 1095) ; et au citoyen Calcault :

« ...La première légion de la Lombardie est déjà organisée ; la première légion italienne s'organise. C'est le général Rusca qui commande cette légion. Vous sentez bien que j' y ai mis un bon nombre de vieux officiers, accoutumés à vaincre et à commander... » (Corr. Nap. II, N° 1098).

Au Quartier général de Vérone le 3 brumaire, an V Bonaparte au Directoire :

« ...Modène, Reggio Emilia, Ferrare et Bologne, réunis en congrès ont arrêté une levée de 2 800 hommes, sous le titre de 1re légion italienne... » (Corr. Nap. II, N° 1106).

(4) A. Pingaud, op. cit, pp. 218-219, « Le premier royaume d'Italie. L'oeuvre militaire », in Revue d'histoire diplomatique, XLII (1928), p. 432.

(5) Stendhal, p. 133, cité par A. Pingaud, op. cit., p. 219.

(6) Fiorini et Lemmi, op. cit., 1914, p. 620.

(7) Jacques Godechot, op. cit., pp. 228-229.

Corps Chefs Première demi-brigade cisalpine Luigi MAZZUCCHELLI Deuxième demi-brigade cisalpine SERRAS Troisième demi-brigade cisalpine MOROSINI Deux demi-brigades d'infanterie légère CAPPI et LOROT Deux régiments de hussards VIANI, LECCHI et BARBARO Un bataillon d'artillerie de KOKEL



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