|
|||
Témoins et Témoignages « Les délégations commerciales dans lIsthme de Suez », LIsthme de Suez. Journal de lunion des deux mers, n°213, 1er mai 1865. |
|||
« Cest donc, on peut le dire, toute lEurope qui proclame et affirme lutilité universelle du percement de listhme de Suez, cest lEurope entière, cest lAmérique, cest lAsie, cest lAfrique, qui, par la voix des représentants de la politique et du commerce, viennent reconnaître que le canal de Suez est laffaire du monde, le promoteur dune nouvelle ère pour tous les peuples et pour tous les pavillons, et que cette uvre plane au-dessus de toutes ces accusations dambitions étroites et de nationalisme exclusif dont on essayé de se forger un prétexte pour la combattre et la discréditer. » Discours de Cyrus Field, délégué de la ville de New York : « Sur linvitation de la chambre de commerce de New York, je me suis rendu ici pour assister à la jonction de lAtlantique et de locéan Indien par la Méditerranée et la mer Rouge unies au moyen du canal de Suez. Je suis certain que tous ceux qui auront vu ce que nous voyons seront daccord pour reconnaître quun canal maritime peut être exécuté à travers lIsthme, moyennant un capital convenable, sous la direction des ingénieurs les plus distingués du XIXe siècle. Vous avez entrepris, monsieur le Président, le grand uvre de couper deux continents au profit de toutes les nations commerciales du monde ; je fais les voeux les plus ardents pour que vous puissiez en voir bientôt le succès complet, et pour que ce travail reste un monument aussi durable que les Pyramides de votre énergie et de votre talent. » Discours dAlfred de Lindheim, délégué de la Société impériale et royale de Vienne : « En peu de mots : la métropole de lAutriche bénit le jour où lunion de la mer Rouge avec la Méditerranée sera au service de la grande navigation. Que ce fait saccomplisse qui pourrait en douter ? Nous tous en retournant dans notre pays, nous naurons pas seulement à faire léloge du bon accueil, de laimable et gracieuse hospitalité avec laquelle la société a bien voulu nous recevoir, nous pourrons dire à nos compatriotes : Le Canal nest plus un rêve, il est assuré à jamais. Mais nous pourrons faire mieux encore. Nous tous, nous pourrons, chacun selon son influence, ses moyens, sa capacité, prêter nos forces à cette grande, cette glorieuse entreprise. Pour moi, même dans ma position modeste, javoue franchement que jaime à penser quà mon retour S. M. lEmpereur sera assez gracieux pour me recevoir. Cest bien dans ce moment que joserai lui dire : Sire vous avez fait le bonheur de lAutriche ; vous lui avez fait le don le plus précieux : elle vous doit la liberté ; quil plaise à Votre Majesté de mettre sous son auguste protection le canal de Suez, une entreprise qui favorise le commerce de lAutriche et qui ne connaît pas dautres intérêts que les intérêts du monde entier. Messieurs, à la fin de mon discours ce nest pas un toast que je vous propose. Nous avons vu parmi toutes les oeuvres admirables quon a voulu nous montrer ce jour, quil y a un Dieu pour le désert comme pour notre belle patrie ! Eh bien ! que ce Dieu du désert, ce Dieu puissant, soit avec M. de Lesseps : quil bénisse ses efforts, et quon puisse dire à jamais : avec Lesseps est Dieu ! » Discours dAlexandre de Smelsky, vice-consul de Russie : « Permettez-moi, monsieur le Président, de vous témoigner, en présence des délégués des différentes chambres de commerce, lintérêt sincère que le gouvernement de Sa Majesté lEmpereur, mon maître, porte à la grande affaire du percement de listhme de Suez, et la sympathie quil a pour vous, initiateur de cette grande entreprise, brave et fidèle champion des intérêts du commerce et de la navigation universelle. Le commerce extérieur de la Russie se développe de jour en jour avec les améliorations de nos voies de communication. Nos vastes et fertiles plaines, nos vigoureux travailleurs attendent avec impatience le moment où ils pourront envoyer, par la voie dont vous leur ouvrez la porte, le produit de leur travail aujourdhui libre. La construction du chemin de fer de Moscou à Odessa va commencer cette année, et nous voici à la veille du jour où, du sud au nord et du nord au sud, la civilisation va marcher à la vapeur. Cest bien elle qui est la paix et le bonheur des peuples. » Déclaration de la délégation italienne : [...] Sur la grandeur de luvre immense que vous avez entreprise, sur votre admirable persévérance, sur les espérances que le monde entier, et notre pays en particulier, nourrissent à son égard, il serait désormais inutile dinsister ; dautant plus quen rentrant en Italie et en reportant toute notre attention sur les précieux renseignements et les consciencieuses observations que nous avons recueillis sur les lieux, et sur les documents ultérieurs que vous avez bien voulu nous promettre, nous soumettrons à nos mandants et au public le résultat de nos études, que vous nous avez facilitées avec tant de bonté et dempressement. Aujourdhui, cest seulement de notre reconnaissance vive et sincère que nous voulons vous parler. Lhospitalité généreuse et splendide avec laquelle vous avez accueilli
les délégués du commerce, et qui leur a permis de parcourir les
terres les plus désolées du désert au milieu du confortable et
du bien-être européens, est une preuve nouvelle de cette traditionnelle
courtoisie qui forme un des traits les plus saillants et les plus
nobles du caractère français. |
|||
|