Nouvelle Histoire du Premier Empire. Tome III : La France et l’Europe de Napoléon (1804-1814)

Auteur(s) : LENTZ Thierry
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Nouvelle Histoire du Premier Empire. Tome III : La France et l’Europe de Napoléon (1804-1814)
(c) Fayard

Nouvelle Visite en France napoléonienne
Exceptionnel et redoutable privilège de Napoléon : il est toujours possible, malgré les innombrables études qu'il a suscitées d'aborder autrement l'homme et le souverain, son oeuvre et son règne. Thierry Lentz en donne une nouvelle éclatante démonstration. Les deux premiers volumes de sa Nouvelle Histoire du Premier Empire, étaient fondés sur l'analyse d'un système de pouvoir en perpétuel mouvement, de la conquête à l'effondrement, dans la chronologie d'une unique décennie. Voici dans ce troisième volume une approche « transversale » selon son auteur, plus descriptive, plus statique si tant est que l'adjectif convienne à cet obsessionnel dévoreur de temps.
 
On pourra non seulement s'y plonger sans être au fait des précédents tomes, mais également – et c'est un exercice bénéfique – le lire dans le désordre, en dépit d'un plan rigoureux qui descend de la personne du souverain aux mondes qu'il gouverne. Au sommet les moyens du pouvoir : le gouvernement, le Conseil d'Etat, les chambres et paradoxalement le « peuple » dont la présence s'explique par le complexe système électoral et l'emploi des plébiscites. L'Empire n'est pas une dictature militaire mais le peuple est à la fois « partout et nulle part ». Nulle part surtout dans la vie ordinaire, comme le démontrent les fondamentales deuxième et troisième parties construites autour de l'autorité omniprésente de l'Etat et de l'ordre imposé à la société structurée pour le recevoir. Qu'il s'agisse de la pyramide administrative, de l'étiquette de la cour, des « religions gendarmes », du code civil, du contrôle de la presse ou du dirigisme de l'économie extérieure, (parmi bien d'autres) rien n'échappe à « l'Empereur-manager », tout comme on a qualifié de « Roi-sergent » Frédéric-Guillaume Ier.

Sur quoi cette organisation implacable – dont on peut douter qu'elle ne fût pas elle-même une fin autant que des moyens – pesa-t-elle en définitive ? Sur une société française que l'auteur peint à grands traits appuyés sur ses diverses composantes, et à l'extérieur sur une Europe soumise au fameux « système » qui structure les deux premiers volumes et avec lesquels, il refait habilement le lien.
 
Quelques lumières que l'on ait de l'histoire napoléonienne, l'utilité et l'intérêt de cette encyclopédie impériale combleront les demandeurs d'un exposé cohérent et les curieux d'une information précise. L'auteur nous a déjà habitués aux synthèses maîtrisées de haut niveau à partir d'une vaste et pertinente documentation. Il renouvelle son exploit grâce à une écriture reconnaissable entre toutes : concrète, resserrée, pédagogique, convaincante et d'un style rapide et fluide qui épouse au plus près le cours de son enseignement. Car c'en est un au meilleur sens du terme.

Dès les premiers chapitres du premier volume de son oeuvre, Thierry Lentz avait commencé à proposer une série de clefs qui permettent de comprendre le mécanisme perfectionné du pouvoir impérial. Le voici qui le fait fonctionner à l'aide du trousseau rassemblé, sans heurts et sans efforts, avec une impressionnante maestria. La porte est ainsi grande ouverte pour une visite guidée de l'Etat napoléonien. Il sera difficile d'échapper à sa rigoureuse et ferme conduite (napoléonienne ?). Mais mieux encore, le souvenir de l'intelligence et de la richesse de cette visite devrait de temps à autre inciter à la renouveler.
Jacques Jourquin
 
Découvrez quelques pages de ce nouvel opus


Les quatre tomes de la série :
I – Napoléon et la conquête de l'Europe (1804-1810)
II – L'Effondrement du système napoléonien (1810-1815)
III – La France et l'Europe de Napoléon (1804-1814)
IV – Les Cent-Jours (1815)

La Nouvelle Histoire du Premier Empire poursuit l'étude de la période napoléonienne débutée avec le Grand Consulat, paru chez Fayard en 1999.
 

Année de publication :
2007
Lieu et maison d'édition :
Paris, édition Fayard
Nombre de pages :
836 p.
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