La conversation, une pièce tirée du roman de Jean d’Ormesson

Auteur(s) : OTTAVI Laurent
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La Conversation, pièce mise en scène par Jean-Laurent Silvi à partir du livre de l'académicien Jean d'Ormesson (Editions Héloïse d'Ormesson, 2011), est jouée au théâtre Hébertot jusqu'au 20 avril 2013. Maxime d'Aboville et Alain Pochet sont respectivement Bonaparte, Premier Consul de la République, et Cambacérès, Second Consul. Si tous les propos prononcés par Napoléon Bonaparte ont été prononcés par lui, ce ne fût pas nécessairement dans les circonstances du Consulat. Toutes les répliques de Cambacérès, en revanche, sont de la plume de Jean d'Ormesson.
La conversation, une pièce tirée du roman de Jean d’Ormesson
Au théâtre Hebertot (Paris) jusqu'au 20 avril 2013

Le Rubicon de Bonaparte

La Conversation, pièce mise en scène par Jean-Laurent Silvi à partir du livre de l'académicien Jean d'Ormesson (Editions Héloïse d'Ormesson, 2011), est jouée au théâtre Hébertot (Paris) jusqu'au 20 avril. Maxime d'Aboville et Alain Pochet sont respectivement Bonaparte, Premier Consul de la République, et Cambacérès, Second Consul. Si tous les propos prononcés par Napoléon Bonaparte ont été prononcés par lui, ce ne fût pas nécessairement dans les circonstances du Consulat. Toutes les répliques de Cambacérès, en revanche, sont de la plume de Jean d'Ormesson.

Palais des Tuileries. Hiver 1803-1804. Au cours d'une conversation se joue l'avenir de la France et de celui de Bonaparte. Etant entendu, que, pour le Premier Consul, il ne peut y avoir de « distinction entre elle et (lui) ». Le public assiste, tel un spectateur privilégié regardant à travers le trou de la serrure, à un dialogue intime, de première importance politique. Lorsque Bonaparte confie à Cambacérès sa volonté d'instaurer l'Empire.

Dans un décor sobre, composé essentiellement d'un bureau, l'imaginaire de Jean d'Ormesson peut se développer. Dès le premier filage, l'académicien avait d'ailleurs été séduit par la mise en scène de Jean-Laurent Silvi, au service de son texte fiction.

Quand le Premier Consul s’imagine Empereur

« Il y a des moments où l'histoire semble hésiter avant de prendre son élan : Hannibal quand il décide de passer les Alpes avec ses éléphants pour frapper Rome au coeur ; César sur les bords du Rubicon ; le général de Gaulle à l'aube du 17 juin 1940, quand il monte dans l'avion qui va l'emmener vers Londres. C'est un éclair de cet ordre que j'ai tenté de saisir » (Jean d'Ormesson)
« Je veux rétablir une monarchie qui soit républicaine ». Ainsi Bonaparte, interprété par un Maxime d'Aboville précis, passionné et drôle, présente-t-il l'Empire qu'il appelle de ses voeux à Cambacérès. « Le pape viendra de Rome à Paris pour me sacrer ». Le Consul est très populaire mais le régime demeure fragile. Par ce nouveau système, il espère fonder sa dynastie, dans la lignée de César et de Charlemagne.
Son interlocuteur, joué par Alain Pochet, suave à souhait, a la confiance de Bonaparte. Il est le personnage le plus approprié pour donner la réplique à Bonaparte, soulignait Jean Tulard dans un article du Figaro (Quand Napoléon perçait sous Bonaparte, 22 septembre 2011) lors de la sortie du livre. Cambacérès est « fidèle » et a l' « esprit clair ». Au point que Bonaparte lui promet le deuxième poste de l'Empire, celui d'archichancelier : « Quand je serai avec mes soldat, c'est vous qui mènerez les affaires ».
Avec le changement de régime, c'est Bonaparte, lui-même, qui évolue. Et Napoléon qui surgit. D'une imagination débordante, le Premier Consul envisage l'avenir dans la démesure : « Mes rêves vont plus loin que l'Europe. Je retournerai en Orient. (…) Je fonderai en Orient un nouvel et grand empire qui fixera ma place dans la postérité ». Le premier consul est audacieux, mais imprudent. Il est rapide comme l'éclair : « je précède l'événement ». Trop rapide. Dans l'ombre du général ambitieux, on perçoit la chute de l'Aigle. A ce titre, la scène finale est poignante.
Cambacérès tente à quelques reprises de mesurer l'enthousiasme de Bonaparte, en s'interrogeant par exemple sur l' « attachement des Français au nom de la République ». Mais, assuré de conserver un rang et frappé par le génie du Premier Consul, Cambacérès laisse l'Aigle déployer ses ailes. Et, comme Icare, se les brûler …

Titre de revue :
inédit
Mois de publication :
mars
Année de publication :
2013
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