Cathédrale d’Ajaccio

Partager
Cathédrale d’Ajaccio
Cathédrale d'Ajaccio © Alta Frequenza.corsica

À Sainte-Hélène, Napoléon mourant s’est souvenu de l’église de son enfance : « Si l’on proscrit mon cadavre, comme on a proscrit ma personne, que l’on me refuse un peu de terre, je souhaite que l’on m’inhume auprès de mes ancêtres dans la cathédrale d’Ajaccio, en Corse. » Cette citation gravée sur une plaque de marbre rouge à l’entrée de la cathédrale permet de rappeler son importance dans la vie de l’Empereur. L’archidiacre Lucien, son grand-oncle, y officiait. Le 15 août 1769, sa mère Letizia, qui assistait alors à la messe solennelle en l’honneur de la Vierge mais aussi du premier anniversaire du rattachement de la Corse à la France, y ressentit les premières douleurs de l’accouchement. Le baptême du petit Napoléon y fut célébré le 21 juillet 1771. Enfin, la cathédrale abrita la chapelle funéraire de la famille Bonaparte jusqu’à la construction sous le Second Empire de la chapelle impériale.

En 1559, le Conseil des Anciens fit une demande auprès du Sénat de Gênes et du pape Grégoire XIII pour doter Ajaccio d’une église cathédrale. Remplaçant l’église Saint-Croix édifiée au début du XVe siècle et démolie en 1553 pour permettre l’aménagement des fossés de la citadelle, la nouvelle cathédrale fut achevée en 1593 et consacrée à l’Assomption de la Vierge. Une inscription latine surmontant la grande porte d’entrée (notre photo) rappelle l’origine de l’édifice : « Cette église sainte fut élevée sur le produit de la mense épiscopale, le siège ayant été pendant cinq ans vacant, d’après les voeux du peuple pieux d’Ajaccio l’assentiment du Sénat de Gênes et du pape Grégoire XIII Jules Giustiniani créé évêque par Sixte-Quint ymit la dernière pierre l’an 1593. Que ne lui fut-il donné d’en poser la première ! ». Cette dernière allusion fait référence aux regrets de Giustiniani de n’avoir pas présider à la réalisation des travaux depuis leur commencement et par conséquent de n’avoir pas ordonné un édifice plus vaste. En effet, la cathédrale frappe au premier abord par ses dimensions modestes. Le plan en croix latine montre un transept à peine marqué et les trois nefs intérieures semblent trop courtes par rapport à leurs proportions en hauteur et en largeur. Mais les sept chapelles latérales, le dôme imposant et surtout la façade baroque d’un bel ocre témoignent d’un indéfinissable charme.

À droite, en entrant dans la cathédrale, se trouve le baptistère de marbre sur lequel fut baptisé Napoléon. Simple vasque sculptée aux armes de Giustiniani, elle fut surmontée en 1900 d’un couronnement en bronze d’inspiration toscane sur lequel se détache en lettres d’or cette inscription « Heic baptisatus Imperator Magnus ». Le maître-autel est un don fait en 1811 par une soeur de Napoléon, Elisa Bacciochi, princesse de Luques et de Piombino. L’autel, comme le retable composé de quatre colonnes torse de marbre noir, proviennent d’ailleurs de l’église Dei Suffraganti de Lucques.

Trois chapelles se distinguent plus particulièrement dans les nefs latérales. La chapelle de la Vierge de la Miséricorde dédiée à la patronne d’Ajaccio « A Madunuccia », présente une belle statue de celle-ci dans un remarquable retable aux colonnes torses de marbre jaune. La chapelle de Notre-Dame du Rosaire fut consacrée en 1765 ; selon la tradition, la famille Bonaparte aurait eu son tombeau à cet emplacement. L’arc de la chapelle est orné de peintures représentant les mystères de la Vierge et deux niches abritent les statues de Saint-Dominique et de Saint-Catherine de Sienne. Enfin, la petite chapelle de la Madonna del Pianto est ornée de peintures réalisées par le fils du Tintoret.

Karine Huguenaud
juin 1998 – mise à jour : mai 219

Pour plus d’informations, consultez l’itinéraire Napoléon et la Corse.

Partager