Document > Trois lettres de Napoléon à Marie-Louise avant le mariage (1810)

Auteur(s) : NAPOLÉON IER
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Ces lettres sont issues de la publication de Louis Madelin, Lettres inédites de Napoléon Ier à Marie-Louise, écrites de 1810 à 1814, Bibliothèques nationales de France, 1935

À Rambouillet, le 23 février 1810

Ma Cousine, Les brillantes qualités qui distinguent votre personne nous ont inspiré le désir de la servir et honorer en nous adressant à l’empereur, votre père, pour le prier de nous confier le bonheur de Votre Altesse Impériale. Pouvons-nous espérer qu’elle agréera les sentiments qui nous portent à cette démarche ? Pouvons-nous nous flatter qu’elle ne sera pas déterminée uniquement par le devoir de l’obéissance à ses parents ? Pour peu que les sentiments de Votre Altesse Impériale aient de la partialité pour nous, nous voulons les cultiver avec tant de soin et prendre à tâche si constamment de lui complaire en tout, que nous nous flattons de réussir à lui être agréable un jour : c’est le but où nous voulons arriver et pour lequel nous prions V. A. de nous être favorable.
Sur ceux, nous prions Dieu, ma Cousine, qu’il vous ait en sa sainte et digne garde.

Votre bon cousin

Napoléon

Note de Madelin
Cette lettre dont la copie avait été remise à la Commission de 1860 par l’Empereur François-Joseph, a été publiée, sauf la dernière phrase, dans la Correspondance, XX, 16.288. Masson (Marie-Louise, 67) l’a fait suivre d’un commentaire assez piquant.L’Empereur a passé à Rambouillet vingt-quatre heures, du 22 au 23 au soir ; il rentre à Paris à 6 heures. — Cf. Schuermans, Itinéraire général de Napoléon Ier, ouvrage précieux, fruit d’un prodigieux travail, dont je me servirai constamment dans ces notes.

À Paris, le 25 février 1810

Madame ma Soeur, Le succès de la demande que j’ai faite à Sa Majesté l’Empereur, votre père, pour m’unir avec vous en mariage, est une marque bien précieuse de l’estime et de la considération qu’il m’accorde. Je suis extrêmement sensible au consentement que vous donnez vous-même à une union qui me comble de la joie la plus vraie et doit embellir toute ma vie. J’attends avec une impatience bien vive le moment qui doit en accélérer la conclusion. J’apprécie surtout, dans cette alliance, les soins que je veux prendre pour vous rendre heureuse ; mes voeux à cet égard sont d’autant plus sincères que mon propre bonheur sera essentiellement lié au vôtre. J’ai chargé le prince de Neufchâtel, mon ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, de vous remettre mon portrait. Je vous prie de le recevoir comme un gage des sentiments qui sont gravés dans mon coeur et qui seront inaltérables. Je suis, Madame ma Soeur, votre très affectionné frère.

Napoléon

Note de Madelin
1) C’est la lettre dont Berthier était chargé. C’est pourquoi elle est écrite en caractères superbes de chancellerie. Elle a été publiée dans la Correspondance, XX, 16.312, avec cette mention : « Copie remise par S. M. l’Empereur d’Autriche ». Marie-Louise la recevra, le 8 mars, des mains du prince de Neufchâtel. On est surpris que l’original n’ait pas été versé aux archives de la Chancellerie de Vienne ; peut-être déjà Marie-Louise commençait-elle à ne vouloir rien perdre des hommages dont elle était l’objet de la part de Napoléon.« … mon portrait ».
C’est de ce portrait que Marie-Louise dira à Mme Lazansky : « Il a belle figure et grand air ». C’était un médaillon orné de douze gros brillants.

Des Tuileries, le 26 février 1810

Ma soeur, J’apprends combien vous avez été parfaite. Toute la confiance que vous me témoignez dans cette circonstance m’est bien précieuse, j’éprouve le besoin de vous le dire sans retard. Serez-vous assez bonne pour être sensible à tout ce que je sens en entendant dire partout tant de bien de votre personne et de ces belles qualités qui vont vous faire adorer de mes peuples ? Pour moi, Madame, je voudrais bien pouvoir mettre moi-même à vos pieds mes hommages, mes espérances et tant de tendres sentiments que renferme mon coeur. Si le bonheur de V. A. I. doit dépendre de la vérité de mes affections, personne n’aura été plus heureuse qu’elle : cette idée me sourit et m’est bien douce.

Votre bon frère

Napoléon

A lire notre dossier thématique sur le mariage de Napoléon Ier et Marie-Louise

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