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Vue de Kantara
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Le seuil d'el Guisr
Journal Officiel de l'Empire Français
Lundi 29 novembre 1869 (n°328 p1527)

Le départ pour Suez eut lieu le lendemain, 17 novembre. l’Aigle prit la tête de la flottille, suivi des nombreux navires qui portaient les princes ; ce cortège, qui tentait pour la première fois le passage ouvert désormais au commerce du monde, présentait l’aspect le plus imposant.

 

Mercredi 1er décembre 1869 (n°330 p1535)

La flottille d’inauguration, en tête de laquelle s’avançait l’Aigle, arriva en peu d’heures de Port-Saïd à Ismaïlia. La traversée a été des plus heureuses. En quittant Port-Saïd, on entre dans les grands lacs Menzaleh, dont les berges du canal coupent les vastes surfaces, et dont on aperçoit vaguement les îlots vaseux, les rives planes où s’élèvent les cabanes de quelques villages de pêcheurs arabes ; puis on passe devant Kantara, autrefois ville importante sous les anciennes dynasties égyptiennes, et aussi, croit-on, sous la domination romaine.

Aujourd’hui ce grand centre de population a disparu : on y retrouve à peine quelques vestiges de la splendeur passée ; Kantara n’est plus qu’un campement de la Compagnie de Suez, et des maisons de bois ont remplacé les antiques édifices ; mais le passage du canal près de cette bourgade va lui donner une vie nouvelle.

Plus loin, et près des bancs de gypse qui miroitent au soleil, on arrive à El Ferdane, où la compagnie a établi une vaste plâtrière qui a fourni des matériaux à la plupart des constructions de l’isthme ; puis à El Guisr, immense dune de sable d’une étendue de près de quatre lieues, que traverse le lit du canal, et qui a coûté de longs et difficiles travaux.

Dans ce vaste désert s’élève maintenant un bourg de près de 2 000 habitants qui y ont construit une mosquée et une église.