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    L'OBJET DU MOIS
 
Le château de Fontainebleau conserve une feuille d'or de la couronne du Sacre réalisée par Biennais, une relique qui fut la propriété du peintre Isabey.
 
A l'occasion de la sortie du livre Le Sacre de Napoléon chez Nouveau Monde Editions, nous vous avions concocté deux Quizz enfant et adulte : des Friandises pour tester vos connaissances !
 
Enfin, retrouvez sur napoleon.org le texte du Sénatus-consulte du 28 floréal an XII (18 mai 1804)


 
IL Y A 150 ANS

Victor Hugo, alors en exil à Jersey, fait paraître le 21 novembre 1853 à Bruxelles les Châtimentsun recueil de poèmes satiriques, particulièrement virulent à l'encontre de Napoléon III, et dont voici un extrait, le titre I du poème Nox :
 
NOX
 
I

C'est la date choisie au fond de ta pensée,
Prince ! il faut en finir, - cette nuit est glacée,
Viens, lève-toi ! flairant dans l'ombre les escrocs,

Le dogue Liberté gronde et montre les crocs.
Quoique mis par Carlier (1) à la chaîne, il aboie.
N'attends pas plus longtemps ! c'est l'heure de la proie.
Vois, décembre épaissit son brouillard le plus noir ;
Comme un baron voleur qui sort de son manoir,
Surprends, brusque assaillant, l'ennemi que tu cernes.
Debout ! les régiments sont là dans les casernes,
Sac au dos, abrutis de vin et de fureur,
N'attendant qu'un bandit pour faire un empereur.
Mets ta main sur ta lampe et viens d'un pas oblique,
Prends ton couteau, l'instant est bon : la République,
Confiante, et sans voir tes yeux sombres briller,
Dort, avec ton serment, prince, pour oreiller.
 
Cavaliers, fantassins, sortez ! dehors les hordes !
Sus aux représentants ! soldats, liez les cordes
Vos généraux jetés dans la cave aux forçats !
Poussez, la crosse aux reins, l'Assemblée à Mazas (2) !
Chassez la haute-cour à coups de plat de sabre !
Changez-vous, preux de France, en brigands de Calabre !
Vous, bourgeois, regardez, vil troupeau, vil limon,

Comme un glaive rougi qu'agite un noir démon,
Le coup d'Etat qui sort flamboyant de la forge !
Les tribuns pour le droit luttent ; qu'on les égorge.
Routiers, condottieri, vendus, prostitués,
Frappez ! tuez Baudin (3) ! tuez Dussoubs (4) ! tuez !
Que fait hors des maisons ce peuple ? Qu'il s'en aille !
Soldats, mitraillez-moi toute cette canaille !
Feu ! Feu ! Tu voteras ensuite, ô peuple roi !
Sabrez le droit, sabrez l'honneur, sabrez la loi !
 
Que sur les boulevards le sang coule en rivières !
Du vin plein les bidons ! des morts pleins les civières !
Qui veut de l'eau-de-vie ? En ce temps pluvieux
Il faut boire. Soldats, fusillez-moi ce vieux.
Tuez-moi cet enfant. Qu'est-ce que cette femme ?
C'est la mère ? tuez. Que tout ce peuple infâme
Tremble, et que les pavés rougissent ses talons !
Ce Paris odieux bouge et résiste. Allons !
Qu'il sente le mépris, sombre et plein de vengeance,
Que nous, la force, avons pour lui, l'intelligence !
L'étranger respecta Paris : soyons nouveaux !
Traînons-le dans la boue aux crins de nos chevaux !
Qu'il meure ! qu'on le broie et l'écrase et l'efface !
Noirs canons, crachez-lui vos boulets à la face !


Notes
(1) Pierre Carlier (1799-1858), nommé préfet de police en 1849, il est remplacé par Maupas quelques jours avant le coup d'Etat du 2 décembre 1851.
(2) Prison parisienne du faubourg Saint-Antoine (aujourd'hui 12e arr.) où furent emprisonnés plusieurs députés de gauche au moment du coup d'Etat.
(3) Jeune médecin de 23 ans, Victor Baudin fut tué sur les barricades du faubourg Saint-Antoine le 3 décembre. Il est célèbre pour sa phrase "Vous allez voir comment on meurt pour vinqt-cinq francs !" (cette somme correspondait au montant du traitement que les députés s'étaient attribué, une mesure très impopulaire)
(4) Denis Dussoubs avait emprunté l'écharpe symbolique de représentant des citoyens de son frère Gaston, député de la Haute-Vienne, pour se rendre sur les barricades du faubourg Saint-Antoine, où il fut tué dans la nuit du 4 au 5 décembre.

 
Victor Hugo : Oeuvres poétiques, vol. II : Les Châtiments, Les Contemplations.
Editions Gallimard, coll. La Pléiade, 1967.

 
Irène Delage
web éditrice

  
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