Parfois assimilé à un crocodile, animal symbolisant lEgypte, Bonaparte revenant dEgypte, organise son coup dEtat des 18 et 19 Brumaire, et chasse les députés du Conseil des Anciens. Lidée des grenouilles est des plus intéressantes. Elle montre que la démocratie française noyait les décisions dans dinterminables débats, et que les chambres étaient en fait des sortes de marécages où les idées stagnaient. Très nombreuses furent les caricatures anglaises qui sintéressèrent de près au coup dEtat de Bonaparte, et qui, tout en critiquant la démocratie républicaine, nen attaquaient pas moins le jeune général, considéré comme un arriviste. |
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-Saint-Phal-Annoncée le 21 mars 1815, cette caricature ne fut déposée quen septembre suivant, en raison des Cent-Jours. Son extrême violence interdisait en effet toute publication au moment du retour de lIle dElbe. Cette planche fait référence aux origines révolutionnaires du gouvernement impérial : Napoléon est soutenu essentiellement par la populace des faubourgs, où il a trouvé sa couronne quil cherche à présent dans les ordures car le vent a tourné, et un croque-mort sapprête déjà à le mettre en bière, alors que le peuple clame toujours son soutien à lEmpire. Cette caricature est lune des plus réactionnaires qui soient, montrant à quel point les aristocrates méprisaient le peuple. Autres exemplaires à la Bibliothèque Nationale de France et au musée Carnavalet. |
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Cette caricature fut publiée simultanément en anglais et en français, le 6 mars 1813. Il sagit donc dune allusion à la prétendue désertion de Napoléon lors de la retraite de Russie, le 5 décembre 1812. Les abandons successifs de son armée par Bonaparte/Napoléon, lors de lexpédition dEgypte en particulier, firent le jeu des pamphlétaires. LAbbé David, dans sa Seconde épître à labbé Sicard (1817) écrit : "Ce vil brigand, pour conserver sa vie, sesquive seul, senfuit de Moscovie ; (...) lUnivers sait lexécrable conduite de ce fuyard, de ce lâche Thersite, qui, pour prouver sa grande fermeté, très lâchement cinq fois a déserté. nous savons quil déserta du Caire (...)". Mais Cruikshank va plus loin dans cette caricature, en rappelant que Napoléon, fils de la Révolution, a trahi celle-ci par sa désertion, et risque de la compromettre. Selon Grand-Carteret, Cruikshank aurait imaginé quune nouvelle Révolution avait eu lieu en France, qui aurait remplacé lEmpereur par un savetier à la tête de lEtat. Cest possible, mais limage na quun but, ouvrir les yeux du peuple français sur lattitude de Napoléon, sans trop bousculer ses idées. Mais en rappelant que les Jacobins sont des bouchers, des savetiers, etc. Le dessin de Cruikshank est donc autant de noircir lEmpire que la République. Cette caricature, diffusée en France, pose les prémisses de la guerre idéologique qui va bientôt présenter le roi comme le seul recours possible. |
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-Pierre-Marie Bassompierre Gaston-Cette caricature est peut-être inspirée dun modèle allemand de Leonhardt Schlemer (né en 1772) Alte Liebe rostet nicht (Vieil amour ne rouille pas) (B.N., Est., coll. Hennin, 157, p. 6 ; catal. expo. Hanovre, p. 336, n° 5.6, pl. XLVIII). Cest peut-être la raison pour laquelle il est si clairement fait allusion aux origines révolutionnaire de lEmpire : Napoléon est ici assimilé aux Jacobins, dont il tient la pique surmontée du bonnet rouge. Général, Bonaparte fut en effet en 1793-1794 à Toulon, proche du milieu robespierriste. Une si directe critique des origines est rare en France (au contraire de lAngleterre) : nous avons vu les raison du dédoublement entre la personne de Napoléon et le corps social dans notre introduction. |
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-Lacroix-Lune des plus fortes caricatures qui soient. Lune des plus idéologiques aussi. Il sagit dune sorte de jeu de mot sur le terme de Lumières, appliqué à la pensée du XVIIIe siècle. Selon les royalistes, le siècle de la Philosophie avait abouti à lEmpire, période de tyrannie, de guerre et de mort. La lumière, devenu feu du canon avec Napoléon, aveugle les malheureux soldats par la fumée quelle dégage. Lidéologie du XVIIIe siècle nest finalement quun leurre. Cest en quelque sorte une manière différente de traîter le thème central de léteignoir. En fait, lauteur de cette planche ne se trompait guère, quand il plaçait lEmpire dans la lignée des Lumières. Le régime napoléonien a en effet été perçu par certains historiens comme la dernière monarchie éclairée du XVIIIe siècle (voir en particulier L. Bergeron, Lépisode napoléonien. I. Aspects intérieurs, 1799-1815, Paris, Seuil, coll. Nouvelle histoire de la France contemporaine, 4, p. 12). |
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-Lacroix-On ne saurait trouver meilleure réponse à la lutte qui sétait engagée entre Royalistes et Bonapartistes autour du thème de léteignoir, autour des questions dordre idéologique, en 1814-1815. Lacroix découvrit la solution : ce nétait ni le roi ni Napoléon qui étaient obsurantistes : Blücher et Wellington jetaient lEmpereur dans la poubelle de lHistoire. Le débat nexistait pas, les Alliés lavaient réglé eux-mêmes. La bulle, couramment utilisée en Angleterre, est employée ici, comme dans dautres caricatures françaises, mais elle nest pas cerclée dune ligne. Plusieurs exemplaires de cette pièce sont répertoriés à la Bibliothèque Nationale de France (Estampes) et au musée Carnavalet. |
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-Lacroix-Plusieurs exemplaires de cette caricature sont connus, à la Bibliothèque Nationale de France (Qb 1, 20 avril 1814 ; Tf 22, p. 9 ; coll. de Vinck) ou à la Bibliothèque Thiers. Loeuvre montre le roi de Rome tendant une corde, la cravate, à un buste de Napoléon à oreilles de diable. Cest le thème du pendu, seul supplice mérité par lUsurpateur. Le roi de Rome a été quelquefois utilisé dans les caricatures, en particulier par George Cruikshank (attribué) en mars 1814 (Nouvelle farce qui a été représentée à Paris). Notre planche est cependant terrible par la rééducation du duc de Reichstadt quelle suppose. |
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-Louis Lecoeur-Cette gravure satirique fut enregistrée au Dépôt légal le 20 avril 1815 par Lecoeur, rue Mouffetard, n° 89. Caricature bonapartiste, elle stigmatise Talleyrand , inspiré par un diable cornu, accusé davoir lâché Napoléon lorsquil apprit le Retour de lIle dElbe (doù le texte quil rédige). En réalité, on sait le rôle plutôt positif qua joué lancien ministre de lEmpereur durant le Congrès de Vienne. Ce fut grâce à lui si la France, après la première abdication, put conserver ses conquêtes de 1792 (Nice et Savoie) et les trésors artistiques enlevés durant les campagnes du Directoire et de lEmpire, qui étaient venus grossir les collections du Louvre. Tout cela devait être perdu après Waterloo. |
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Sur le thème du visage tête-bêche, lidéologie inversée des valeurs est symbolisée par les deux figures de Napoléon, image du mal, de la guerre et de la mort, et de Cambacérès, dont les goûts contre-nature firent le bonheur des caricaturistes. La planche peut-être datée de 1814-1815. |
L'Anti-Napoléon
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