LA RUINE DU FABRIQUANT DE CIRE !..

__________

-Saint-Phal-

LA RUINE DU FABRIQUANT DE CIRE !..


Le fabricant de rois.

Paris, Bibliothèque Thiers

Cette caricature apparaît un peu comme une réponse à la caricature de Gillray, Tiddy-Doll, le grand fabricant de pain d’épices français, dans laquelle Napoléon faisait cuire de nouveaux rois. Ici au contraire, ce sont des rois de cire, fabriqués par l’Empereur, qui fondent ou sont brisés : Murat, roi de Naples (macaronis), Joseph, roi d’Espagne, Jérôme, roi de Westphalie, Elisa, grande-duchesse de Toscane, Louis, roi de Hollande. Tous ces souverains fantoches, membres de la famille de Napoléon étaient exposés dans une baraque foraine, où ils pouvaient être vus pour deux sols. L’Empereur crie sa ruine et son désespoir à cette vision. Le terme cire est évidemment un jeu de mots sur Sire, titre donné à un souverain. Cette caricature montre l’influence de la culture populaire, dévalorisante, sur la propagande anti-napoléonienne. L’image devient le cadre du spectacle forain, très apte à toucher le petit peuple des villes. Car la caricature est souvent un espace théâtral où Napoléon est mis en scène, comme dans les nombreuses pièces de théâtre pamphlétaires qui fleurirent en 1814-1815 (cf. Bonaparte à Lyon, 1815 ; Bonaparte ou l’abus de l’abdication, 1815).


titre

__________



NOUVELLE FARCE QUI A ETE REPRESENTE A PARIS AVEC ECLAT, ACTEUR PRINCIPAL LE ROI DE ROME ?????


Le Roi de Rome.

Arenenberg, Napoleonmuseum.

Attribuée à George Cruikshank, cette caricature fut lancée comme plusieurs autres, simultanément en anglais et en français, en réponse à un entrefilet du Moniteur qui annonçait que le roi de rome avait assisté pour son troisième anniversaire (20 mars 1814) à une revue des troupes. C’était l’époque où Napoléon, ayant donné la régence à Marie-Louise, conduisait la campagne de France. L’Empereur montre à son fils une parade de grognards à la bouche cadenassée par la Légion d’honneur. Toute la perfidie du souverain vantard - il se compare à Alexandre le Grand - transparaît dans son discours. Il envoie mourir des soldats en les endormant par des idées de gloire, alors qu’ils ne servent que ces ambitions, en l’occurrence la reconquête de l’Europe. Le pauvre petit roi de Rome est ici méchamment caricaturé, « monté sur son dada » de bois. C’est sa réponse aux paroles de son père qui suscite le rire, puisque jouant sur la scatologie, elles n’en est pas moins extrêmement réaliste.
Comme dans plusieurs caricatures, l’espace de l’image est celui d’une scène de théâtre. D’où d’ailleurs les bulles contenant les paroles des acteurs de la farce représentée.


LA MENAGERIE DE LA RUE IMPERIALE

__________

-Alexis-François Boyenval-

LA MENAGERIE DE LA RUE IMPERIALE


Le tigre captif.

Arenenberg, Napoleonmuseum

Comme pour La ruine du fabriquant de cire, cette caricature met en scène Napoléon dans un spectacle forain. Le boniment débité par le cosaque (?) qui montre les animaux aux spectateurs (les possesseurs de la gravure), est inscrit sur une banderolle explicative. Napoléon, enchaîné par la Russie et l’Angleterre, est assimilé à « un Tigre de la pire espèce ». Les autres animaux ou figures sont : le chat, Joseph roi d’Espagne ; le satyre, Jérôme roi de Westphalie ; le pourceau, Cambacérès, toujours mis en relation avec la sexualité la plus obscène, vivant avec un chien aux moeurs aussi étranges, sans doute le marquis d’Aigrefeuille (né en 1745), qui comme lui aimait la bonne chair. Le « gros oiseau de Paradis rouge, grand prédicateur », est le cardinal Fesch, oncle de l’Empereur ; le singe peut être Talleyrand ; quant à l’âne, il s’agit du général Hulin (1758-1841), souvent stigmatisé pour sa participation au procès du duc d’Enghien. Gouverneur de Paris, il eut la mâchoire fracassée par le général Malet en 1812, lorsqu’il démasqua la tentative de coup d’Etat contre Napoléon.


LE JEU DU PETENGUEULE ROYAL SUR LA FRANCE.

__________



LE JEU DU PETENGUEULE ROYAL SUR LA FRANCE.


Le renversement des valeurs. Le carnaval

Coll. comte et comtesse Maurice de La Bourdonnaye-Blossac.

Cette caricature non répertoriée dans Clerc, sans doute parce qu’elle est en réalité anti-royaliste, montre deux figures tête-bêche roulant sur elles-mêmes dans une sorte de va-et-vient. Ce sont Napoléon et Louis XVIII. La planche date des Cent-Jours, l’Empereur étant à nouveau sur pied ainsi qu’il le dit, le roi pirouettant au contraire, tandis que la France, pauvre figure émasciée, se trouve soulagée par le départ de ce dernier, énorme poids qu’elle devait supporter. Le jeu de pet-en-gueule fait référence à la confrérie carnavalesque dijonnaise de la Mère folle, autrefois très vivace. Il démontre parfaitement le renversement des valeurs établi au moment du carnaval, et qui est ici étendu à la politique.


BON A PART OU LE JEU DES QUATRE COINS

__________

-Jean-Baptiste Gauthier-

BON A PART OU LE JEU DES QUATRE COINS


Napoléon "rendant" ses conquêtes

Arenenberg, Napoleonmuseum.

Sur le thème d’un jeu populaire bien connu, cette caricature ironise sur la défaîte finale de Napoléon à Waterloo. L’Empereur n’a pu trouver son coin et reste seul au centre de l’espace occupé aux angles par Blücher, Wellington, le tzar de Russie et l’Empereur d’Autriche. Il en est réduit à « rendre » ses conquêtes, ou à bannir son ambition, d’une manière scatologique, et Blücher remarque que « ce n’est pas de la violette », allusion au surnom de Napoléon en 1815. Le jeu des quatre coins fut également utilisé pour une autre caricature, Le jeu des quatre Coins ou Les cinq Frères.


LE SABOT CORSE EN PLEINE DEROUTE

__________



LE SABOT CORSE EN PLEINE DEROUTE


L'ogre démembré. Identification du corps social au corps de Napoléon.

Arenenberg, Napoleonmuseum

Cette estampe est la version française d’une caricature attribuée à George Cruikshank, parue le 30 mars 1814. Blücher, feld-maréchal prussien, Wellington le britannique, Schwarzenberg l’Autrichien et Voronzoff, général russe, flagellent Napoléon, qui dépecé de ses membres, n’est plus qu’un sabot (ou nabot). C’est ici que le corps fictif apparaît clairement : chaque membre du souverain représente une conquète abandonnée, Portugal, Suisse, Italie. Cette caricature se rapproche d’autres oeuvres sur les thèmes du Volant corse ou du jeu des quatre coins. La Bibliothèque Nationale de France, le musée Carnavalet et la Bibliothèque Thiers conservent également des exemplaires de cette caricature.


LA GROSSE CAISSE DE L’EUROPE

__________

-Lacroix-

LA GROSSE CAISSE DE L’EUROPE


La déformation physique du corps de Napoléon identifié à un objet.

Arenenberg, Napoleonmuseum.

L’idée première de cette caricature provient d’une gravure anonyme anglaise parue en juin 1814, représentant Blücher, le maréchal prussien, battant un tambour dans lequel a pris place un Napoléon déculotté (cf. Grand-Carteret, p. 157, n° 317). Mais Lacroix va plus loin que le caricaturiste anglais, en identifiant le corps de l’Empereur à la grosse caisse sur laquelle tape un soldat anglais. Il s’agit là d’une des déformations les plus importantes subies par le corps de Napoléon, avec le volant ou le sabot. La grosse caisse est une allusion au fait que depuis Leipzig, toute l’Europe, et en particulier les Anglais à Waterloo, se mettaient à battre à coups redoublés sur l’Empereur.
La Bibliothèque Nationale de France et la Bibliothèque Thiers conservent également des exemplaires de cette caricature.


JE JURE QUE CA SENT LA VIOLETTE

__________

-Lacroix-

JE JURE QUE CA SENT LA VIOLETTE


Le maréchal Ney.

Arenenberg, Napoleonmuseum.

Connue en plusieurs exemplaires (B.N., Est., Qb1, mai 1815 et Tf 530, p. 8 ; T f. 22, p. 9 ; coll. de Vinck ; Paris, Bibliothèque Thiers), cette caricature est l’exemple même du jeu de mot, où le texte complète nécessairement l’image. Sur le Champ de Mai, le 1er juin 1815, le serment de fidélité à l’Empereur du maréchal Ney se traduit par un « serrement de nez », puisque le caricaturiste raille ici au moyen de la scatologie, le ralliement du plus célèbre des maréchaux à Napoléon. On connaît la gloire qu’il obtint à Waterloo et sa fin tragique. Ney fut en effet fusillé le 7 décembre 1815.


COLIN COURT.

__________



COLIN COURT.


L'assassinat du duc d'Enghein en 1804.

Arenenberg, Napoleonmuseum.

Il est permis de se demander comment une pièce satirique aussi violente que celle-ci put être annoncée dans le Journal de Paris et comment elle put être déposée à la Direction générale de la Librairie, ainsi qu’il est indiqué en bas à droite.
En effet, elle fait directement référence à l’enlèvement du duc d’Enghien, à Ettenheim, en territoire allemand, le 15 mars 1804. Ce fut l’aristocrate marquis de Caulaincourt, général et aide de camp de Bonaparte, qui fut chargé de l’arrêter. D’où la haine des Royalistes, qui cherchèrent à le rabaisser en le surnommant Colin, prénom roturier par excellence. On l’accusa d’être un sbire à la solde de Napoléon, et jamais on ne lui pardonna son rôle dans cette affaire d’enlèvement. Goldsmith, dans The Secret history of the cabinet of Bonaparte (1810), dit de lui : « Il est l’exécuteur secret de tous les assassinats médités par le bourreau de l’Europe ». En fait, il semble que Caulaincourt n’apprit que tardivement l’exécution du duc d’Enghien (ici représenté par un mouton sans défense tiré sur le pont de Kell à Strasbourg) et en fut sincèrement désolé.
Le titre de cette caricature est un jeu de mots mis en image sur le nom de Caulaincourt.
D’autres exemplaires de cette pièces sont connus (B.N., coll. Hennin et de Vinck : Bibliothèque Thiers).


TANT VA LA CRUCHE A L’EAU QU’A LA FIN ELLE SE CASSE

__________

-Pierre-Marie Bassompierre Gaston-

TANT VA LA CRUCHE A L’EAU QU’A LA FIN ELLE SE CASSE


Le corps de Napoléon identifié à un objet

Paris, Bibliothèque Thiers

Comme pour la caricature de Levachez, La poire était mûre, il s’agit ici de la mise en image d’un proverbe. Comme dans d’autres oeuvres, Napoléon prend ici la forme de l’objet auquel il est assimilé.


 LA CRISE SALUTAIRE.

__________



LA CRISE SALUTAIRE.


Napoléon "rendant" ses conquêtes.

Arenenberg, Napoleonmuseum.

Cette caricature scatologique est une illustration de Napoléon « rendant » ses conquêtes, et consultant un médecin sur le « régime » qu’il doit suivre. Celui-ci est évident : c’est l’Ancien Régime, la monarchie. Le double sens des mots suscite ici le rire, autant que la gravure.
Selon le dialogue écrit sous le dessin, il est permis de dater cette caricature de 1814, au moment de la Première Restauration.

L'Anti-Napoléon
Napoléon au physique et au moral
L'Idéologie
La lutte cosmique
Le grand art
L'exilé