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-D'après Johann Michael Voltz-
Il ne sagit pas là à proprement parler dune caricature, mais bien plutôt dune gravure satirique, dune violence très particulière, comme seuls les Allemands en produisirent. La gravure, dont plusieurs variantes sont répertoriées, est accompagnée dun texte franco-allemand explicatif. Le dessin fait allusion à la bataille de Leipzig, véritable piège dans lequel Napoléon sest jeté : son buste est en effet composé dune carte de lAllemagne où sont montrées les batailles de la campagne de 1813, Lützen, Gros-Beeren, Hanau, et surtout Leipzig. Véritable dieu de la mort, son visage est composé de cadavres. Laigle qui surmonte sa tête et se dessine en petit chapeau est laigle prussienne selon le texte, et non laigle impériale. Cest donc bien dans le bourbier allemand que sest précipité lEmpereur. Loeuvre se veut mystique : il est dit clairement que lépaulette est formée de la main de Dieu. Nous sommes ici dans le contexte du romantisme allemand, où le nationalisme naissant se teinte dune dimension sacrée. En fait, cette gravure illustre une idée caractéristique de lAllemagne du temps, qua fort bien explicité Hegel. Dabord considéré comme « lâme du monde », cest-à-dire comme lacteur de lHistoire, histoire sacrée, Napoléon ayant outrepassé les principes de lHistoire, ceux-ci passèrent entre les mains de lEtat prussien. Dans une lettre à son ami Niethammer, en date du 5 juillet 1816, le philosophe écrit : « Je men tiens à cette idée que lesprit du temps a donné lordre davancer. Cet ordre est obéi ». Autrement dit, en dix années, Hegel remarque que lAbsolu a quitté Napoléon pour sobjectiver dans la Prusse. Cest exactement ce que semble démontrer cette caricature, qui va bien au-delà de la simple critique napoléonienne (Voir N. Boussard, « Napoléon, héros hégélien », Souvenir napoléonien, mars-avril 1995, n° 400, p. 8-20) Loeuvre fut gravée daprès un dessin de Johann-Michael Voltz. En une semaine, il sen vendit à Berlin 20.000 exemplaires. Elle fut diffusée à travers toute lEurope, ainsi que le rappelle Broadley, aussi bien en Angleterre quen Italie, Russie, Hollande, Suède, Espagne ou Portugal. La version française fut annoncée par le Journal de Paris du 3 mai 1814 (Clerc, p. 189, n° 61). |
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-James Girtin-
Le nombre 666 est celui de la Bête de lApocalypse. Par un habile calcul, lauteur de cette virulente attaque contre Napoléon est parvenu à assimiler lEmpereur à cette créature monstrueuse. Plusieurs textes, à la fin de lEmpire prirent pour thème la figure de lAntéchrist, lApollyon décrit par saint Jean. Or du nom dApollyon, on passe facilement à Napoléon. Ainsi lépopée impériale ne fut jamais quune guerre dextermination cosmique, où momentanément, la Bête, qui avait emprisonné le pape et usurpé le trône sacré des Bourbons, triompha sur la terre. Dans cet esprit romantique, qui devait se développer, Napoléon apparaissait ainsi comme une créature infernale, bras armé du démon venu sur terre pour y installer son règne dans le chaos. En fait, cette conception apocalyptique de Napoléon, héritier de la Révolution, remonte à un ouvrage datant de 1798, écrit par labbé Barruel, intitulé Abrégé des Mémoires pour servir à lhistoire des Jacobins. Dans ce livre, lauteur expliquait que la Révolution avait été la conséquence dun vaste complot maçonnique, destiné à renverser les valeurs lumineuses de lOccident pour les remplacer par des valeurs négatives dont Napoléon/Apollyon fut limage. Autrement dit la Révolution fut loeuvre du démon. Ainsi sexplique la caricature anti-napoléonienne, dont le but avoué fut de détruire lAntéchrist. Sur le thème de Napoléon/Appollyon, Jean-Baptiste Pérès, bibliothécaire à Agen, publia en 1827, un petit ouvrage intitulé Comme quoi Napoléon na jamais existé, étrange démonstration dun mythe solaire illuministe. |
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-Louis-Cette caricature constitue en quelque sorte une suite de la planche intitulée Départ pour lArmée, montrant Napoléon chevauchant un squelette de cheval et brandissant des foudres. Ici, dialoguant avec la Mort, lEmpereur lui explique quil lui sacrifie encore de jeunes vies, à quoi la Mort répond : « Tu y viendras aussi ». Ce thème de la Mort fut assez peu utilisé dans la caricature, du moins sous cette forme allégorique directe. Le diable fut plus souvent représenté, qui emportait Napoléon aux Enfers. |
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-Lacroix-Le sujet de cette danse macabre est expliqué sous le titre de la caricature. Là, lallégorie est pleinement utilisée, mais non dans le sens populaire, traditionnel dans la caricature. Elle fait référence bien plutôt à grand culture néo-classique de lépoque, et le dessin lui-même, excepté Napoléon, se ressent de lacadémisme davidien. La disposition en frise des personnages indique aussi clairement cette influence. Autres exemplaires à la Bibliothèque Nationale de France et à la Bibliothèque Thiers. |
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Cette caricature double face est connue en Angleterre, en France et en Allemagne (cf. catal. exp. Hanovre, p. 178-179, n° 7.15, fig. LXI). Sa compréhension est simple : Napoléon est le diable. Cette planche nest pas sans rappeler Le Tyran démasqué où Napoléon dévoile son masque de tigre. |
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Cette caricature réapparaît dans le Pariser Carneval von 1814, à côté du Napoléon se cassant les dents sur la noix de Leipzig, du Napoléon faisant des bulles et de lUniversal Monarch (catal. expo. Hanovre, p. 319, n° 3.126). Elle date de la fin de 1813 ou du début de 1814. Cest sans doute la première fois que lEmpereur est assimilé au bouc, cest-à-dire au diable. La planche illustre la campagne de Russie doù Napoléon vaincu revint en Allemagne pour tenter de résister aux Alliés. Il sagit donc dun appel à léradication de lenvahisseur hors du territoire allemand, afin de le purger de sa souillure infernale. |
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Cette caricature est lun des prototypes internationalisés. Elle est connue en effet en Angleterre (cf. J. Tulard, LAnti-Napoléon, Paris, 1965) et en France (cf. C. Clerc, p. 164, n° 35). Le modèle vient de Grande-Bretagne, où il fut publié par Ackermann le 18 mars 1814. En France et en Allemagne, le sous-titre, parodie du style biblique est le suivant : « Voici mon fils bien-aimé qui ma donné tant de satisfaction ». Il sagit de lun des planches où Napoléon est le plus efficacement mis en relation avec le diable. |
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