+
10 ans
Jeunes
historiens

Chrono IIe République/IInd Empire

Partager
Chrono IIe République/IInd Empire
Napoléon III, empereur des Français (1808-1873), portrait officiel en 1855,
d'après Franz Xaver Winterhalter, Château de Versailles
© RMN GP, Gérard Blot (site https://art.rmngp.fr)

Le règne de Napoléon III est synonyme de grande modernité pour la France et l’Europe, alors que le développement de l’industrialisation soulève des questions sociales, et que l’éveil des nationalités s’amplifie : découvre les grandes dates de l’accession au pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte et des événements majeurs de la IIe République au Second Empire.

1808 – 20 AVRIL : NAISSANCE DE LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE
1836 et 1840 – DEUX TENTATIVES DE COUPS D’ÉTAT RATÉES
1848 – UN PRINCE PRÉSIDENT POUR LA IIe RÉPUBLIQUE
1851 – 1852 : VERS LE SECOND EMPIRE DE NAPOLÉON III
1853 – UN MARIAGE POUR L’EMPIRE – PARIS TRANSFORMÉ PAR HAUSSMANN
1854-1856 – LA GUERRE DE CRIMÉE
1855 – LA PREMIÈRE EXPOSITION UNIVERSELLE  À PARIS
1856 – LE CONGRÈS DE PARIS
1858-1859 – L’UNITÉ ITALIENNE : ATTENTAT D’ORSINI, ENTREVUE DE PLOMBIÈRES ET TRAITÉ D’ALLIANCE
1859 – SOLFÉRINO ET LE TRAITÉ DE ZURICH
1861-1867 – LA MALHEUREUSE EXPÉDITION DU MEXIQUE
1862 – 5 JUIN : LE TRAITÉ DE HUÉ, LES FRANÇAIS S’INSTALLENT EN COCHINCHINE
1864 – LE DROIT DE GRÈVE AUX OUVRIERS
1865 – CONSTRUCTION DE LA GARE DU NORD
1867 – FILLES ET GARÇONS À L’ÉCOLE !
1869 – INAUGURATION DU CANAL DE SUEZ
1870 – SEDAN ET LA CHUTE DE L’EMPIRE
1873 – LA MORT DE NAPOLÉON III

 

Napoléon Ier entouré après son déjeuner des jeunes princes et princesses de sa famille, par L. Ducis, 1810 © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux
L. Ducis, Napoléon Ier entouré après son déjeuner des jeunes princes et princesses de sa famille, sur la terrasse du château de Saint-Cloud en 1810, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon © RMN

1808 – 20 AVRIL : NAISSANCE DE LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE
Charles Louis Napoléon Bonaparte naît à Paris le 20 avril 1808. Celui que l’on appelle plus simplement Louis-Napoléon est le fils de Louis Bonaparte, frère de Napoléon Ier, et d’Hortense de Beauharnais, fille du premier mariage de l’impératrice Joséphine, et donc belle-fille de Napoléon. Ses parents, roi et reine de Hollande, ne s’entendent pas et vivent le plus souvent séparés. Avec la chute du Premier Empire en 1815, la reine Hortense doit quitter complètement la France et choisit de s’installer en Suisse, à Arenenberg, près du lac de Constance. Élevé dans le respect et la fierté de ses origines, Louis-Napoléon s’intéresse très vite à la politique et à l’économie, et n’a qu’une idée : faire revenir la dynastie des Bonaparte au pouvoir. Depuis 1814, la dynastie des Bourbons a été rétablie sur le trône par les Alliés réunis contre Napoléon. Et depuis la chute de l’Empire, le fils de Napoléon, le roi de Rome, est élevé à la cour de Vienne, chez son grand-père l’Empereur d’Autriche François Ier. Il meurt le 22 juillet 1832, ce qui fait de Louis-Napoléon le principal gardien de l’héritage de l’Empire.

À savoir : Avant la naissance de son fils, le roi de Rome, en 1810, Napoléon Ier a envisagé de faire de Louis Napoléon son héritier et de lui transmettre le trône impérial.

 

Louis-Napoléon Bonaparte à Boulogne (Débarquement en août 1840), anonyme © RMN

1836 et 1840 – DEUX TENTATIVES DE COUPS D’ÉTAT RATÉES
Fort de sa formation militaire (il a écrit un manuel d’artillerie utilisé par l’armée suisse…) et du soutien de partisans bonapartistes, Louis-Napoléon tente deux fois de prendre le pouvoir par la force. Il échoue une première fois à Strasbourg le 30 octobre 1836 et est arrêté. Le roi de France Louis-Philippe l’exile vers les États-Unis. Louis-Napoléon revient en France dès l’année suivante, pour assister au décès de sa mère le 5 octobre 1837. Puis il poursuit ses activités politiques depuis Londres en vue d’un nouveau coup d’État. Dans la nuit du 4 au 5 août 1840, il débarque à Boulogne-sur-mer dans l’espoir de rallier à sa cause le 42e régiment de ligne qui s’y trouve. C’est un nouvel échec : Louis-Napoléon est blessé, fait prisonnier, jugé et condamné le 6 octobre 1840 à la prison à vie au fort de Ham, dans le Nord de la France. Les conditions de son emprisonnement sont plutôt agréables : Louis-Napoléon dispose d’un appartement au sein de la forteresse. Il profite de ses six années d’enfermement pour correspondre avec l’extérieur, lire et écrire, notamment un manifeste politique contre la pauvreté du monde ouvrier : L’extinction du paupérisme en 1844. Le 25 mai 1846, Louis-Napoléon Bonaparte s’évade du fort de Ham et se réfugie à Londres. En juillet 1846, son père Louis Bonaparte meurt à Livourne, en Italie.

À savoir : L’évasion de Louis-Napoléon le 25 mai 1846 ressemble à un vrai roman ! Il profite de travaux de rénovation de sa cellule pour s’enfuir : il se déguise en ouvrier et franchit les portes de la prison en portant une grande planche sur son épaule pour cacher son visage.

 

"Apparition de la grande famille" [Louis-Napoléon Bonaparte, Président de la IIe République] © BnF
Apparition de la grande famille [Louis-Napoléon Bonaparte, Président de la IIe République] © BnF
1848 – UN PRINCE PRÉSIDENT POUR LA IIe RÉPUBLIQUE

En février 1848, la révolution éclate en France et oblige le roi Louis-Philippe à abdiquer : la Monarchie de Juillet est abolie, et la IIe République est proclamée le 24 février 1848, avec à sa tête un Président de la République qui doit être élu au suffrage universel masculin (seuls les hommes de plus de 21 ans peuvent voter, mais sans condition de ressources). Le président gouverne avec l’aide d’un conseil des ministres, et une Assemblée nationale législative discute et vote les lois. Soutenu par le parti de l’Ordre, Louis-Napoléon Bonaparte remporte les élections, le 10 décembre 1848, avec 74 % des voix.

À savoir : Dès cette période, Louis-Napoléon Bonaparte multiplie les références à Napoléon Ier et à ses origines : l’ombre de l’Empire plane sur son mandat, comme le montre l’entrée en usage de l’appellation « prince-président ».

 

F.X. Winterhalter, Napoléon III, empereur des Français (1808-1873), Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon © RMN

1851-1852 : VERS LE SECOND EMPIRE DE NAPOLÉON III
Louis-Napoléon Bonaparte choisit de laisser les conservateurs de l’Assemblée mener une politique réactionnaire (suppression du suffrage universel, liberté de presses restreinte, etc.) pour mieux se concentrer sur ses sujets de prédilection. Face aux mesures impopulaires des députés, le prince-président se présente comme le champion du suffrage universel, le protecteur du monde ouvrier et de la religion qui veut œuvrer contre l’Assemblée mais est contraint par la Constitution à lui obéir. Il fait campagne à partir de cet argument pour se faire réélire aux prochaines élections prévues en 1852, ce que la Constitution ne lui permet pas. N’obtenant pas la révision de la constitution, il dissolve l’Assemblée nationale le 2 décembre 1851 : c’est un troisième coup d’État, réussi. Le 21 décembre, le corps électoral est sollicité pour un référendum qui se transforme en plébiscite largement favorable au prince-président : 7 481 231 oui contre 640 292 non. De nouveaux principes de gouvernement sont établis : le pouvoir exécutif est confié à un Président élu pour dix ans, il est seul à l’initiative des lois et il nomme librement les ministres qui ne dépendent que de lui. Les élections législatives de février 1852 placent les partisans du prince-président en tête. Et le 21 novembre 1852, un nouveau plébiscite est organisé en vue du rétablissement de l’Empire. Le 2 décembre 1852, le Second Empire est instauré. Le prince-président devient officiellement Napoléon III, empereur des Français.

À savoir : Pourquoi Napoléon III ? Après sa défaite à Waterloo le 18 juin 1815, Napoléon Ier a abdiqué le 22 juin en faveur de son jeune fils, qui devient Napoléon II durant quelques jours. Mais ce dernier n’est jamais vraiment reconnu, et le régime impérial est remplacé par le régime monarchique de la Restauration.

 

Le couple impérial et le Prince impérial, vers 1860 © Inconnu

1853 – UN MARIAGE POUR L’EMPIRE – PARIS TRANSFORMÉ PAR HAUSSMANN
Le 30 janvier 1853, Napoléon III épouse Eugénie de Palafox-Portocarrero de Guzmán (dite Eugénie de Montijo), issue de la noblesse moyenne espagnole qui a soutenu Napoléon Ier.
Mariage d’amour autant que politique : Eugénie est qualifiée « d’ornement du trône » dans le discours de mariage de Napoléon III devant les corps constitués (l’ensemble des organes de l’État, dont la chambre législative, le Conseil d’État, par exemple). Il attend de sa femme qu’elle soit « catholique et pieuse », et « gracieuse et bonne [pour faire revivre] les vertus de l’impératrice Joséphine ». L’Empereur met ainsi en avant le rôle social qu’il souhaite voir son épouse jouer.
Trois ans plus tard, le 16 mars 1856, naît leur fils unique, le Prince impérial, dit Napoléon-Louis.
Cette même année 1853, Napoléon III charge le baron Haussmann, préfet de la Seine, de moderniser la capitale de son empire. Et face aux enjeux de cette profonde transformation, Paris, qui abrite 1,2 million d’habitants, est en chantier pendant plusieurs années : de grands boulevards sont percés et de larges places créées pour permettre de mieux circuler, des parcs et des squares sont aménagés, un nouvel Hôtel-Dieu (un grand hôpital) remplace l’ancien sur l’île de la Cité.
Et sous le Second Empire, Paris passe de 12 à 20 arrondissements ! Le 9 février 1859, un décret annonce l’extension des limites de la capitale, avec l’intégration de tout ou parties de communes comprises entre l’ancien mur des fermiers généraux (construit entre 1782 et 1787) et l’enceinte fortifiée érigée par Adolphe Thiers entre 1841 et 1846. Ce nouveau Paris, dont la surface va plus que doubler (passant de 3 288 à 7 088 ha), est ensuite redécoupé en vingt arrondissements, de taille équivalente (loi du 16 juin 1859).

Pour en savoir plus : sur la vie de l’Impératrice Eugénie, et sur celle du Prince impérial.

 

I. A. Pils, Débarquement des troupes alliées en Crimée en 1854, Musée Fesch, Ajaccio © RMN-Grand Palais / Gérard Blot

1854-1856 – LA GUERRE DE CRIMÉE
La France (protectrice des Chrétiens d’Orient depuis Charlemagne), et la Russie (qui abrite le siège de l’Église orthodoxe depuis la prise de Constantinople par les Turcs, en 1453), s’affrontent depuis des siècles pour maintenir leur influence en Orient. À à l’origine de la guerre de Crimée, dans la mer Noire, des discussions sur la restitution d’une croix en argent dérobée par les Orthodoxes dans une église chrétienne à Bethléem. Mais cette guerre a aussi des enjeux économiques (accès à la mer Méditerranée pour la Russie) et politiques (contenir la politique d’expansion russe pour les pays occidentaux).
La France, la Grande-Bretagne et l’empire Ottoman s’allient contre la Russie sous le prétexte de ce vol et déclarent la guerre à l’empire du Tsar. Le 20 septembre 1854, les Français sont victorieux à Alma. Le 8 septembre 1855, le port de Sébastopol est pris par les alliés après un siège d’une année. La paix est signée lors du Traité de Paris le 30 mars 1856. Sorti victorieux de ce conflit, Napoléon III consolide sa position d’empereur et le régime impérial français en ressort plus légitimé aux yeux des autres monarchies européennes. Les principaux pays européens (France, Autriche, Piémont, Turquie, Prusse, Russie et Angleterre) vont se réunir en grand Congrès international.

À savoir : La guerre de Crimée peut être considérée la première de l’ère industrielle en Europe, car les armées utilisèrent des moteurs à vapeur et des cuirassés, des obus explosifs, et le télégraphe comme moyen de communication.

 

M. Berthelin, Palais de l’Industrie, vue perspective, Musée d’Orsay, Paris © RMN

1855 – LA PREMIÈRE EXPOSITION UNIVERSELLE  À PARIS
La Première Exposition universelle à Paris propose aux Français et aux étrangers venus de toute l’Europe de découvrir de nouvelles inventions technologiques, mais aussi des œuvres d’art, des animaux et des plantes exotiques. Un immense bâtiment, le palais de l’Industrie, est spécialement construit pour recevoir les exposants de nombreux pays étrangers. Ce palais est détruit en 1896 pour laisser place à la construction du Petit Palais et du Grand Palais qui existent toujours. Entre le 15 mai et le 15 novembre 1855, plus de 5 millions de personnes ont visité l’exposition, parmi lesquelles la reine Victoria d’Angleterre.

À savoir : Les visiteurs ont pu découvrir cette année-là le saxophone et la photographie en noir et blanc (la photographie en couleur sera inventée en 1870). Conscient de l’importance de la photographie pour diffuser les portraits de la famille impériale et la rendre populaire, Napoléon III se fait souvent tirer le portrait, ainsi que l’Impératrice Eugénie et le Prince impérial : découvre cette photo de Napoléon III regardant son fils le Prince impérial enfant se faire photographier assis sur un poney, une photo dans la photo !

 

E.L. Dubufe, Congrès de Paris, 25 février au 30 mars 1856, Musée national du château de Versailles © RMN Au premier plan, les protagonistes essentiels du conflit : Le comte Orloff, représentant de la Russie, se détourne, face à Walewski et à Lord Clarendon, qui semblent inviter du regard leur allié ottoman à la table des négociations. Cavour, l’artisan de l’unité italienne, regarde la scène en simple spectateur, debout près de Lord Cowley. L’Autriche est représentée par Buol.

1856 – LE CONGRÈS DE PARIS
Après sa défaite en Crimée (1854-1856), la Russie est contrainte à négocier la paix. Le Congrès de Paris s’ouvre le 26 février 1856 : il rassemble la France, l’Autriche, le Piémont, la Turquie, la Prusse, la Russie et l’Angleterre, afin de régler les questions diplomatiques et géopolitiques en Europe. L’Empire Ottoman reçoit la garantie de l’indépendance et de l’intégrité de son Empire, et la Russie doit abandonner son protectorat sur les chrétiens de rite grec de l’empire Ottoman. L’Autriche obtient la liberté de navigation sur les bouches du Danube.
Pour la France, le Congrès de Paris est une revanche du Congrès de Vienne de 1815 (après la chute de Napoléon Ier) : les Français ont réussi à faire se tenir le congrès à Paris, ils y dirigent les discussions et obtiennent des avantages pour leurs alliés. La France redevient une force diplomatique incontournable, qui peut même imposer d’aborder des questions comme celle de l’unité italienne aux représentants autrichiens. Le 30 mars 1856, la paix est signée : la population française est de nouveau en liesse, quelques jours après l’annonce de la naissance du Prince impérial, le 16 mars.

À savoir : C’est au cours de la guerre de Crimée que pour la première fois un photographe est engagé par un gouvernement pour faire un reportage photographique : le Britannique Roger Fenton réalisa environ 360 photos entre mars et juin 1855.

 

Michele Gordigiani, Camillo Benso, comte de Cavour © Wikipedia

1858-1859 – L’UNITÉ ITALIENNE : ATTENTAT D’ORSINI, ENTREVUE DE PLOMBIÈRES ET TRAITÉ D’ALLIANCE
Au XIXe siècle, la question italienne préoccupe les souverains d’Europe… et les Italiens. Depuis le Congrès de Vienne en 1815, et la chute de l’Empire de Napoléon Ier, l’Italie est morcelée en plusieurs états et se trouve sous autorité autrichienne. Soucieux d’acquérir l’indépendance et l’unification de leur pays, des révolutionnaires italiens mènent des insurrections au sein de la péninsule. L’une d’entre elles donne naissance en 1849 à la République romaine, vite déchue avec l’intervention française voulue par le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, pour rétablir le pouvoir du Pape.
Considérant Napoléon III responsable, le républicain Felice Orsini prépare minutieusement un attentat, et le 14 janvier 1858, plusieurs bombes explosent alors que le cortège impérial se rend à l’Opéra. On dénombre plus d’une centaine de blessés, Napoléon III et l’impératrice Eugénie sont indemnes. Rapidement arrêté avec ses complices, Orsini est exécuté le 13 mars 1858.
Les troubles en Italie s’intensifient, aussi Napoléon III décide de rencontrer le comte de Cavour, Premier Ministre du roi Victor-Emmanuel II de Piémont-Sardaigne, à Plombières le 21 juillet 1858. L’empereur lui promet son soutien contre une attaque autrichienne ainsi qu’une aide au remaniement de l’Italie, à condition que le Pape reste maître de Rome. En échange de cette participation, la France doit recevoir le comté de Nice et la Savoie. Le 23 janvier 1859, un traité d’alliance défensive est conclu avec la France sur la base des accords de Plombières.

À savoir : L’empereur et son épouse doivent d’avoir la vie sauve, au constructeur de la calèche impériale : celui-ci avait eu l’ingénieuse idée d’intégrer des plaques d’acier dans les parois de la voiture !

 

Anonyme, Napoléon III donne ses ordres à la bataille de Solférino, le 24 juin 1859, 1861 © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux

1859 – SOLFÉRINO ET LE TRAITÉ DE ZURICH
Suivant les accords conclus lors de l’entrevue de Plombières de 1858, Napoléon III s’engage aux côtés de plusieurs états italiens pour faire la guerre à l’Autriche. L’armée française remporte les batailles de Magenta (4 juin 1859) et de Solférino (24 juin 1859).
Bien que vainqueur, Napoléon III signe au plus vite avec l’Autriche l’armistice de Villafranca dès le 8 juillet 1859. Le Traité de Zurich est signé le 10 novembre 1859 avec l’Autriche et la Sardaigne. L’Autriche cède la plus grande partie de la Lombardie à la France, qui la rend au royaume du Piémont : cette région devient le noyau central à partir duquel va se réaliser l’unification italienne.
Le 24 mars 1860, la signature du Traité de Turin valide le rattachement de la Savoie et du comte de Nice à la France.

À savoir : La bataille de Solférino est particulièrement meurtrière et choque les esprits. Auteur en 1862 d’un Souvenir de Solférino (que l’on peut lire ici), le Suisse Henri Dunant va défendre ardemment l’idée du respect de la neutralité des services sanitaires militaires sur le champ de bataille, et la création de « sociétés de secours pour les blessés ». Après la création d’un « Comité international et permanent de secours aux blessés militaires » en février 1863, la Croix-Rouge est créée le 22 août 1864, lors de la première convention de Genève signée par seize nations. Le Droit International Humanitaire est né.

 

E. Manet, Exécution de l’empereur Maximilien du Mexique, Kunsthalle (Mannheim, Allemagne) © RMN

1861-1867 – LA DRAMATIQUE GUERRE DU MEXIQUE
Au XIXe siècle, le Mexique est un pays en proie à d’incessantes guerres civiles : depuis l’indépendance du pays en 1821, plusieurs régimes se succèdent. L’arrivée au pouvoir de l’homme politique libéral Juarez en 1858, marque un tournant pour ce pays. Devant la situation économique déplorable du Mexique, il décide le 17 juillet 1861 un moratoire (délai) de 2 ans pour le paiement de la dette extérieure. Les trois pays les plus directement concernés sont la Grande-Bretagne, l’Espagne et la France, qui signent le 31 octobre 1861 à Londres une alliance en vue d’une intervention commune au Mexique pour réclamer la dette qui leur est due.
La position française est ambiguë : son prêt est modeste et sert davantage de prétexte au dessein de Napoléon III qui veut installer une colonie française au Mexique afin de déployer des troupes dans d’autres régions du Sud. Il souhaite aussi former un Empire catholique pour contrebalancer l’influence des États-Unis protestants.
Après une première expédition peu convaincante (fin 1861- début 1862), l’Angleterre et l’Espagne signent avec le Mexique le Traité de Soledad en février 1862, qui leur accorde des dédommagements contre le retrait de leurs troupes. Le représentant français signe la convention mais, en avril 1862 Napoléon III le désavoue et envoie un corps expéditionnaire. Après le long siège de Puebla (mars-juin 1863), puis le combat de Camerone (30 avril 1863), Mexico tombe le 5 juin 1863.
Napoléon III tente de placer sur le trône Maximilien, frère de François-Joseph, empereur d’Autriche. Mais la révolte des Mexicains contre ce nouveau régime imposé depuis l’étranger empêche Maximilien Ier de consolider son trône. Alors que Juarez reçoit l’aide des États-Unis pour lutter contre les soldats français, Maximilien accumule les erreurs militaires. Refusant d’abdiquer, fait prisonnier, Maximilien Ier est fusillé à Queretaro le 19 juin 1867. L’idée de Napoléon III, d’établir une sorte de protectorat français sur ce grand pays d’Amérique formant frontière avec les États-Unis, est perdue.

 

A. Morel-Fatio, Épisode de l’expédition de Cochinchine en 1859 : Prise de la citadelle et de la haute-ville de Saïgon par le vice-amiral Rigault de Genouilly commandant le corps expéditionnaire franco-espagnol le 17 février 1859, Musée national du château de Versailles © RMN

1862 – 5 JUIN : LE TRAITÉ DE HUÉ, LES FRANÇAIS S’INSTALLENT EN COCHINCHINE
Sous le Second Empire, l’église catholique française organise de nombreuses missions en direction des pays d’Extrême-Orient. Mais peu sensible au message religieux des Français, la Cochinchine (sud du Vietnam actuel) édicte en 1832 une loi qui autorise le massacre des prêtres.
En 1857, le supplice du jésuite R. P. Diaz mobilise la presse catholique qui informe la population du sort des missionnaires en Cochinchine. Le gouvernement français prend prétexte de cet émoi pour envoyer une flotte commandée par l’amiral Rigault de Genouilly. Il est chargé de négocier la liberté de culte avec Tu Duc, empereur du Vietnam depuis 1847, mais surtout de garantir les intérêts économiques de la France dans cette région. Devant le refus de Tu Duc de coopérer, l’amiral Rigault s’empare en 1859 de Saïgon (la capitale Hué est trop bien protégée). La progression française conduit Tu Duc à se soumettre et à accepter le traité du Hué le 5 juin 1862. La France obtient la liberté de culte, la liberté de commerce et de navigation, trois provinces cochinchinoises ainsi qu’une indemnité de guerre. Devant les exigences de la France, Tu Duc sera long à donner un accord définitif, le traité est ratifié (signé) seulement en janvier 1865.

À savoir : La Cochinchine est une colonie fertile, propice à la culture de maïs, cocotiers, hévéas (arbres qui donnent du caoutchouc) et arbres fruitiers. Ces récoltes permettent un commerce florissant et les exportations sont nombreuses.

 

Paul-Constant Soyer, La grève des forgerons (vers 1870) © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz

1864 – LE DROIT DE GRÈVE AUX OUVRIERS
Au milieu du XIXe siècle, la condition de vie des ouvriers est très difficile. Les adultes travaillent entre 10 et 15 heures par jour, et mal payés, ils mettent leurs enfants au travail dès l’âge de 7 ans. Ces derniers ne peuvent aller à l’école et subissent autant que les adultes des conditions d’hygiène et de sécurité déplorables. Les ouvriers n’ont pas de vacances et seulement un jour de congé par semaine. En cas de maladie, ils ne reçoivent aucun salaire.
Les employés n’ont pas la possibilité de revendiquer ces droits puisque la loi Le Chapelier de 1791 interdit la grève. De plus, en cas de litige avec l’employeur, l’article 1781 du Code civil établit l’inégalité devant les tribunaux entre la parole du patron et celle de l’employé, au dépend de celui-ci. Les peines encourues vont de l’amende à l’emprisonnement.
Sous le Second Empire, Napoléon III entreprend une politique sociale destinée à atténuer les effets négatifs sur les ouvriers de l’essor industriel phénoménal que connaît la France. En 1864, la loi autorise le droit de grève à la condition que chacun soit libre d’y participer. La loi de 1868 donne aux employés le droit d’association, en autorisant « la tenue des réunions publiques non politiques sur simple déclaration et préavis de trois jours ».
Bien qu’une crise économique touche la France et incite les ouvriers à utiliser avec prudence le droit de grève, le nombre des grévistes augmente d’année en année sous le Second Empire : 20 000 grévistes en 1864, 28 000 en 1865, 32 000 en 1867.

À savoir : Rendu obligatoire le 12 avril 1803, le livret ouvrier est un document délivré par la police ou la municipalité, qui suit les ouvriers dans leurs emplois successifs et qui doit être remis à chaque patron. C’est une sorte de passeport qui permet de contrôler les allées et venues sur le territoire d’une grande partie de la population : un ouvrier ne possédant pas son livret peut être considéré comme vagabond et emprisonné. Le livret ouvrier renforce aussi le pouvoir des employeurs sur les travailleurs : si un ouvrier souhaite quitter son emploi mais n’obtient pas la signature de son employeur sur son livret, il n’a aucune chance de retrouver un travail. Le livret ouvrier est supprimé en 1890.

 

Charles Rivière, Gare du chemin de fer du Nord, vers 1870-1880 © Fondation Napoléon

1865 – CONSTRUCTION DE LA GARE DU NORD À PARIS
En 1865, la gare du Nord est achevée à Paris. Elle est le symbole du développement du chemin de fer en France.  Ce moyen de transport rapproche les villes de province et Paris, et permet le transport des marchandises plus rapidement et en plus grande quantité. Il transforme profondément les habitudes des Français : tourisme (vers les premières stations balnéaires), modifications des habitudes (acheminement de produits frais, livraisons à travers la France)…

 

 

 

Henri Jules Jean Geoffroy, En classe, le travail des petits © RMN-Grand Palais / Jean-Gilles Berizzi

1867 – FILLES ET GARÇONS À L’ÉCOLE !
En 781, Charlemagne décide de créer l’école du Palais, dans le but d’instruire les hommes de son entourage. Au fil des siècles, l’enseignement reste un privilège des enfants des classes sociales les plus riches, ou des enfants qui sont destinés à l’Église. Les premières grandes réformes de l’enseignement datent de 1833 et de la loi Guizot : la gratuité est acceptée pour les familles les plus pauvres mais l’accès à l’école primaire reste strictement réservé aux garçons.
Sous le Second Empire, de véritables améliorations voient le jour : obligation d’une bibliothèque scolaire par école, augmentation du nombre d’instituteurs, création de cours du soir pour les adultes.
En 1867, le ministre de l’Instruction Victor Duruy rend l’école primaire gratuite pour tous et accessible aux filles. Cependant, seules les communes de plus de 500 habitants sont obligées d’ouvrir une école pour les filles. Il faut attendre 1882 pour que l’enseignement primaire prenne un caractère obligatoire et laïc.

À savoir : Le nombre d’enfants scolarisés passe de 2 millions en 1830 à 5,6 millions en 1880.

 

E. Riou, Cérémonie d’inauguration du canal de Suez à Port-Saïd, le 17 novembre 1869 © RMN

1869 – INAUGURATION DU CANAL DE SUEZ
Depuis que le navigateur portugais Vasco de Gama a découvert la route des Indes en 1497, en contournant l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, les navires commerciaux utilisent cette route océanique. Mais ce trajet reste long pour les bateaux provenant d’Europe. Lors de la campagne d’Égypte (1798-1801), Napoléon Bonaparte s’intéresse déjà à un projet de canal permettant de relier la mer Méditerranée et la mer Rouge.
Ferdinand de Lesseps, diplomate et entrepreneur français, reprend ce projet quelques décennies plus tard. Il débute les travaux en avril 1859 grâce à l’aide du vice-roi égyptien Mohammed-Saïd qui met à sa disposition 20 000 fellahs (paysans égyptiens) et 60 000 hectares de terres.
Cependant, les décisions du vice-roi doivent être confirmées par le Sultan qui est influencé par l’Angleterre, peu favorable à cette nouvelle route des Indes. La mort de Mohammed-Saïd renforce la position de l’Angleterre puisque Ismaïl, son successeur, revient sur les avantages accordés à Lesseps.
Napoléon III est alors sollicité pour jouer l’arbitre : le gouvernement égyptien reprend ses hectares et ses fellahs mais Lesseps se voit indemnisé de 84 millions de francs et le Sultan lui accorde son visa pour l’exploitation du canal.
Les travaux reprennent fin 1864 et en août 1869 le canal est achevé : il mesure 162 kilomètres de long, 54 mètres de large et 8 mètres de profondeur. L’Impératrice Eugénie représente l’Empereur lors de son inauguration le 17 novembre 1869.

 

Wilhelm Camphausen (d’après), Napoléon III et Bismarck le matin après la bataille de Sedan, le 2 septembre 1870 © BPK, Berlin, Allemagne

1870 – SEDAN ET LA CHUTE DE L’EMPIRE
Depuis les années 1860, la Prusse a une politique d’expansion agressive dans le but secret de consolider les régions allemandes, indépendantes, et d’en faire un seul empire unifié. Le royaume de Guillaume Ier s’est ainsi attaqué au Danemark en 1864 puis à l’Autriche en 1866.
En 1870, les tensions entre la France et la Prusse s’intensifient autour de l’attribution du trône d’Espagne : Guillaume Ier veut y placer l’un de ses cousins, ce que Napoléon III veut à tout prix éviter. Le cousin du roi de Prusse est écarté mais le chancelier prussien (l’équivalent d’un premier ministre) Bismarck provoque Napoléon III en faisant courir le bruit que l’ambassadeur français a été humilié par le roi de Prusse. L’empereur des Français avait déjà commencé à mobiliser ses troupes et déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Affaiblies par l’expédition du Mexique (1867), les troupes françaises ne sont pas prêtes, et Napoléon III, considéré comme l’agresseur, n’a reçu le soutien d’aucun autre monarque européen.
Les armées allemandes écrasent les Français. Le 1er septembre, Napoléon III et ses troupes se replient dans le château fort de la ville de Sedan. Le lendemain, le 2 septembre 1870, Napoléon III capitule à Sedan et est fait prisonnier. Il est envoyé en captivité en Allemagne (au château de Wilhemhöhe à Kassel, en Westphalie) où il reste plusieurs mois.
À Paris, la chute du Second Empire est prononcée le 4 septembre 1870, et la République proclamée. Un gouvernement provisoire, dit de « défense nationale », est mis en place : la guerre se poursuit contre l’Allemagne. Le 19 septembre 1870 débute le siège dramatique de Paris qui capitule plus de 100 jours plus tard.

 

Alfred Young Nutt (1847-1924), La tombe de Napoléon III à Chislehurst vers 1879, Royal Collection Trust/© Her Majesty Queen Elizabeth II 2017

1873 – 9 JANVIER : MORT DE NAPOLÉON III
En mars 1871, Napoléon III rejoint sa femme et son fils qui se sont exilés dès septembre 1870 en Grande-Bretagne, la reine Victoria ayant beaucoup d’estime pour la famille impériale française. Celle-ci s’installe à Chislehurst dans le comté du Kent (sud de l’Angleterre). Tandis que le Prince impérial entreprend des études dans une école militaire, Napoléon III suit de près ce qui se passe en France : la défaite face à la Prusse, la révolte des Parisiens lors de la Commune de 1871, les difficultés de la IIIe République à se stabiliser, lui donnent espoir d’un retour au pouvoir. Mais Napoléon III souffre de calculs rénaux depuis des années et sa santé s’affaiblit. Après deux opérations, Napoléon III meurt le 9 janvier 1873.

À savoir : engagé volontaire dans l’armée britannique, le Prince impérial est tué le 1er juin 1879, au Zoulouland, une région sud-africaine en révolte contre les colons britanniques. Le corps du jeune homme de 23 ans est rapatrié en Grande-Bretagne pour être enterré auprès de Napoléon III. Cette mort marque la fin de tout espoir de reconstruction d’un Empire en France. Découvre la vie du Prince impérial en cliquant sur ce lien !
Après les disparitions de son époux (en 1873) et de son fils (en 1879), Eugénie s’installe à Farnborough, au sud de l’Angleterre. Elle y fait ériger une abbaye afin d’accueillir les dépouilles de Napoléon III et du Prince impérial. L’Impératrice Eugénie y est enterrée peu après son décès survenu le 11 juillet 1920.

 

Irène Delage et Marie de Bruchard, octobre 2017

Partager