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Suez
Journal Officiel de l'Empire Français
Mercredi 1er décembre 1869 (n°330 p1535)

On arrive à Suez. Le canal conduit jusqu’au milieu de la rade, où toute une escadre de grands bâtiments transatlantiques anglais, français, hollandais, autrichiens et russes se trouvaient à l’ancre, se préparant à entreprendre la traversée du canal et à profiter des grands ouvrages dont nous venions de constater les admirables résultats.

Suez n’est plus aujourd’hui la ville désolée, enfouie sous le sable et perdue dans une lointaine solitude. Le canal maritime lui donne une nouvelle vie. Autrefois sa rade étaient vide, ses rues désertes, sa population appauvrie ; l’eau potable surtout fait défaut aux habitants, forcés de la faire venir à grands frais des sources appelées fontaines de Moïse. Maintenant le canal d’eau douce venu d’Ismaïlia lui amène les eaux du Nil.

Des maisons nouvelles s’élèvent sur ces terrains arides, une population nombreuse remplit les rues tortueuses de la vieille cité, passe sous la porte mauresque, encombre les détours du bazar, où s’amoncellent les plus curieux échantillons du commerce et de l’industrie de l’Orient, s’arrête devant une maison située en face de la mer, simple d’ailleurs, mais que commande un grand souvenir : c’est dans ces murs qu’a habité le général Bonaparte lors de son excursion à la mer Rouge.