Pont des Arts – Paris

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Pont des Arts – Paris
Le pont des Arts, l'Institut de France, 2016 CC DXR - Daniel Vorndran

Par un décret du 15 mars 1801, Bonaparte décida la construction d’un pont reliant le Louvre et le collège des Quatre-Nations aujourd’hui l’Institut. Cette réalisation marque l’introduction en France d’un nouveau matériau de construction, le fer. Un essai avait déjà été tenté à Lyon mais c’est à Paris que le premier pont métallique national fut édifié. Il s’agissait alors du troisième pont de ce genre au monde, après ceux de Coalbrookdale et de Sunderdale en Angleterre.

Le Premier Consul lui-même avait présidé au choix du matériau en dépit des réticences des plus fameux architectes de l’époque, Percier et Fontaine.

Ils s’en étaient ouverts dans une lettre à Bourrienne ; reconnaissant la nécessité d’une telle construction à cet endroit précis, ils avaient exprimé leur inquiétude face à l’inesthétisme de l’ensemble : « La ville aura peu à gagner par la construction d’un pont en fer, qui doit être fort étroit, qui diminuera l’espace d’un beau canal, souvent destiné à donner des fêtes, et qui ne répondra pas par sa forme légère à la magnificence des deux monuments entre lesquels il va être élevé« . Passant outre, Bonaparte confia le projet à l’ingénieur Louis-Alexandre de Cessart. Les plans furent ensuite modifiés par Jacques Dillon qui substitua la fonte au fer. Commencé en août 1801, le pont fut inauguré le 1er vendémiaire an XII (24 novembre 1803). Comme le Louvre était alors dénommé palais des Arts, on le baptisa « pont des Arts ».

Simple passerelle piétonnière jetée entre la rive droite et la rive gauche de la Seine, le pont, surélevé par rapport aux quais, se composait alors d’un plancher de bois sur neuf arches d’une portée de 18,50 m chacune reposant sur des piles de maçonnerie. Comme la plupart des ponts de cette époque, il était à péage ce qui ne l’empêcha pas d’être immédiatement adopté par les parisiens. La première journée d’ouverture au public, on recensa le passage de 64 000 personnes, ensuite le flux journalier se stabilisa autour de 11 000 passants. Très vite, le pont des Arts devint une promenade prisée. Un glacier et un fleuriste s’y établirent ; ce dernier installa des orangers et des arbustes précieux le long des balustrades en fer tandis que des bancs retenaient les promeneurs et que des lanternes donnaient de la lumière la nuit. Certains chroniqueurs affirment même qu’on y faisait de charmantes rencontres…

Si le pont des Arts séduisit la population parisienne, il n’en fut pas de même du Premier Consul. Il déplorait le manque de monumentalité de la structure métallique : »Cela n’a aucune apparence de solidité ; ce pont n’a rien de grandiose ; je conçois qu’en Angleterre, où la pierre est rare, on emploie le fer pour des arcs de grande dimension ; mais en France, où tout abonde… » Le commentaire de Napoléon quant à la solidité du pont se révéla juste, mais… 160 ans plus tard ! Il fut en effet fermé au public en 1970 en raison de sa structure trop légère, endommagée de plus par le passage de plusieurs péniches gênées dans la navigation par les neuf arches. Reconstruit à partir des mêmes plans, mais en acier, de 1982 à 1984, le pont ne comporte plus aujourd’hui que sept arches reposant sur six piles en maçonnerie. Le plancher de bois, les bancs et les arbustes tentent de recréer le charme de la promenade d’origine qui demeure toujours l’un des points de vue les plus séduisants de la capitale.

Karine Huguenaud

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