Col du Grand-Saint-Bernard

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Col du Grand-Saint-Bernard
© Fondation Napoléon

Le passage du col du Grand-Saint-Bernard demeure un épisode légendaire de l'épopée napoléonienne. Si en 1799 et 1800 nombre de cols suisses furent franchis par les armées françaises, russes et autrichiennes, seul le Grand-Saint-Bernard a été retenu par l'Histoire. En effet, grâce à une habile commande passée au peintre David, la propagande consulaire a laissé à la postérité la plus célèbre représentation de Napoléon, Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, sorte d'icône des temps modernes dont l'original est conservé au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau. Le Premier Consul y apparaît comme un héros « calme sur son cheval fougueux », véritable incarnation de la conquête militaire. La réalité fut cependant bien plus prosaïque.

 
Lors de la deuxième cohalition, alors que l'armée du Rhin dirigée par Moreau manoeuvrait en Allemagne, Bonaparte décida de se rendre au secours de Masséna enfermé dans Gênes par les Autrichiens. A la tête d'une armée de Réserve forte de quarante mille hommes, le Premier Consul choisit de faire au plus court et de passer par le col du Grand-Saint-Bernard, réputé infranchissable. Le général Marescot fut chargé de la reconnaissance du passage des Alpes.

Du 16 au 20 mai 1800, l'armée de Réserve entreprit donc cette traversée, comparée par les comptes-rendus de l'époque à celles des soldats d'Annibal et de Charlemagne (David reprit d'ailleurs la comparaison gravée sur les rochers en bas dans son tableau). C'est à dos de mule que Bonaparte parvint au sommet, dans des conditions rendues périlleuses par la neige et le froid. Il fut reçu au couvent du mont Saint-Bernard par le père Berenfaller. Après quelques heurts avec des détachements autrichiens du côté italien, l'armée française fut retenue par la résistance inattendue du fort de Bard (19 mai). Elle parvint dans le Piémont le 25 mai et s'apprêta aux combats contre les Autrichiens qu'elle battit à Marengo le 14 juin suivant.
 
La route empruntée par l'armée de Bonaparte peut se visiter aujourd'hui depuis Martigny où le Premier Consul établit son Q.G. du 17 au 20 mai dans la prévôté du Grand-Saint-Bernard jusqu'à Verrès, dans le val d'Aoste, où il s'installa le 25 mai. A Bourg-Saint-Pierre, Bonaparte déjeuna à l'Auberge de la Colonne militaire devenue depuis l'Hôtel du déjeuner de Napoléon Ier. La mairie expose dans son hall d'entrée la lettre promettant dédommagements et réparations à la commune pour son aide et les dommages subis.
 
Au col du Grand-Saint-Bernard où Bonaparte fit halte le 20 mai en fin d'après-midi, le bâtiment de l'ancien hospice abrite un musée retraçant l'histoire du lieu et conservant des souvenirs de ce passage historique. C'est là également que repose le général Desaix tombé à la bataille de Marengo. Dès le mois de juin 1800, Bonaparte ordonna l'édification du tombeau au Grand-Saint-Bernard, bien que Desaix n'eut pas traversé les Alpes avec l'armée de Réserve. Le corps du jeune général, demeuré à Milan depuis 1800, y fut inhumé en 1805 en présence de Berthier représentant l'Empereur. Un monument commémoratif fut installé en 1806 dans la chapelle (déplacé en 1829). Le général Desaix repose anonymement sous un autel consacré à Sainte-Faustine.

La route du col passe par Etroubles et descend ensuite vers Aoste où le palais épiscopal abrita Bonaparte du 21 au 24 mai. Puis c'est Bard et son célèbre fort au pied duquel une plaque commémorative rappelle que Stendhal reçut ici le baptême du feu.

Karine Huguenaud

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