Museo Stibbert – Florence

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Museo Stibbert – Florence

Thomas Stibbert, originaire de Norfolk en Grande-Bretagne, émigra en Italie après la chute du Premier Empire et s'installa à Florence avec sa jeune épouse toscane, Giulia Cafaggi. C'est à son fils, Frédéric, que l'on doit la constitution et la réalisation du riche musée Stibbert consacré à l'histoire du costume et plus particulièrement à la présentation d'armes, d'équipements et d'uniformes militaires. Frédéric Stibbert, citoyen anglais né en 1838 à Florence mais éduqué à Cambridge, hérita par tradition familiale d'un goût prononcé pour le militaria – son grand-père était commandant en chef de la Compagnie des Indes au Bengale et son père combattit les armées napoléoniennes en Egypte, à Hanovre en 1805, à Copenhague en 1807 et en Espagne en 1808. En Italie, Frédéric s'engagea lui-même auprès de Garibaldi et obtint une médaille en récompense de sa bravoure. A sa majorité en 1859, il se retrouva à la tête d'un immense patrimoine qu'il s'ingénia à faire fructifier par des opérations financières en Italie mais aussi dans le reste de l'Europe.

Collectionneur avisé, Stibbert s'intéressait à tout ce qui se rapporte au costume et à l'uniforme. Mais il ne se limita pas à personnifier le type de l'esthète anglais amoureux des arts et qui choisit l'Italie comme terre d'élection ; il sut profiter de sa situation de financier international et de voyageur pour suivre le marché de l'art pendant près de 50 ans en Europe et acquérir au fil du temps une collection en vue du grand projet de sa vie : créer un musée dédié à l'histoire du costume depuis la Renaissance jusqu'au Premier Empire. C'est dans la villa familiale située sur les hauteurs de Florence que Stibbert choisit d'installer son musée. A partir de 1879, il fit entreprendre une série de travaux qui se prolongèrent jusqu'à sa mort en 1906 afin d'agrandir et d'adapter le bâtiment à sa nouvelle destination. Parfaitement conservé et restauré, l'édifice dénommé la « fabrica di Montughi » conserve aujourd'hui une magnifique collection de près de 50 000 pièces présentée conformément aux conceptions muséologiques de Stibbert : réalisation de salles d'atmosphère, objets présentés sous forme d'ensembles, reconstitution des costumes et mise en scène de ces présentations.

C'est ainsi que les collections concernant le Premier Empire prennent place dans une salle spécialement aménagée à cet effet. De nombreuses armes – épées de combat ou d'apparat, sabres à la turque, casques de dragons, entourent d'autres objets et documents plus étonnants comme le décret de modification des armoiries de la ville de Florence daté de 1811 et signé de Napoléon. Mais la pièce maîtresse reste le petit costume du couronnement endossé par l'Empereur lors de la cérémonie à Milan en 1805. De couleur verte en hommage à l'Italie, il présente toute la symbolique napoléonienne : motifs brodés de palmes, de lauriers et d'abeilles, étoiles entourées de guirlandes d'épis de blé et de feuilles de chêne, « N » traditionnels et, sur l'épaule gauche, une broderie de la plaque de grand maître de l'ordre royal de la couronne de fer avec l'inscription « Dieu me l'a donné, gare à qui y touche ». La paire de chaussures portées par Napoléon lors de la même cérémonie complète ce costume d'exception.
 
Si cette pièce justifie à elle seule la visite du musée Stibbert, le reste des collections enchantera tout visiteur. Aux sections retraçant l'histoire des armes et des uniformes européens, s'ajoutent une remarquable collection concernant le Proche et le Moyen Orient ainsi que le Japon et deux galeries de peintures, l'une consacrée aux portraits en uniforme et l'autre essentiellement composée de tableaux de primitifs italiens et de petits maîtres flamands. Enfin, le jardin aménagé selon la volonté de Stibbert en romantique parc à l'anglaise avec petits temples, grottes et jeux d'eau permet de délicieuses promenades au sortir de ce musée passionnant.

Karine Huguenaud

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