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Le grand maréchal du Palais Duroc

Découvre à travers son portrait et son histoire ce personnage exceptionnel qui fut cher à Napoléon.

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Le grand maréchal du Palais Duroc
Antoine-Jean Gros Géraud-Christophe-Michel Duroc (1772-1813), duc de Frioul

Ce portrait est celui de Géraud-Christophe-Michel Duroc, de son vrai nom Géraud-Christophe Michel du Roc de Brion. Il a été peint par Antoine-Jean Gros, un ami de Duroc, vers 1806. C’est un personnage historique important qui servit Napoléon Bonaparte très tôt et de diverses manières.

I. Que voit-on sur ce portrait ?

Un riche costume
Duroc dans le costume qu’il porte lors du sacre du 2 décembre 1804 de Napoléon. Gros entoure le grand maréchal Duroc de sa gloire. Duroc a en effet été un des principaux organisateurs de cet événement : un an avant, le jour même où l’Empire était proclamé par le Sénat (le 18 mai 1804), il était devenu grand maréchal du Palais de Napoléon et la mise en scène du cérémonial impérial faisait partie de sa fonction.

Une distinction honorifique bien visible
C’est la légion d’honneur, distinction créée par Napoléon, qu’on peut voir sur la poitrine de Duroc : Duroc a été fait Grand-croix, le grade le plus haut de cette médaille, deux mois après le sacre, le 2 février 1805.

Au fond : la colonne Vendôme
La colonne Vendôme célèbre la campagne d’Allemagne de 1805, au cours de laquelle Napoléon gagna à Austerlitz. Elle n’est pas encore construite quand la peinture est faite mais ce détail rappelle la carrière militaire de Duroc. Il est devenu aide de camp de Bonaparte en 1796, puis général de brigade le 13 octobre 1801 et gouverneur militaire du palais des Tuileries en 1802.

II. Mais qui est réellement Duroc ?
Il est né à Pont-à-Mousson en 1772, et il commence une carrière militaire comme cadet au début de 1789, à l’âge de 17 ans comme beaucoup de jeunes hommes de son époque.

Le militaire Duroc
D’origine noble, du Roc devenu Duroc est chassé par la Révolution de l’armée en 1792. Il émigre pour un temps mais rentre vite en France pour reprendre sa carrière militaire du côté de la Première République. Comme le jeune capitaine Bonaparte, il est présent lors du siège de Toulon de 1793 face aux royalistes et leurs alliés étrangers. Il devient trois ans plus tard aide de camp de Bonaparte, devenu lui général. À partir de ce moment, sa carrière continue à progresser en même temps que celle de Bonaparte. Ainsi, en 1799, au retour de l’expédition d’Égypte de Bonaparte, il participe au coup d’État du 18 Brumaire et devient premier aide-de-camp du Premier Consul Bonaparte. Il participera à la bataille de Marengo en 1800. Il  devient d’ailleurs général de brigade en octobre 1801, général de division deux ans plus tard.

Le diplomate Duroc
En parallèle à cette carrière militaire, il effectue pour le Premier Consul des missions diplomatiques à Berlin (Allemagne), à Vienne (Autriche), Bâle (Suisse), à Saint-Pétersbourg (Russie) et Copenhague (Danemark). L’Empereur l’envoie parfois en mission spéciale auprès d’un souverain étranger comme quand il apporte au Tsar, après Friedland, les propositions d’armistice (juin 1807) de Napoléon. Il obtient même à Bayonne, en 1808, l’abdication du roi d’Espagne pour Napoléon !

Le grand maréchal du Palais Duroc
Une nouvelle tâche l’attend en 1804 : il est fait grand maréchal du Palais. Il doit veiller sur le bon fonctionnement de la Maison de l’Empereur : il est à la fois chargé de la sécurité de Napoléon et de sa famille, et il doit aussi s’occuper de toute l’organisation de la vie quotidienne de la famille impériale, côté intendance : ameublement, nourriture, voyages, entretien des jardins… c’est à ce titre qu’il s’occupe aussi des cérémonies officielles comme celle du sacre de 1804. Avec une fonction aussi capitale, il suit Napoléon partout ou presque dans ses déplacements y compris durant les campagnes militaires Personnage décidément très important, il est fait duc de Frioul en récompense.

La mort de Duroc
Alors qu’il accompagne l’Empereur lors de sa campagne d’Allemagne, il est gravement blessé par un boulet de canon le 22 mai 1813. Duroc survit assez longtemps pour recevoir la visite de Napoléon qui appréciait beaucoup cet ami de grande valeur. Le journal officiel de l’époque, Le Moniteur, raconte la visite de l’Empereur à son ami mourant, et un dialogue entre les deux hommes (que l’Empereur laisse publier mais qui s’avère faux) : la légende est trop belle !
« [Duroc] serra la main de l’Empereur, qu’il porta sur ses lèvres.
– Toute ma vie, lui dit-il, a été consacrée à votre service, et je ne la regrette que par l’utilité dont elle pouvait vous être encore !
– Duroc,  lui dit l’Empereur, il est une autre vie ! C’est là que vous irez m’attendre, et que nous nous retrouverons un jour !
– Oui, sire ; mais ce sera dans 30 ans, quand vous aurez triomphé de vos ennemis et réalisé toutes les espérances de notre patrie….. J’ai vécu en honnête homme ; je ne me reproche rien. Je laisse une fille, votre Majesté lui servira de père.
L’Empereur, serrant de la main droite le grand maréchal, resta un quart d’heure la tête appuyée sur sa main gauche dans le plus profond silence. Le grand maréchal rompit le premier silence :
– Ah sire ! Allez-vous-en ! Ce spectacle vous peine !
L’Empereur, s’appuyant sur le duc de Dalmate et sur le grand écuyer, quitta le duc de Frioul sans pouvoir lui dire autre chose que ces mots.
– Adieu, donc, mon ami !
Sa majesté rentra dans sa tente, et ne reçut personne pendant toute la nuit. ».

(Marie de Bruchard – juin 2014)

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