Portrait de Bernardine-Eugénie-Désirée Clary, princesse de Pontecorvo

Artiste(s) : GERARD François (baron)
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Portrait de Bernardine-Eugénie-Désirée Clary, princesse de Pontecorvo

Historique : commandé à Gérard en 1808 pour la série des princesses de la famille impériale affectée au palais de Saint-Cloud ; collections royales de Suède depuis Oscar II par héritage, 1860
Exposition : Salon de 1810, n° 349

Singulière personnalité, Désirée Clary (Marseille,1777 – Stockholm, 1860) doit son destin inouï à la rencontre de sa famille avec les Bonaparte à Marseille aux heures révolutionnaires. Dénuée d’ambitions politiques, cette bourgeoise méridionale devient, malgré elle, la reine d’une cour scandinave, ne rejoignant Bernadotte, roi de Suède depuis 1818, que tardivement pour donner à l’Europe l’image d’une dynastie solidement établie.

Fille d’un riche négociant marseillais, Désirée est d’abord courtisée par Joseph Bonaparte qui, en quête d’un mariage fortuné, jette finalement son dévolu sur sa sœur Julie. Par l’entremise de Joseph, Désirée est présentée à Napoléon avec qui elle se fiance officiellement le 21 avril 1795. Alors que Napoléon est à Paris, où l’indécise Désirée ne le suit pas, il rencontre Joséphine, renonçant dès lors à son premier amour mais gardant pour Désirée une fidélité de coeur sa vie durant.

Deux ans plus tard, Joseph introduit sa belle-sœur auprès du général Bernadotte, et, quinze jours après leur première rencontre, ils se marient civilement à Sceaux le 17 août 1798.  Moins d’un an plus tard, Désirée donne naissance à leur fils unique, Oscar, dont Napoléon se prétendait le parrain et s’attribuait le choix prémonitoire du prénom nordique et ossianesque.

Ce portrait est l’un des plus séduisants que Gérard a laissé de la jeune femme et l’image qu’il en donne est particulièrement flatteuse : pourtant décrite petite et dodue, elle se distingue  par le caractère méridional de sa physionomie aux grands yeux noirs et une abondante chevelure brune et bouclée qu’elle aimait coiffer avec sophistication. Souriante et pleine de gaieté, elle était réputée coquette et élégante.

Elle est représentée ici, sans bijou et dans la simplicité d’une robe de soie, sous les frondaisons romantiques du parc de Mortefontaine où elle aimait séjourner et retrouver sa proche sœur Julie. Situé à mi-chemin entre Paris et Compiègne, le domaine, qui appartenait à Joseph Bonaparte depuis 1798, devient le rendez-vous champêtre et mondain du tout-Paris impérial.

Après l’élection de Bernadotte comme prince héritier de Suède en 1810, Désirée préféra rester à Paris, sous le titre de comtesse du Gotland, plutôt que de vivre à la cour de Stockholm qu’elle jugeait austère et ennuyeuse, ne s’étant pas adaptée à la froidure du climat. A Paris, elle fut la “petite espionne” de Bernadotte. Jusqu’en 1823, son retour en Suède est annoncé en vain à chaque printemps, mais éperdument éprise du duc de Richelieu, ministre de Louis XVIII, elle retarde constamment son voyage. Ce n’est qu’en 1823, à l’occasion du mariage de son fils avec Joséphine de Leuchtenberg, qu’elle se fixe définitivement en Suède avec le titre de Desideria. Sa vie romanesque et son caractère excentrique inspirèrent plusieurs films dont « Le destin fabuleux de Désirée Clary » (1942) réalisé par Sacha Guitry.

Hélène Meyer
Conservateur au musée national du château de Compiègne

Commissaire de l’exposition « Destins souverains. Napoléon Ier, le Tsar et le Roi de Suède »
novembre 2011

Cette œuvre était présentée dans l’exposition Destins souverains. Napoléon Ier, le Tsar et le Roi de Suède, musée national du Palais impérial de Compiègne (23 septembre 2011 – 9 janvier 2012).

Date :
1808
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 199 cm, L = 135 cm
Lieux de conservation :
Collections de S.M. Le Roi de Suède, OIISt 128
Crédits :
© The Royal Court, Sweden. Photo Alexis Daflos
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