Atala au tombeau, dit aussi Funérailles d’Atala

Artiste(s) : GIRODET DE ROUCY-TRIOSON Anne-Louis
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Atala au tombeau, dit aussi Funérailles d’Atala
Atala au tombeau, dit aussi Funérailles d'Atala, par Anne-Louis Girodet De Roussy-Trioson © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda

Atala ou les Amours de deux sauvages dans le désert de Chateaubriand a fourni le sujet de l’oeuvre la plus populaire de Girodet. Dans l’Amérique primitive du XVIIe siècle se joue le destin tragique d’une jeune métisse chrétienne, Atala, éprise de Chactas, un indien qu’elle a sauvé d’une condamnation à mort. Recueillis au terme d’une longue errance par un missionnaire, le père Aubry, les jeunes amants ne peuvent vivre leur amour. Prisonnière du voeu fait à sa mère de se consacrer à la religion, Atala choisit le suicide pour ne pas céder à sa passion, en dépit de la volonté de Chactas de se convertir pour l’épouser.
Présenté au Salon de 1808, le tableau témoigne du renouveau du religieux en France qui, au moment de la signature du Concordat, s’est incarné dans Le Génie du christianisme. L’histoire d’Atala, d’abord publiée seule en 1801, apparaît à la fin de la troisième partie de l’ouvrage pour illustrer les « Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain ».

Girodet a pleinement exploité le romanesque du sujet en choisissant son dramatique dénouement, Chactas et le père Aubry portant le corps d’Atala dans la tombe qu’ils viennent de creuser à l’entrée d’une grotte perdue dans la nature. Sur la paroi de celle-ci, le peintre a repris un verset du Livre de Job cité par Chateaubriand : « J’ai passé comme la fleur, j’ai séché comme l’herbe des champs ».
Si, en digne élève de David, l’artiste s’inscrit encore dans le courant néoclassique par la composition en frise et la facture précise du dessin, il s’affranchit une fois de plus de son maître par une vision sentimentale bien éloignée de la peinture d’histoire et de son cortège de significations morale ou politique. C’est bien à l’iconographie chrétienne que se rattache l’œuvre, dans la grande tradition des pietà. Mais le religieux se teinte ici d’un érotisme morbide. Incarnation de la pureté virginale dans son blanc linceul, la chaste Atala dont l’idéale beauté se découpe dans la lumière crépusculaire, n’en est pas moins sensuelle. La poignante douleur de Chactas étreignant le corps sans vie de sa bien-aimée et la triste gravité du père Aubry achèvent de composer une palette de sentiments appartenant déjà au romantisme.

Karine Huguenaud, septembre 2005

Date :
1808
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 2,07 m, L = 2,67 m
Lieux de conservation :
Paris, musée du Louvre
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