On arrive à Suez. Le canal conduit jusquau milieu de la rade,
où toute une escadre de grands bâtiments transatlantiques anglais,
français, hollandais, autrichiens et russes se trouvaient à lancre,
se préparant à entreprendre la traversée du canal et à profiter
des grands ouvrages dont nous venions de constater les admirables
résultats.
Suez nest plus aujourdhui la ville désolée, enfouie sous le
sable et perdue dans une lointaine solitude. Le canal maritime
lui donne une nouvelle vie. Autrefois sa rade étaient vide, ses
rues désertes, sa population appauvrie ; leau potable surtout
fait défaut aux habitants, forcés de la faire venir à grands frais
des sources appelées fontaines de Moïse. Maintenant le canal deau
douce venu dIsmaïlia lui amène les eaux du Nil.
Des maisons nouvelles sélèvent sur ces terrains arides, une population
nombreuse remplit les rues tortueuses de la vieille cité, passe
sous la porte mauresque, encombre les détours du bazar, où samoncellent
les plus curieux échantillons du commerce et de lindustrie de
lOrient, sarrête devant une maison située en face de la mer,
simple dailleurs, mais que commande un grand souvenir : cest
dans ces murs qua habité le général Bonaparte lors de son excursion
à la mer Rouge.
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