Au sortir du lac de Timsah, on rentre dans le canal maritime,
et après avoir dépassé Toussoum, le plus ancien campement de la
Compagnie dans ces parages, on arrive au Sérapéum, monticule ainsi
nommé à cause des vestiges dun temple de Sérapis, et où a été
creusée une des tranchées les plus profondes du parcours. Là
est le point de jonction du canal deau douce et du canal maritime.
On entre ensuite dans les lacs Amers.
Autrefois, lespace de quarante kilomètres compris dans ces deux
lacs nétait quune assez forte dépression de terrain imprégné
de sel. Cest au mois de février dernier que les eaux de la Méditerranée
ont commencé à remplir ce vaste bassin : il na pas fallu moins
de sept mois pour que les eaux sortant du déversoir du Sérapéum
atteignissent le niveau quelles occupent aujourdhui.
Elles forment actuellement deux lacs étendus, qui ont couvert
un sol sablonneux et noyé complètement la forêt dEl Amback, qui
développait sur plusieurs kilomètres les touffes de ses antiques
tamaris. Aujourdhui la forêt, cachée sous leau des lacs, élève
encore au-dessus le sommet de ses arbres, et il y a sur le parcours
du canal peu daussi bizarres effets que ceux de ces cimes noires
se dressant comme des plantes marines et couvertes de tous les
oiseaux aquatiques familiers des bords du Nil, le flamant surtout
et libis, qui vivent dans le voisinage de cette végétation submergée,
si près de la mer Rouge par les flots de la Méditerranée.
Au sortir du lac des lacs Amers, on laisse à droite la montagne
du Gebel Geneffé, puis le campement de Chalouf, et enfin on aperçoit
devant soi une longue ligne bleue se confondant avec lazur du
ciel : cest lembouchure du canal, la mer Rouge.
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