Les Grands Prix d’histoire et les Bourses d’études 2003 de la Fondation Napoléon

Auteur(s) : DELAGE Irène
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Les Grands Prix d’histoire et les Bourses d’études 2003 de la Fondation Napoléon
De g. à d. : J. et L Zeitz, P. Kubel et A. de Caunes, N. Stoskopf, E. de Waresquiel

C'est au cours d'un déjeuner placé sous la présidence de SAI la Princesse Napoléon, que les Grands Prix d'histoire de la Fondation Napoléon ont été remis le 25 novembre :
 
Prix 1er Empire : E. de Waresquiel, Talleyrand. Le prince immobile, éditions Fayard
 
Prix Second Empire : N. Stoskopf, Banquiers et financiers parisiens sous le Second Empire, éditions Picard
 
Prix du livre non-francophone : L. et J. Zeitz, Napoléons Medaillen, Imhoff Verlag, Petersberg (Allemagne)
 
Grand Prix du Cinéma : P. Kubel (producteur) et A. de Caunes (metteur en scène), pour le film Monsieur N.

Emmanuel de Waresquiel, récompensé pour sa biographie de "Talleyrand. Le prince immobile."

Confidences entre lauréats : Emmanuel de Waresquiel et Antoine de Caunes 
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, docteur en histoire, chercheur à l'École pratique des hautes études, auteur d'une biographie du duc de Richelieu (Perrin, 1991) ainsi que d'une Histoire de la Restauration (en collaboration avec Benoît Yvert ; Perrin, 1996), Emmanuel de Waresquiel nous offre une biographie qui fait date dans l'historiographie talleyrandienne. S'appuyant sur de nombreuses sources inédites, il restitue, sans occulter l'art de la manipulation du personnage, une image nuancée d'un Talleyrand débarrassé de ses légendes noires, un homme issu de l'Ancien Régime, pugnace dans la fidélité à ses idées.

E. de Waresquiel déclarait dans une interview :  » Talleyrand est un curieux mélange : c'est un théoricien, qui s'est servi de principes mais suivant leurs valeurs d'usage à un moment donné, et un praticien de la vie politique, il a su à la fois conceptualiser certains principes politiques (comme ceux de la légitimité ou de la non-intervention), et les mettre en pratique sur le terrain. C'est ça sa force comme homme de pouvoir. J'aime beaucoup cette phrase de Napoléon,  » J'aime la philosophie de Talleyrand car elle sait s'arrêter à temps « . »

N. Stoskopf, Banquiers et financiers parisiens sous le Second Empire

De g. à d., Nicolas Stoskopf et Emmanuel de Waresquiel 
Reconstituer la biographie d'une petite centaine d'entrepreneurs qui, pour la plupart, s'affairaient sous le Second Empire entre les rues de la Chaussée-d'Antin et du Faubourg-Poisonnières, donne le privilège de pénétrer dans le coeur même du capitalisme français au XIXe siècle au XIXe siècle. Le regard porte des débuts de la Restauration, avec les premiers succès de James de Rothschild à Paris, la fondation de la Caisse d'épargne et des compagnies d'assurances, les emprunts d'Etat émis par une haute banque en formation, jusqu'aux krachs des années 1880 qui consacrent l'échec de la banque mixte en France. Il embrasse la construction des chemins de fer, la révolution bancaire, les transformations urbaines, les investissements dans les mines et la sidérurgie, le négoce international. Il ne se limite pas à la France, ni même à l'Europe, mais s'étend de l'Amérique à la Russie, au Maghreb, à l'Egypte ou la Turquie ottomane.

Lisa et Joachim Zeitz, primés pour leur magnifique livre "Napoléons Medaillen"

Baron Gourgaud, président de la Fondation, SAI la Princesse Napoléon, Lisa et son père Joachim ZeitzNapoléon reconnaît très tôt la force de la médaille en tant que vecteur de communication, et il en fait le pilier central de sa politique de relations publiques, en immortalisant ses succès à travers une série entière.
 
En 1815, aux derniers jours de l'Empire, Vivant Denon, directeur du Musée Napoléon et de la Monnaie Impériale, produit un recueil de 141 médailles qui constituait l' »histoire métallique » du Premier Empire. Cette histoire documente et glorifie non seulement la carrière militaire de l'Empereur mais aussi ses « conquêtes » civiles, notamment l'introduction de vaccination du public et la construction des routes transalpines. Les meilleurs artistes sont appelés pour imaginer l'iconographie symbolique des médailles. 
Les médailles présentées ici sont issues de la collection de Dr. Lothar Hardt. Elles ont été photographiées par le grand photographe spécialiste des médailles, Manfred Czastka, qui montre les médailles en deux formats, en grandeur nature et en triple agrandissement, permettant d'en apprécier les moindres détails.
 
Lisa Zeitz est correspondant d'art pour le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Som père, le Dr. Joachim Zeitz est un médecin orthopédiste à Bad Homburg, auteur de deux livres sur des médailles de sa région natale, l'ancien Grand Duché de Bade.

Pierre Kubel (producteur) et Antoine de Caunes (metteur en scène), récompensés pour le film "Monsieur N."

SAI la Princesse Napoléon, ravie, remet une médaille souvenir à un Antoine de Caunes fort émuUne énigme policière, autour d'une énigme historique : la dernière bataille de Napoléon 
 
1815. Après la période des Cent-Jours qui vit son retour au pouvoir, Napoléon, fait prisonnier par le gouvernement anglais auquel il demandait asile, est envoyé à Sainte-Hélène, accompagné de proches, fidèles ou intéressés. Comment Napoléon, l'homme de toutes les batailles, le génial stratège politique et militaire, peut-il accepter de se soumettre à cet emprisonnement en pleine mer ? Quel système de défense – donc d'attaque – imagine-t-il mettre en oeuvre pour desserrer l'emprise de ses geôliers ?
C'est à Sainte-Hélène, cette île hors d'atteinte choisie par ses ennemis, qu'il va livrer une mystérieuse bataille, la dernière mais la plus importante, celle que l'Histoire n'a encore jamais révélée… 

J.-Cl. Lachnitt, secrétaire général des G. P., présente E. Zylberstein à SAI la Princesse NapoléonGrâce à sa merveilleuse expérience de théâtre, Torreton a su s'affranchir de tous les tics que l'on est tenté d'utiliser pour jouer (et donc surjouer) un tel personnage. D'ailleurs, pas une seule fois Napoléon ne met la main dans son gilet… Torreton nous offre un Napoléon, stratège, brutal tant il est lucide sur les gens qui l'entourent.
 
Face à Napoléon, deux clans. Sa cour, mélange de fidélité et de duplicité, et le clan « ennemi », anglais, maintenant une surveillance de tous les instants, comme un filet qui se resserre un peu plus chaque jour.
 
Elsa Zylberstein offre en quelques scènes une Albine de Montholon complexe, frivole et avertie, émouvante dans son attachement à Napoléon, un attachement compliqué par son sens des affaires, Stéphane Freiss campe son époux, tout aussi affairiste mais plus faible de caractère, Frédéric Pierrot joue un Gourgaud, mauvais garnement, fanfaronnant jusqu'au dernier jour.

A d., le Baron Gourgaud, sous le charme du sourire d'Elsa ZylbersteinQuant à la garde rapprochée de l'empereur, Roschdy Zem interprète un Grand Maréchal Bertrand sobre et sûr, tandis que Bruno Putzulu joue un Cipriani, direct et protecteur, tout à son attachement pour celui qui fut son ami d'enfance, « Cesse donc de me rêver tel que je ne suis pas, Cipriani. »
 
Les deux personnages « anglais » principaux, réalisent une belle performance. Richard E. Grant est superbe de raideur et d'obsessionnalité, drapé dans sa mission comme dans une armure, mission vécue comme l'ultime heure de gloire face à la réalité de l'échec de sa carrière militaire ?
 
Jason Road joue un jeune officier dotée d'une personnalité attachante, qui doit suivre pas à pas Napoléon, légende vivante pour sa jeune génération. Son caractère entier et honnête le pousse à vouloir comprendre les dessous d'un événement historique (la mort de Napoléon Ier à Sainte-Hélène) : comprendre et non chercher à tout prix à étayer une version plutôt qu'une autre.

Le professeur Jean Tulard a conseillé Antoine de Caunes pendant tout le filmCette énigme policière s'est montée autour d'un événement historique précis, autour de questions suscitées par les divergences de témoignages. Ceci dit, les auteurs ont évité le piège de » la recherche de la vérité historique », sur un sujet sensible pour certains « napoléoniens ».
Le contexte et les faits historiques sont là ; certes, Ali ne s'habillait guère en mamelouk, Las Cases est absent, mais l'essentiel est ailleurs. Les auteurs mais également la costumière, le dialoguiste, les interprètes aussi, ont su saisir ce qui est l'essence de cette époque, restituer une couleur, une musique justes, et faire vivre sous nos yeux des personnages « historiques » mais pas moins hommes et femmes. C'est cet équilibre qui donne cette tonalité moderne au film, sans jamais être choquante. On est loin des banalisations du vocabulaire, ou des relations entre Napoléon et son entourage, que d'autres ont essayé dans un souci d'adaptation au public du XXIe siècle. Ca n'a pas toujours été une réussite…

Cette année 2003, six bourses d’études ont été remises à de jeunes chercheurs en histoire

SAI la Princesse Napoléon récompense Mme Isabelle Rouger-Ducos pour sa thèse sur l'Arc de TriompheBourses d'études Premier Empire :
•  Le Sénat conservateur de l'an VIII, constituant secondaire, par Clémence Zacharie-Tchakarian 
•  Saragosse pendant l'occupation française après les sièges de la Guerre d'indépendance 1809-1813, par Anne-Sophie Galofaro-Darmagnac 
 
Bourses d'études Second Empire :
•  Pierre-Victor Galland (1822-1892), peintre décorateur, par Jérémy Cerrano 
•  Le Quai d'Orsay et les diplomates dans la politique étrangère sous le Second Empire, par Yves Bruley 
 
Bourses d'études Premier – Second Empire :
•  La vie et l'oeuvre d'Auguste Couderc (1789-1873), peintre d'histoire, par Joanna Walkowska 
•  L'Arc de Triomphe, construction et appropriation d'un monument patrimonial 1806-1945, par Isabelle Rouge-Ducos


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