Portrait en pied de Napoléon III, en uniforme de général de brigade, dans son Grand Cabinet aux Tuileries

Artiste(s) : FLANDRIN Jean-Hippolyte
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Portrait en pied de Napoléon III, en uniforme de général de brigade, dans son Grand Cabinet aux Tuileries

En 1853, Hippolyte Flandrin, un élève d’Ingres spécialisé dans la peinture religieuse, reçut officieusement une commande pour un portrait en pied de Napoléon III, commande très vite annulée. C’est finalement en 1861 que ce portrait vit le jour, commande officiellement régularisée en 1862 par l’État pour la somme de 20.000 francs, alors que le tableau achevé trônait déjà à l’Exposition universelle de Londres.

L’artiste a brossé un admirable portrait psychologique de l’Empereur qui, en dépit du caractère officiel de l’œuvre, révèle de façon pénétrante la personnalité complexe de l’homme. En uniforme militaire, fixant le spectateur, le souverain se tient debout devant sa table de travail dominée par un buste en marbre de Napoléon Ier et sur laquelle reposent des cartes de France et un volume des Commentaires de César. Le regard trouble, souligné par tous les contemporains, est empreint ici d’une intensité peu commune. « C’est assurément le premier portrait « vrai » que nous ayons de S.M. » déclara Théophile Gautier. Cette vérité déplut à Napoléon III et plus encore à son entourage. La princesse Mathilde eut ce commentaire terrible :  » Sire, vous avez l’air de méditer la mort de votre fils « . Le tableau fut alors envoyé au musée du Luxembourg et remplacé aux Tuileries par un portrait plus mondain de Napoléon III, en costume civil, signé Cabanel. Puis, c’est au Tribunal de Commerce de la Seine que l’Empereur en fit don en 1866 et il fallut attendre 1884 pour que l’œuvre, réclamée par les musées nationaux, soit envoyée à Versailles.

Le tableau avait pourtant reçu un excellent accueil tant par la critique que par le public lors de ses différentes expositions : Londres en 1862, le Salon à Paris en 1863, l’École des Beaux-Arts en 1864 et l’Exposition universelle en 1867.
La simplicité et la réalité qui émanent de l’œuvre semblent bien plus sincères aujourd’hui que le portrait de l’Empereur en costume de sacre par Winterhalter, à l’allure plus noble et à l’idéalisation flatteuse. Mais, déjà à l’époque, Gauthier écrivait dans sa critique du Salon de 1863 paru dans le Moniteur universel : « M. Flandrin a rendu avec une idéale perfection, « le souverain moderne » […] La tête est d’une ressemblance à la fois intime et historique […] Les yeux profonds et rêveurs regardent de ce regard qui va au-delà des choses et peuvent distinguer les formes de l’avenir invisibles pour tous. Sur la bouche calme sourit la majesté affable : rien de plus vrai,de plus simple, de plus grand. »

Karine Huguenaud, avril 2008

Date :
1861
Technique :
huile sur toile
Dimensions :
H = 2,12 m, L = 1,47 m
Lieux de conservation :
Versailles, musée national du château
Crédits :
RMN - Arnaudet
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