Allocution de M. Victor-André MASSENA, Prince d’ESSLING lors de la commémoration du 197ème anniversaire du franchissement de la Bérézina par la Grande Armée en 1812 (nov. 2009)

Auteur(s) : MASSÉNA Victor-A.
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Allocution de  M. Victor-André MASSENA, Prince d'ESSLING
Président de la Fondation Napoléon à l'occasion de la commémoration du 197ème anniversaire du franchissement de la Bérézina par la Grande Armée en 1812

 – Dimanche 29 novembre 2009 –

Chers Amis Biélorusses et Français,
 
 
Le 29 novembre 1812, à peu près à l'heure où je vous parle, tout était consommé.
 
Napoléon avait certes échappé à la capture, brisé l'encerclement et sauvé quelques débris de son armée.
 
Mais il savait aussi que la guerre était perdue.
 
Quelques jours plus tard, il quittait la terre biélorusse pour rentrer à Paris.
 
Studienka, Bérézina… Comme vous l'a dit Mme l'Ambassadeur de France sont deux noms qui résonnent encore aujourd'hui dans la mémoire française.
 
C'est pourquoi, au nom de toute la délégation de la Fondation Napoléon, je voudrais vous dire à quel point nous sommes émus de nous retrouver ici, cent quatre-vingt dix sept ans après.
 
Nos pensées se tournent d'abord vers le passé, vers les combattants russes et français, dont la mémoire est honorée par ces monuments. Beaucoup laissèrent leur vie ici, par ces froides journées de novembre 1812.
 
Pour d'autres, une fois franchi l'obstacle de la rivière, le calvaire continua.
 
J'aimerais, comme Français, avoir une pensée pour les pontonniers du général Eblé qui construisirent les ponts au péril de leur vie, pour les soldats de la division Partourneaux qui se sacrifièrent à Borisov, pour la maigre et glorieuse arrière-garde du maréchal Ney qui sauva l'armée par son sacrifice, pour tous ceux qui combattirent et moururent ici, sans oublier les milliers d'hommes épuisés, malades et déboussolés qui durent être abandonnés ici, ceux que nous appelons parfois péjorativement les « traînards de la grande armée » mais qui d'abord étaient des soldats arrivés au bout de leurs forces et qui n'en avaient plus pour accomplir leur devoir.
 
Comme Européen, j'associe dans ces pensées les vainqueurs de la guerre de 1812, défenseurs de leur terre et de leur patrie, soldats de Koutouzov et d'Alexandre 1er.
 
Aujourd'hui, je pense aussi à un passé moins lointain.
 
Car cette guerre de 1812, comme toutes les guerres, ne servit pas de leçon.
 
Ses horreurs ont été dépassées par des horreurs bien plus grandes encore.
 
Votre terre a encore été le témoin et la victime de la folie des hommes, moins d'un siècle et demi plus tard, et cette fois dans des proportions sans égales.
 
D'autres monuments, d'autres souvenirs nous le rappellent.
 
Notre visite et notre recueillement, hier soir, à Khatyn, nous l'avons fait mieux ressentir que tous les livres que nous avions pu lire. C'est notre âme qui a été touchée.
 
Terre de martyrs, certes, votre Biélorussie est aussi la terre de ceux qui se sont dressés contre l'envahisseur et ont tant contribué à la victoire.
 
Pour cela, l'Europe vous doit beaucoup.
 
Sur les bords de cette rivière au nom célèbre, notre émotion est encore augmentée par le caractère même de cette cérémonie, preuve de l'entente entre nos deux peuples.
 
Ce moment de recueillement et d'amitié n'aurait pas été possible sans le travail inlassable de Mme Mireille Musso, ambassadeur de France, de ses collaborateurs et, bien sûr, des autorités biélorusses.
 
Je les remercie donc du fond du coeur de nous avoir permis de vivre un tel moment et tout particulièrement le général Anissimov et les Hauts responsables du District de Borissov et du village de Studienka, M. le Président Miranovitch et Mme Valentina Choutko.
 
Avant de terminer, je voudrais vous livrer une ultime réflexion.
 
Napoléon Bonaparte, le fils de la Révolution française, qui pendant les premières années de son règne avait voulu libérer les nations puis a voulu que la France domine l'Europe a peut-être compris ici même une des grandes leçons de son histoire et de l'histoire : rien n'est possible contre les peuples, tout est possible avec eux.
 
Vive l'amitié entre les peuples français et biélorusse !
 
Vive la Biélorussie et Vive la France !
 
Jivé Bielarouss Jivé Francia !

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