Pages napoléoniennes : Des erreurs et des préjugés répandus dans la société par J. B. Salgues, 1810 et 1811

Auteur(s) : LHEUREUX-PRÉVOT Chantal
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Pages napoléoniennes : <i>Des erreurs et des préjugés répandus dans la société</i> par J. B. Salgues, 1810 et 1811
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La Bibliothèque Martial-Lapeyre de la Fondation Napoléon vient d'acquérir récemment un bien étrange et plaisant ouvrage, en deux tomes, intitulé Des erreurs et des préjugés répandus dans la société.

Publiés à Paris en 1810 et 1811, par F. Buisson, libraire rue « Gille-Coeur » [Rue Git-le-Coeur], ce sont les oeuvres d'un certain Jean Barthélémy Salgues, né en 1770 et mort en 1830. C'était un littérateur comme on se plaisait alors à décrire ces hommes qui vivaient ou (survivaient le plus souvent) en essayant de placer leurs articles dans l'un ou l'autre des journaux d'opinion ou de spectacles, en tentant d'amadouer un libraire pour faire éditer leurs ouvrages.

Salgues commença sa carrière en étant professeur d'éloquence à Sens. La Révolution lui permit de devenir procureur de sa commune. Il échappa de justesse à la guillotine. Il resta assez tranquille pendant l'Empire, ce qui lui permit de se pencher avec attention sur les superstitions qui couraient dans les campagnes et les villes.
 
C'est un véritable catalogue de peurs ancestrales, de fausses idées, de mauvaises connaissances de la nature qui est ainsi dressé.

 
Les animaux sont très présents (ce qui est normal, les hommes vivaient en leur compagnie) et doués de pouvoirs mystérieux. Voici quelques unes des interrogations qui hantent les esprits :
– L'araignée annonce t-elle de l'argent ?
– Les abeilles ont-elles un Roi ?
– Les Abeilles piquent-elles de préférence les dames qui manquent à leurs devoirs ?
– Les vieux coqs pondent-ils des oeufs ?
– Les sangsues ont-elles le don de prophétie ?
– Une piqûre de tarentule fait-elle danser comme les meilleurs danseurs de l'opéra ?

Les Saints, intercesseurs indispensables auprès de la Sainte Trinité à une époque où la médecine n'était que balbutiante, sont très présents, eux –aussi avec leurs dons particuliers :
– La dent de Saint-Aimable guérit-elle de la morsure des vipères ?
– Saint-Hubert guérit-il de la rage ?

Mais ne rions pas trop vite, si certaines suppositions semblent farfelues et sorties de l'imagination d'enfant, voici une dernière liste :
– Les astres influent-ils sur notre destinée ?
– Les moeurs sont-elles meilleures à la campagne qu'à la ville ?
– Les enfants nés coiffés sont-ils plus heureux que les autres ?
– L'enveloppe des oignons annonce t-elle la rigueur de l'hiver ?
– Le nombre treize est-il pernicieux ?
– La salière renversée est-elle de mauvaise augure ?
– Saint Médard et Saint Gervais, Saint Protais règlent-ils le temps ? S'il pleut ces jours-là, il pleut pendant 40 jours.
 
N'avez-vous jamais entendu ces questions, posées le plus sérieusement du monde ?
 

Pour J.B. Salgues, les réponses sont nettes : tout cela n'est qu'erreurs et préjugés. Il se plaît, nimbé par l'esprit des Lumières, à démonter une à une ces fausses idées. Cet ouvrage eut un certain succès, car il fut réédité en 1815 et 1818, chez la Veuve Lepetit. Il faut ajouter que le double retour de Louis XVIII permit à Salgues de montrer ouvertement ses sympathies royalistes (qu'il avait bien gardées pour lui jusqu'alors) et certainement d'avoir plus d'entregent chez les éditeurs.
 
Auteur : Jacques Barthélémy Salgues
Titre : Des erreurs et des préjugés répandus dans la société
Description : A Paris : Chez F. Buisson, rue Gilels-Coeur, n° 10
Pagination : 2 tomes

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