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Biographie d'Ismaïl Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. |
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De retour en Égypte, il devint membre du conseil dÉtat, fut chargé de diriger le gouvernement pendant les voyages que Saïd fit en Asie et en Europe en 1861, puis fut mis, à la fin de cette même année, à la tête dun corps de 14 000 hommes, avec lesquels il réprima linsurrection des tribus des frontières du Soudan. Lorsqu'en 1863 mourut Saïd-Pacha, ce fut Ismaïl-Pacha qui lui succéda. Peu de faits importants ont marqué jusquici le règne de ce prince. Depuis son avènement la culture du coton a pris en Égypte un développement très-considérable et est devenue une des principales sources de richesse du pays. Ismaïl-Pacha, à linstigation de lAngleterre sest montré beaucoup moins favorable à la grande uvre du percement de listhme de Suez que son prédécesseur, qui navait cessé de lencourager et de la protéger. A la suite de discussions qui eurent lieu entre lui et M. de Lesseps, la gigantesque entreprise fut un instant suspendue et menacée dêtre arrêtée dans son achèvement ; mais, à la suite dune décision arbitrale prise par le chef du gouvernement français, les difficultés pendantes furent tranchées en 1864, et les travaux continuèrent jusquà complet achèvement. Peu après, activement secondé par son ministre, Nubar-Pacha, Ismaïl introduisit dimportantes réformes dans lorganisation politique de lÉgypte. En mai 1868, il obtint du sultan la modification de la loi de transmission au trône, qui doit avoir lieu désormais en ligne directe ; il constitua, au mois de novembre de la même année, une sorte de parlement chargé de soccuper des questions relatives à limpôt, aux réformes judiciaires, aux irrigations et à diverses matières administratives, et essaya, à la même époque, dintroduire le système municipal à Alexandrie. Le 8 juin 1867, Ismaïl obtint du sultan le titre de khédive, à la place de celui de vice-roi, et le droit de régler, sans avoir recours à lapprobation de la Porte, tout ce qui concerne ladministration intérieure et la police de lÉgypte. En échange de ces concessions, il dut fournir un contingent à la Turquie pour amener la compression du soulèvement crétois. Complètement libre dagir comme il lentendait dans ses États, il sattacha à introduire la civilisation occidentale en Égypte, adopta en partie les murs françaises, créa un théâtre au Caire, sattacha à propager linstruction, entama des négociations auprès des cours européennes pour réformer les juridictions consulaires daprès les capitulations établies entre lOrient et lEurope, envoya un représentant à la conférence monétaire de Paris, etc. En 1867, il se rendit en France pour visiter lExposition universelle et y déploya un grand faste. Lorsque les travaux du canal de Suez furent terminés, il conclut avec la Compagnie une convention par laquelle il racheta certaines clauses du traité primitif, notamment celle qui avait concédé la franchise douanière, et résolut de donner à linauguration du canal une solennité extraordinaire. Ce fut dans ce but quil visita, en mai et en juin 1869, les principales cours de lEurope, afin dinviter lui-même les souverains à assister à cette cérémonie. Ce voyage, pendant lequel il fut reçu partout avec les plus grands honneurs et traité en roi, indisposa vivement contre lui la Porte, qui vit dans lattitude du khédive une atteinte à sa suzeraineté. Le sultan, très-irrité, fit envoyer par son grand vizir des notes menaçantes à Ismaïl, lui reprocha davoir entamé avec les cours européennes des négociations, davoir fait des dépenses écrasantes pour son peuple, davoir acheté des vaisseaux cuirassés, des armes perfectionnées, etc., et le menaça de déchéance, dans le cas où il ne rentrerait pas dans les limites tracées par les firmans impériaux. Pendant un instant, on put croire que la guerre allait éclater
; mais le conflit sapaisa, et Ismaïl put inaugurer solennellement
le canal de Suez, le 20 novembre 1869. Au commencement de lannée
suivante, il consentit, pour éviter une rupture avec la Porte,
à lui livrer ses frégates cuirassées et ses fusils à aiguille,
mais en exigeant, en retour, 13 millions. Depuis cette époque,
le vice-roi a eu un différend, qui na point encore été réglé,
avec la Compagnie du canal de Suez et il a envoyé, en 1872, une
expédition militaire en Abyssinie. |
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