Les fortifications napoléoniennes en Espagne (1808-1814). Innovations tactiques, impasse stratégique ?

Auteur(s) : LAFON Jean-Marc
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La stratégie napoléonienne, résolument offensive, n'estimait guère les fortifications. Comme l'a montré P. Prost (1), elles ne devaient remplir que trois fonctions nettement délimitées : places de dépôt, magasins et centres de formation, places d'arrêt aux frontières pour empêcher toute surprise, enfin places de campagne appuyant les armées dans leur progression. Et effectivement, on peut noter en Espagne les tentatives d'appliquer ce programme. Burgos et son château, vainement assiégé par Wellington en 1812, servent de dépôt aux forces cantonnées dans le Nord, et se révèlent également précieux pour soutenir toute offensive visant le Portugal par la vallée du Duero. Madrid, Barcelone, voire Saragosse après sa reddition, s'efforcent de tenir un rôle de dépôt, malgré le  » blocus  » auquel elles sont soumises par les insurgés. Le réseau défensif espagnol (Saint-Sébastien, Pampelune, Figueras, Barcelone) a été pris par surprise en 1808, mais non démantelé ; les places d'arrêt se situent désormais aux confins du Portugal, bastion du corps expéditionnaire britannique de Wellington. De même que Ciudad-Rodrigo et Almeida pour le Duero, Badajoz, Olivenza, Albuquerque, Campomayor et Elvas verrouillaient la vallée du Guadiana. Suchet, enfin, dans sa campagne contre Valence, s'est appuyé sur les forteresses dont il s'était précédemment emparé, Tarragone, Tortose, Sagonte (aujourd'hui Murviedro).
 
Pourtant, la guerre d'Espagne illustre les limites, voire la faillite du système. Pour la première fois à une telle échelle, elle implique une belligérance universelle et permanente, sans répit. Très tôt, l'avertissement de Fantin des Odoards prend tout son sens :  » Les Français ont la mauvaise habitude de mal se garder à la guerre, mais ici il faudra qu'ils deviennent méfiants, sous peine d'être égorgés  » (2). Tandis que les juntes insurgées incitent les Espagnols à tirer profit du moindre accident de terrain, les forces françaises ne maîtrisent réellement que l'espace qu'elles occupent. Encore cette sécurité est-elle bien souvent illusoire : les routes sont l'objet du harcèlement incessant des guérilleros, et les villes de garnison sont à la merci de la révolte ou de la  » trahison  » des habitants. La fortification dut donc s'adapter à la guerre irrégulière, présenter un champ de tir bien dégagé, offrir aux défenseurs un couvert suffisant contre des Espagnols souvent excellents tireurs du fait de leur passion pour la chasse, et multiplier obstacles et flanquements contre des assaillants toujours supérieurs en nombre. Surtout, elle fut contrainte de répondre à de nouveaux enjeux : favoriser la pacification, en privilégiant des objectifs spécifiques, maîtrise du réseau urbain et protection des lignes de communication.

La maîtrise du réseau urbain

C'était une nécessité vitale pour l'occupant. Cela conférait une légitimité politique au roi Joseph et permettait aux employés de l'administration afrancesada d'accomplir ses tâches ordinaires (fiscalité, recensement, approvisionnement…) et extraordinaires (renseignement, juridiction des Juntes criminelles…) normalement et sans risquer leur vie, celle de leur famille et la confiscation de leurs biens. À partir de centres urbains solidement tenus, dont la population était généralement jugée plus malléable et plus éclairée que les paysans, on pouvait espérer une pacification en  » tache d'huile  » en contrôlant les vecteurs d'opinion. Théâtre, prédication, évergétisme et presse s'adressent à une population majoritairement analphabète et s'efforcent de gagner son adhésion au nouveau régime en discréditant l'insurrection et la guérilla. Police, milices diverses et gardes civiques autochtones (3) sont organisées dans une optique répressive complémentaire. Les contrôles sont plus faciles à organiser, patrouilles, couvre-feu, réquisition des armes, visites domiciliaires, et les interdictions plus aisées à faire respecter. Parallèlement, villes et bourgades servaient de bases aux troupes impériales, d'où elles rayonnaient pour collecter vivres, literie, bois de chauffage et attelages, outre les contributions en argent. Elles fournissaient ateliers pour l'entretien du matériel, ainsi qu'hôpitaux pour les blessés et les malades.
 
Pour autant, elles n'étaient pas sûres, nombre de témoins français soulignaient que résignation ou adhésion des citadins n'étaient qu'attitudes de façade, ou simple courtisanerie pour les élites. À Valladolid, alors ville ouverte, une rumeur incontrôlée, née d'un afflux inhabituel de paysans et de rapports d'espions, fit craindre des  » vêpres siciliennes  » lors de la Noël 1810 (4). Phénomène plus grave, des complots furent découverts à Barcelone en 1809. La forteresse de Jaca faillit être remise aux insurgés, le 13 juin 1811, par 14 membres de la 2e compagnie de gendarmes aragonais levée et équipée au service de l'occupant par l'ancien contrebandier et défenseur de Saragosse Domingo Brun  » Chandón  » (5). Pourtant, cette  » milice  » était particulièrement haïe des guérilleros, ainsi que le rapporte un de leurs chefs les plus célèbres, le Navarrais Espoz y Mina (6). Une trahison similaire livra le château de Figueras à la bande du chanoine Rovira dans la nuit du 9 au 10 avril 1811, et il fallut un siège coûteux aux troupes de Macdonald, pendant deux mois et demi, pour récupérer la place. La poudrière de la forteresse de Lérida sauta le 16 juillet 1812… De plus, les guérilleros n'hésitaient pas à rôder autour des villes en défiant les sentinelles, les bandes les plus importantes les soumettant à un blocus strict, comme le firent Espoz y Mina pour Pampelune ou Juan Martin Diaz El Empecinado pour Guadalajarra et Siguenza…

Fortification des villes et des villages

Les villes et villages espagnols occupés par les Français furent dès lors tous fortifiés. L'alcazar de Jerez, vidé de ses habitants, fut rendu à sa fonction défensive, puis les portes de la ville furent fermées chaque soir (7). Les villes importantes disposaient pour la plupart d'une enceinte médiévale, qui fut renforcée et parfois munie d'artillerie. Le général Hugo accomplit ce travail dans ses quartiers-généraux successifs, Avila, Ségovie et Guadalajarra. Pour Avila, il ne disposait pas de canons, mais il fit murer 8 des 11 portes des remparts médiévaux, creuser des tranchées gabionnées, et construire des redoutes auprès des portes laissées libres (8). Mais il fallait aussi prévoir un réduit défensif comme refuge en cas de révolte de la population ou de surprise, et qui servait aussi, au quotidien, de magasin, de caserne et de prison. Là encore, les structures existantes furent mises à profit, comme on l'a vu à Burgos. À Grenade, l'Alhambra fut renforcée et garnie de canons par Sébastiani, à Barcelone, les Français s'établirent dans la citadelle et le fort de Montjuich. Le couvent de la Chartreuse, à l'extérieur de Séville, fut pourvu d'une enceinte bastionnée et doté de canons et de mortiers (9). L'Alcazar de Tolède servait (déjà) de réduit,  » car partout en Espagne, dans les villes comme dans les hameaux, il faut aux Français un refuge où ils peuvent dormir à l'abri des poignards  » (10). À Valence, ce fut la douane, à Cordoue le palais de l'Inquisition, et à Guadalajarra, l'église. Les châteaux maures, hérités du Moyen Âge, dans nombre de bourgades aragonaises ou andalouses, furent restaurés et réutilisés.
 
Enfin, une série de postes avancés s'efforçait d'interdire toute incursion de guérilleros, ou tout contact avec les habitants. Leurs garnisons étaient particulièrement exposées, celle d'une maison pourtant à portée de tir de Zamora fut massacrée de nuit, par surprise, sans que les troupes cantonnées en ville puissent intervenir. Du coup, on affectait parfois des Espagnols renégats à cette tâche en comptant sur leur loyauté forcée, puisqu'ils étaient aussitôt égorgés ou fusillés en cas de capture par les guérilleros. Les chacones (catalans et navarrais de l'officier collaborateur José Chacón) qui gardaient ainsi la Casa Colorada, au nord-est de Pampelune, repoussèrent un assaut d'Espoz y Mina durant l'été 1812. Quelquefois même, la ville commandait un réseau de postes lui permettant de contrôler son territoire agricole, ceinture périurbaine de potagers et de vergers, et d'assurer son approvisionnement ; le général Mathieu en établit un, en 1811, dans la plaine de Barcelone. La chartreuse de Séville contrôlait de même le riche domaine de Gambogaz, qui appartenait d'ailleurs à l'Ordre.
 
L'esprit de cette mesure était ouvertement paternaliste. En protégeant les habitants des exactions des  » brigands « , on espérait qu'ils ne fuiraient pas en laissant leurs champs en friche et en enfouissant leurs récoltes, pour venir accroître la promiscuité urbaine, favorisant disette et épidémies. En fait, un telle situation se produisit en Andalousie, courant 1811, affectant les villes de Jerez et de Malaga. La correspondance du préfet Juan Ponce de León (11) et de Procharam, consul de Malaga depuis novembre 1810, témoignent de cet afflux de ruraux désespérés. Depuis la zone montagneuse de la Serrania de Ronda, des guérilleros faisaient des incursions répétées sur le littoral de la préfecture de Jerez, raflant le bétail et volant les impôts destinés aux Français, parfois avec la complicité manifeste des autorités locales, comme à Medina-Sidonia. Se détachaient notamment les bandes fournies de Andrès Ortiz de Zarate  » El Pastor  » et de Pedro Zaldivia  » Palmetín « , un ancien berger de la chartreuse de Jerez qui fut parmi les premiers à prendre le maquis en 1810 (12).
 
Parallèlement, début mars 1811, Jean Marin, agent consulaire de Sanlucar de Barrameda, signale les prémisses de la pénurie (13). Malaga souffrait davantage de la pression fiscale, du déclin du trafic maritime (interdit jusqu'au 24 avril 1811), de l'insuffisance des cultures vivrières et des descentes des escadres anglaises que des insurgés. La situation se dégrada très nettement à partir de février 1812 : plus de 6 000 pauvres affluèrent de l'arrière-pays, phénomène poursuivi en mars (14). En mai, la famine causa entre 20 et 25 morts par jour, car la fanègue [55 litres] de farine était passée de 80 à 460 réaux (15). Et on peut légitimement supposer que le prix du pain, produit fini, a connu une envolée supérieure. Rappelons que les journaliers andalous gagnaient de 2 à 4 réaux par jour de travail. L'essor des importations de grains du Maroc et de l'Algérie ne réussit pas à pallier la pénurie.

Pour les petites localités situées sur les axes de communication, en revanche, seul un bâtiment central était fortifié. Lors de son passage en Guipuzcoa et en Biscaye, le colonel J.-B. Morin remarque de  » grandes maisons crénelées, qui sont la plupart du temps celles de l'hôtel de ville  » (16). Bauyn de Perreuse, lieutenant d'artillerie en route pour Salamanque, se montre plus précis :  » Les villages qui servaient de gîtes d'étape avaient, au centre, des maisons crénelées avec fossés et pont-levis, pour protéger la garnison qu'on y laissait et qui devait garder les vivres nécessaires pour les convois  » (17). Une lithographie de Bacler d'Albe (18) en représente une, dans un village proche de Valladolid, surmontée d'une échauguette de bois et augmentée d'un bastion de terre.
 
Dans un pays où, selon les régions, la plupart des maisons rurales étaient faites d'adobe et de pisé, on choisissait les rares édifices en pierre et plus spacieux, maisons communales, églises, et surtout couvents. Ces derniers avaient été libérés de leurs habitants par la décision de Joseph de dissoudre les ordres religieux, et ils offraient des avantages défensifs indéniables. Leurs clochers servaient de poste de guet, ils possédaient puits et celliers, les bâtiments étaient disposés autour d'une cour fermée. Ils ne nécessitaient alors que peu de modifications. En témoigne le couvent de La Merced décrit par C.S. Forester dans un magnifique roman historique (19), malheureusement défiguré par un  » navet  » hollywoodien (S. Kramer, Orgueil et passion, 1957). Des meurtrières percées dans les murs extérieurs, la construction de deux bastions à la fois flanquement et plate-forme d'artillerie, la pose d'une palissade à portée de tir des bâtiments suffirent à le transformer en place forte respectable pour une garnison de 200 hommes. Bien sûr, cet usage, perçu comme une profanation, contribuait à renforcer la francophobie des Espagnols… Ainsi Bauyn de Perreuse témoigne-t-il d'un fossé culturel révélé par les fortifications :  » Par suite du peu de scrupule que l'on mettait en toute chose, il n'était pas rare de voir, dans ces maisons crénelées des confessionnaux, pris dans les églises, servir de guérites aux factionnaires, on avait oublié totalement que l'on faisait la guerre chez un peuple religieux et que ces procédés étaient un moyen de le rendre encore plus hostile « .
 
Chaque province se couvrit donc d'un réseau de postes fortifiés. Ainsi, en Aragon, en 1812, 29 postes étaient occupés par 4 000 hommes, sans compter la garnison de Saragosse, soit 1 800 hommes ; et en mai de la même année, cette tâche défensive accaparait 2 700 des 4 700 soldats de Reille en Navarre (20).

La protection des communications

Là encore, il s'agissait d'un enjeu crucial. Il fallait préserver la capacité opérationnelle des armées en assurant la livraison des ordres, des dépêches et des renseignements, sous peine de voir les troupes s'épuiser en marches et contre-marches inutiles, livrées à leurs seuls éclaireurs. C'était aussi ruiner toute possibilité de combinaison stratégique entre les différents corps d'armée, alors que les généraux n'étaient que trop enclins à rejeter toute coopération et à se comporter en proconsuls sur leurs territoires. De plus, dans un pays pauvre – où les cultures sèches (secano) étaient majoritaires – et peu industrialisé, la logistique imposait des situations inédites. Soldes, renforts, matériel (artillerie de siège, poudre, munitions) venaient le plus souvent de France, à moins de disposer de ressources minières exploitables, comme Soult en Andalousie. Un flux incessant de prisonniers civils (moines, curés et alcades rebelles, otages pris dans la parenté des guérilleros) et militaires y étaient déportés. Selon les calculs de J.-R. Aymes, 56 946 Espagnols sont prisonniers en France en décembre 1813 (21). Des convois névralgiques pour une économie soumise au Blocus Continental, et susceptibles d'asseoir des fortunes rapides, transféraient troupeaux de mérinos, coton, produits exotiques (stocks portuaires ou contrebande) et argenterie religieuse vers Madrid, dans l'espoir de renflouer le Trésor du roi Joseph, ou gagnaient directement Bayonne ou Perpignan, pour satisfaire les besoins financiers de Napoléon. Enfin, des convois de vivres et des troupeaux devaient suivre les armées et ravitailler les dépôts. De 1808 à 1812, les lignes de communication se distendirent toujours davantage, englobant presque toute la Péninsule, des Pyrénées à Cadix, et des lignes fortifiées de Torrès-Vedras, protégeant Lisbonne, à Valence.
 
Or, les voies espagnoles, à l'exception des quelques  » routes royales  » tracées sur l'ordre de Charles III en étoile à partir de Madrid, étaient dans un état déplorable, quasiment impraticables l'hiver, tandis que le relief montagneux et boisé de la Péninsule s'avérait très propice aux embuscades. De fait, les premières opérations de guérilla visèrent les estafettes et les courriers isolés et vulnérables, bon nombre de chefs dont l'Empecinado commencèrent ainsi leur carrière. L'espionnage constant des mouvements de troupe par la population, la surveillance des routes par les vedettes des guérilleros, perchées sur des hauteurs, facilitaient les attaques par surprise. Enfin, des primes remises par les autorités anglaises et espagnoles incitaient à intercepter les courriers impériaux. Armes et chevaux étaient récupérés et contribuaient à la gloire de leur nouveau possesseur. Marbot insiste justement sur les dangers de leurs missions :  » Le service des aides de camp des maréchaux fut terrible en Espagne ! […] Les Espagnols leur firent une guerre acharnée, ce qui fut très utile aux insurgés, car le contenu de nos dépêches les instruisait des mouvements de nos armées. Je ne crois pas exagérer en portant à plus de 200 le nombre d'officiers d'état-major qui furent tués ou pris pendant la guerre de la Péninsule, depuis 1808 jusqu'en 1814  » (22).

Blockhaus et redoutes sur les routes

Il fallut alors prévoir des chaînes de forts le long de ces lignes. Ce furent d'abord les gîtes d'étape fortifiés, décrits plus haut, qui se répandirent dans le Nord en liaison avec l'implantation de la gendarmerie d'Espagne, début 1810. Puis s'imposa la nécessité de contrôler les points névralgiques, ponts (car bacs et embarcations étaient détruits), défilés, cols, noeuds routiers…
 
On eut recours aux blockhaus, fortification passagère qui s'inspirait des pratiques allemandes (d'où l'étymologie), mais aussi des fortins de rondins de la guerre d'Indépendance américaine et des tours de protection érigées autour du Caire pendant l'expédition d'Égypte (23). Il s'agissait de tours de bois, de forme quadrangulaire ou circulaire, dotées de 20 à 25 hommes de garnison. Elles étaient munies de galeries et de mâchicoulis, adaptées au tir fichant, et entourées de fossés pour prévenir les assauts par surprise. Des meurtrières étaient percées sur tout leur pourtour, de façon à ne laisser aucun angle mort. Elles disposaient également, à leur sommet, d'un canon léger (4 ou 6 livres) sur affût pivotant, système sans doute repris de celui des chaloupes canonnières (24). C'était là un moyen de défense non négligeable, qu'un homme seul pouvait manoeuvrer et pointer grâce aux améliorations techniques de la fin du XVIIIe siècle (25) ; il pouvait aussi constituer un moyen d'alerte pour les postes voisins. Elles permettaient des feux superposés, pour peu que les défenseurs disposent de fusils en surnombre et de boîtes à mitraille, dévastatrices à courte distance. Car les boulets ordinaires, en raison de l'effet cinétique, produisaient des dommages proportionnels à leur calibre (26).
 
En outre, elles offraient d'autres avantages : une conformité initiale aux moyens et aux méthodes des guérilleros, un espace limité mais pouvant servir de refuge aux soldats isolés, la simplicité de conception propice à la standardisation. Suite à l'incendie le 27 mai 1810 de la maison palissadée de la Venta-Renteria, entre Irun et Oyarzun, le général Thouvenot en fit établir une, sur deux étages de maçonnerie le 20 octobre 1810, avec des charpentes  » préfabriquées  » venues de Saint-Sébastien. Le nouveau blockhaus fut pourvu de 24 gendarmes et d'un canon (27). Bacler d'Albe a lithographié une de ces tours située entre Hernani et Tolosa (28). Sur la recommandation expresse de Napoléon (29), le général Caffarelli fit bâtir 10 tours sur les hauteurs, entre Vitoria et Irun, en 1811.Cette chaîne de fortins fut prolongée jusqu'à Burgos, Aranda et Madrid. Les défilés, comme ceux d'Azofra et surtout d'Arlabán, où Espoz y Mina remporta deux importants succès aux dépens de convois français, furent aussi équipés de blockhaus.
 
Par contre, les redoutes, plus vastes, étaient généralement préférées pour défendre ponts et cols. Au sommet du col de Somosierra, point névralgique sur la route de Madrid, on en édifia une, défendue par 300 hommes et 4 canons. Des passages du Journal du sous-officier de dragons Sallmard de Peyrins concernent son affectation en 1811 dans un autre de ces postes, La Puebla, contrôlant un pont sur le Tage, près de Talavera. La garnison comprenait 40 cavaliers et 200 fantassins hessois, elle eut à faire face à plusieurs assauts, dont l'un mené par 3 000 guérilleros armés de 2 canons. À cette occasion, l'arrivée de renforts de dragons venus de Talavera fut déterminante (30). Un autre militaire français, Fantin des Odoards, a rapporté son séjour à Puente del Arzobispo, au printemps 1810, à la tête de 2 compagnies d'infanterie et de 25 dragons (31). Sur ses ordres, rues et passages avaient été murés, une grande maison crénelée et close de palissades servait de caserne, et le pont fortifié, pourvu de redoutes et approvisionné, constituait l'ultime réduit. Selon lui, deux dangers étaient surtout à craindre : la ruse (emploi d'uniformes français récupérés) et la famine. Pour le premier, il imagina une sorte de sas, où tous les visiteurs étaient examinés et fouillés. Une attitude mêlant compromission (convocations à la fête de Napoléon) et intimidation (prise d'otages) envers curés et alcades du voisinage lui permit de disposer de suffisamment de vivres pour sa garnison comme pour les troupes faisant étape dans ce point névralgique, à destination du Portugal ou de l'Andalousie.

Batteries sur les côtes

Dernière forme de retranchement, les fortifications littorales. La menace séculaire des raids barbaresques avait multiplié les tours de guet (32) (atalayas) sur l'ensemble du pourtour méditerranéen. Édifiées plus récemment, en corrélation avec l'affermissement du pouvoir central, des batteries côtières étaient destinées à protéger les ports et le cabotage. Le voyageur anglais W. Jacob décrit ainsi le modèle répandu près de Marbella : une plate-forme semi-circulaire hérissée de canons vers le large, une poterne flanquée de bastions vers l'intérieur (33). Il ne mentionne pas de four à rougir les boulets, armes redoutables contre un objectif naval, mais il est probable que chaque batterie devait en posséder un. Elles furent souvent la cible d'attaques nocturnes des escadres anglaises, qui souhaitaient à la fois affamer des villes comme Barcelone ou Malaga, inciter leurs habitants à l'insurrection, développer leur contrebande de soieries et de cotonnades, et ruiner les efforts français en matière de course. D'autre part, la neutralisation des batteries était nécessaire pour pouvoir ravitailler les insurgés en armes et en munitions. Les littoraux cantabrique et andalou représentaient des cibles tentantes, d'autant plus que les Français manquaient d'artilleurs pour les interdire, accaparés qu'ils étaient par les sièges nombreux et le blocus de Cadix. On songea alors à en lever parmi les autochtones. Le 5 janvier 1809, un décret d'Amoros prétendit mobiliser 1 200 gardes nationaux et 609 canonniers garde-côtes sur le littoral basque, entre Ondarroa et Povaña (34). De même, après avoir autorisé les habitants de Tarifa et Algésiras (très temporairement soumis) à conserver leurs armes dans ce but, Soult voulut former des garde-côtes, à pied et à cheval, dans les communes de Velez-Malaga, Monja, Almuñecar, Motril, Adra, Dalias et Alméria, vêtus et équipés par les municipalités, mais soldés par le Trésor royal (35). Bien sûr, il y eut un fossé entre prescription et réalité. À sa dissolution le 30 décembre 1813, les effectifs de la Compagnie d'artillerie de Saint-Sébastien (très probablement celle levée par Amoros en janvier 1809) se révélèrent squelettiques : 4 officiers (dont 3 résidents français, Pierre Vidaurre, son frère et son fils) et 13 hommes (36).

La guerre d'Espagne se fractionna ainsi en une série d'attaques, d'embuscades, de poursuites et de sièges locaux.

Des fortifications de moins en moins efficaces ?

Ce dernier fait illustre le renforcement qualitatif autant que quantitatif de la guérilla. Alors qu'elle ne disposait d'abord que de la ruse et du feu contre ces fortifications, désormais, à partir de 1811-1812, elle put utiliser de nouveaux moyens. La sape, puisque la bande d'Espoz y Mina notamment comprenait des mineurs asturiens expérimentés, fut employée dans un premier temps en Navarre et en Aragon. Puis l'artillerie équipa les bandes les plus importantes, en voie de régularisation, celles conduites par des chefs énergiques et charismatiques, Espoz y Mina, Porlier  » El Marquesito « , Durán, Campillo, Villacampa, et l'Empecinado, fournie essentiellement par la marine anglaise. Les pièces étaient débarquées dans les ports galiciens, asturiens ou basques restés libres, tels Motrico ou Zumaya pour le leader navarrais (37) ou Potès, refuge inexpugnable du Marquesito.
 
Le tournant décisif se situe à la fin septembre de 1811 pour l'Aragon, longtemps modèle de pacification grâce à Suchet (38). Il survint donc un peu plus tôt pour le reste de l'Espagne : dès 1810, la garnison de Guadalajarra était bloquée par l'Empecinado, et l'arrivée du général Hugo, pourtant considéré comme un spécialiste de la chasse aux  » brigands « , n'apporta qu'une amélioration temporaire. En septembre 1811, les bandes réunies de l'Empecinado et Durán prirent le couvent fortifié de Calatayud grâce à une mine, malgré sa garnison de 840 hommes qui, il est vrai, comprenait surtout des novices et des Italiens peu sûrs, puis dispersèrent l'expédition de secours. Puis Espoz y Mina s'empara de la même façon de la ville de Huesca, et battit la colonne mobile, pourtant pourvue d'artillerie, du général Abbé.
 
Désormais, en 1812, la guérilla prend l'offensive. Elle attaque systématiquement les postes français. Certes, il existe des différences d'intensité selon les régions. En Andalousie, ni les bandes irrégulières, ni les petites armées du général Ballesteros n'ont pu réellement menacer les postes de l'armée du Midi. Mais même si ces derniers sont secourus à temps, ils sont parfois tellement ruinés que les Français doivent les démanteler et les évacuer définitivement. De fait, les rapports militaires et autres états de troupe sont émaillés de ces  » replis stratégiques  » (39)… Car dès fin 1811, la pénurie en hommes dans la Péninsule était alarmante, suite aux prélèvements en officiers et en troupes d'élite effectués par Napoléon en prévision de la campagne de Russie.

En outre, le réseau de postes fortifiés présentait de graves défauts. Le Mière de Corvey, un des rares militaires français à réfléchir sur l'expérience espagnole, le jugeait inopérant.  » Cela servit peu, les Espagnols trouvaient d'autres routes, ils tournaient ces forts, nous n'en tirions pas le parti que nous en attendions, et nos troupes, obligées d'y tenir garnison, avaient beaucoup plus de service à faire  » (40). Napoléon était hostile au saupoudrage rural des effectifs, qu'il estimait inutilement coûteux en soldats et inadapté à la pacification. Le général Roguet, opérant dans le nord de la Vieille Castille, partageait ce point de vue.  » L'Empereur se plaignit aussi du système suivi par quelques généraux ; de grandes forces étaient rassemblées dans des villages contre les bandes, et ainsi toujours exposées à de fâcheux événements, il fallait au contraire occuper les points principaux et de là, diriger des colonnes mobiles contre les brigands. L'expérience de la Vendée avait prouvé la supériorité de ce dernier système  » (41).
 
De plus, de nombreux observateurs envoyés par l'Empereur comme Lagarde ou Lejeune (42) blâmaient l'esprit casanier de ces garnisons repliées dans leurs enceintes. Ils dénonçaient surtout leurs réticences fréquentes d'effectuer sorties et patrouilles, voire de concéder une escorte aux estafettes. De fait, les interceptions de courriers, sauf dans des zones spécifiques comme les domaines de Suchet ou l'intérieur de l'Andalousie, n'ont pas diminué, loin de là ! Même la gendarmerie, il est vrai formée de vétérans, semblait affectée par ces travers. Aveu de faiblesse, témoignage de la baisse du moral des troupes impériales, cette défense devenue passive s'avérait particulièrement nocive face à la guérilla. En effet, cette dernière surpassait le plus souvent les Français dans le corps à corps, ses membres ayant l'habitude des armes blanches, poignards et navajas. Ainsi que le reconnaîtra postérieurement C.E. Callwell, analyste lucide des guerres coloniales,  » les guerriers irréguliers sont généralement guerriers par nature et sans instruction préalable  » (43). Elle disposait également d'une indéniable supériorité stratégique, par son absence de lignes de communication, son extrême mobilité et sa fluidité, face aux forces pesantes et organisées de Napoléon, mais devint de surcroît de plus en plus capable d'obtenir l'avantage tactique dans des batailles rangées !

Un apport précaire et ambivalent

Il ne faut pas, comme on l'a fait trop souvent, sous-estimer les capacités de réaction et d'adaptation des officiers et des soldats impériaux confrontés à la guérilla espagnole. D'ailleurs, certains d'entre eux avaient déjà dû faire face à une guerre populaire et féroce, en Vendée, en Égypte, à Saint-Domingue, dans le comté de Nice (contre les Barbets) ou dans le royaume de Naples, en 1799 comme en 1806. Les fortifications napoléoniennes en Espagne firent preuve d'un pragmatisme certain. Surtout, le système des blockhaus nous paraît incontestablement novateur, sur le plan technique, mais aussi dans une entreprise de pacification. Lorsque Viollet-le-Duc, traumatisé par la défaite de 1870, élabore sous forme littéraire la future  » ceinture de fer  » de la France, il l'imagine sous forme de superpositions circulaires de feux croisés (44). En quelque sorte, ce blockhaus préfigurait la tourelle d'artillerie, blindage en moins. Clauzel, déjà, fort de son expérience espagnole, réutilisera un modèle de fortin préfabriqué, avec encorbellement et batterie sommitale, lors de la conquête de l'Algérie (45).
 
Dans ces conditions, l'échec résulta plutôt d'une variable implacable de la célèbre  » crise des ciseaux « . Même si les extraits les plus significatifs furent publiés dans la Gazeta de la Regencia, organe officiel des insurgés, dans un but de guerre psychologique, les lettres interceptées de Français (8 fantassins de divers régiments, 1 artilleur et 1 capitaine) affectés au blocus de Cadix, courant mai et juin 1810 (46), sont éloquentes, à une date pourtant précoce. On y trouve généralement exprimés la lassitude de vaines poursuites dans les montagnes, la hantise de supplices en cas de capture, le choc infligé par les bombardements incessants des escadres anglaises, les souffrances dues à la chaleur et à la pénurie de vivres, le découragement devant une entreprise jugée sans issue… Nous disposons des extraits sélectionnés par la Régence et des originaux des lettres. La comparaison des deux n'indique pas d'altération fondamentale ; la palette des sentiments martelés n'est guère plus étendue. Le déclin du moral combatif fut donc indéniable. Dès lors, la désertion s'amplifia ; elle touchait surtout les troupes  » sociales « , Napolitains et Allemands, mais n'épargna pas les Français (47). Enfin, l'arrivée de conscrits des classes 1809 et 1810 ne compensait pas l'érosion des effectifs, ni les prélèvements d'officiers et d'unités d'élite par Napoléon dès la fin 1811.
 
Malgré sa jactance, Thiébault sut percevoir ce basculement, en condamnant une politique  » qui n'aboutissait qu'à les aguerrir, en fatiguant les troupes  » (48). Une conviction similaire perce chez Espoz y Mina.  » Mes volontaires, écrit-il, étaient chaque jour plus aguerris et recherchaient avidement le combat, sûrs de la victoire, élément le plus propice à l'obtenir  » tandis que  » les Français, pour ne pas sortir des règles de leur tactique, ou peu habitués au combat à l'arme blanche, se refusaient au corps à corps et pour l'empêcher, s'abritaient de canons, sans lesquels ils ne faisaient plus d'expédition  » (49). En effet, les insurgés (les guérilleros bien plus que les troupes régulières, toujours déficientes) n'avaient cessé de se renforcer. Une embauche récurrente leur avait apporté l'expérience militaire inappréciable des déserteurs. Ils bénéficiaient d'armes, de munitions et de vêtements fabriqués dans des ateliers isolés, ou fournis par l'Angleterre. Leur ardeur restait intacte, alors que leur apprentissage des manoeuvres, des sièges et des combats, allait croissant, au point de leur permettre de battre, pour les meilleurs, des colonnes mobiles pourvues d'artillerie. De façon générale, la guerre d'Espagne catalysa le déclin des forces impériales. Elle démontra non seulement qu'elles n'étaient pas invincibles, mais surtout comment les vaincre.
 
Pour autant, il semble bien qu'un apport massif de vieilles troupes n'aurait rien changé à la situation des Français, à moins de complètes mutations dans l'accomplissement de la pacification. Un historien  » immédiat  » du conflit, méconnu mais perspicace, Anglivel de la Beaumelle, souligne bien le cercle vicieux où s'était enfermé Napoléon par son intervention aussi cynique que mal avisée dans la Péninsule. Plus de troupes auraient impliqué, dans l'état de délabrement de l'économie espagnole, davantage de réquisitions et de pillages, nourrissant une hostilité accrue de la population, et donc une multiplication des guérillas (50).
Dès lors, les programmes de fortification, d'abord largement empiriques, puis systématisés courant 1811, ne pouvaient constituer qu'un apport précaire, voire ambivalent. Il n'est pas sans signification de noter que, de même que les sièges de Saragosse rompirent avec la tradition obsidionale codifiée par Vauban, le modèle le plus répandu, cercles concentriques de défense, basse-cour et donjon, renoue avec le château médiéval…
 
 
Jean-Marc Lafon
 
 
Abréviations utilisées :
AAE : Archives des Affaires Etrangères (Quai d'Orsay).
AHN : Archivo Histórico Nacional (Madrid).
AGS : Archivo General de Simancas [suite à la rénovation du château de Simancas, la section Gracia y Justicia, entre autres, se trouve actuellement à l'Archivo de la Chancillería de Valladolid].
ASHM : Archivo del Servicio Histórico Militar (Madrid).
SHAT : Service Historique de l'Armée de Terre (Vincennes).

Notes

(1) P. Prost, Les forteresses de l'Empire, Paris, Éditions du Moniteur, 1991, p. 98-102.
(2) Fantin des Odoards, Journal du général..., Paris, Plon, 1893, p. 90.
(3) Sur ce sujet très mal connu, nous avons esquissé une première ébauche, " Les forces autochtones de contre-insurrection en Espagne (1808-1814) ", Revue Historique des Armées, 3, 2001, p. 21-34, sans disposer alors d'une documentation archivistique très fournie, suite à l'extrême dispersion et à l'hétérogénéité des sources concernées.
(4) Fantin des Odoards, op. cit., p. 286-287.
(5) SHAT, XL 45, pour les rapports trimestriels, conservés pour 1811, concernant ces auxiliaires des Français.
(6) F. Espoz y Mina, Memorias, Madrid, BAE, 146, I, p. 142 (1re édition 1851-1852).
(7) AGS, Gracia y Justicia, 397, lettre du 12 décembre 1810 ; et 390, lettre de Ponce de León du 21 janvier 1811.
(8) L Hugo, Mémoires, Paris, Excelsior, 1934, p. 149 (1re édition, 1823).
(9) E. Lapène, Conquête de l'Andalousie. Campagne de 1810 et 1811 dans le Midi de l'Espagne, Paris, Anselin & Pochard, 1823, p. 144.
(10) Fantin des Odoards, op cit., p. 279.
(11) AGS, Gracia y Justicia, 392, lettres du 3 avril et du 4 mars 1811 signalant la misère régnant à Puerto Santa-Maria, et l'exode des habitants de Vejer de la Frontera et Medina-Sidonia à Jerez.
(12) ASHM, Colección del Fraile, 932, Resumen histórico de la Revolución de España por el maestro Salmón del Orden de San Agustín, 1812, I, p. 172.
(13) AAE, Correspondance consulaire et commerciale, Cadix, 99, lettre du 19 mars 1811.
(14) AAE, Correspondance consulaire et commerciale, Malaga, 17, lettres du 17 janvier, 4 avril, et 10 avril 1812.
(15) Soit de 25,6 à 147,4 francs Napoléon, selon une table de conversion de 1810 fixant le franc à 3,12 réaux, AHN, Estado, 3095, ce qui porte donc l'augmentation du kilo de farine de 1,45 r (0,4 f) à 8,36 r (2,67 f).
(16) " Souvenirs du colonel J.-B. Morin ", Revue du Souvenir Napoléonien, 378, p. 4.
(17) Extrait des " Souvenirs d'un lieutenant d'artillerie. Campagne du Portugal 1810-1811 " (1re édition 1889), paru dans Historama, hors série 38, février mars 1979, p. 155.
(18) Souvenirs pittoresques, II, 45, in C. Dérozier, La campagne d'Espagne. Lithographies de Bacler d'Albe et Langlois, Paris, Les Belles Lettres, 1971, II, p. 34.
(19) C. S. Forester, Le Canon, Paris, Phébus, 1994, pp. 91-92 (1re édition 1933).
(20) J.L. Tone, The Fatal Knot. The guerilla war in Navarre and the defeat of Napoleon in Spain, Chapell Hill, University of North Carolina, 1992, p. 119.
(21) J.-R. Aymes, La déportation des Espagnols en France, Publications de la Sorbonne, 1982.
(22) Marbot, Mémoires, Plon, 1892, II, pp. 66-67.
(23) P. Prost, op. cit., p 115 et suiv., pour la " standardisation " de la fortification passagère en 1811.
(24) Voir les descriptions de H. d'Espinchal, Souvenirs militaires, Paris, Ollendorff, 1901, I, p. 342 ; et de Le Mière de Corvey, Des partisans et des corps irréguliers, 1823, cité in G. Chaliand, Anthologie mondiale de la stratégie, Paris, R. Laffont, Bouquins, 1990, p. 803.
(25) B.P. Hughes, La puissance de feu. L'efficacité des armes à feu sur le champ de bataille de 1630 à 1850, Lausanne, Edita, 1976, p. 15 (1re édition, Londres, 1974).
(26) B.-P. Hughes, op. cit., p. 32.
(27) E. Martin, La Gendarmerie française en Espagne et au Portugal, Paris, Leautey, 1898, pp. 39, 103-105 et 110.
(28) Bacler d'Albe,  II, 9, in C. Dérozier, op cit., II, p. 16.
(29) Cf. sa Correspondance, Paris, Plon & Dumaine, 1864, vol. XXII, lettre 17787.
(30) Sallmard de Peyrins, Combats et colères d'un dragon de l'Empire, présentés par M. Bourrier, Nice, Serre, 1983, p. 161.
(31) Fantin des Odoards, op. cit., pp. 270-277.
(32) Bacler d'Albe, II, 17 in C. Dérozier, op. cit., II, p. 50.
(33) W. Jacob, Travels in the South of Spain. Letters written in 1809 and 1810, Londres, Johnson & Cie, 1811, 32, p. 210.
(34) AAE, Correspondance politique, Espagne, 679.
(35) SHAT, C8 146, lettre de Soult du 18 février 1810 ; AAE, Correspondance politique, Espagne, 683, décret du 23 août 1810. Les soldes oscillaient entre 600 reales mensuels pour un capitaine et 60 pour un simple soldat.
(36) SHAT, XL, 38.
(37) J L. Tone, op. cit., pp. 124 et 130.
(38) Cf. D.W. Alexander, Rod of Iron. French counterinsurgency policy in Aragon during the Peninsular War, Wilmington, Scholarly Resources, 1985, p. 137.
(39) Ainsi, dans la préfecture de Grenade, Baza est évacuée en mai 1812, puis Gor, Cullar, Almeria, Guadix, Motril et Almuñecar en juin, SHAT, C8 399.
(40) Le Mière de Corvey, in G. Chaliand, op. cit., p. 803.
(41) Roguet, Mémoires militaires, Paris, Dumaine, 1862, IV, p. 290 et 399.
(42) Cf. N. Gottéri, La mission de Lagarde, policier de l'Empereur, pendant la guerre d'Espagne (1809-1811), Paris, Publisud, 1991, lettre 90, du 25 juillet 1810, p. 265-266 ; et L. F. Lejeune, " Notes sur le voyage que j'ai fait en Espagne par ordre de SAS le prince de Neufchatel ", Revue du Souvenir Napoléonien, 301, p. 23.
(43) C.E. Callwell, Petites guerres, Paris, Economica, 1998, p. 139 (1re édition, Londres, 1896).
(44) Viollet-le-Duc, Histoire d'une forteresse, Paris, Berger-Levrault, 1978, pp. 342-357 (1re édition, 1874).
(45) Cf. G. Spillmann, " Un homme de guerre complet, le maréchal Clauzel ", Revue Historique des Armées, 4, 1974, pp. 61-90, ici p. 84.
(46) AHN, Estado, 3003.
(47) J.-J. de Naylies, Mémoires sur la guerre d'Espagne pendant les années 1808,1809, 1810 et 1811, Paris, Anselin & Pochard, 1817, pp. 335-336.
(48) Thiébault, Mémoires, Paris, Plon, 1896, IV, p. 448.
(49) F. Espoz y Mina, op cit., pp. 119 et 135.
(50) Anglivel de la Beaumelle, Coup d'oeil sur la guerre d'Espagne de 1808 à 1814, Paris, Chazal, Planck & Ponthieu, 1823, p. 117.
Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro de la revue :
439
Numéro de page :
19-28
Mois de publication :
février-mars
Année de publication :
2002
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