IL Y A 150 ans : Les grandes crues de 1856

Auteur(s) : PAPOT Emmanuelle
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Introduction

La fin mai-début juin 1856 est marquée en France par une crue d'une ampleur exceptionnelle et brutale des grands fleuves français. La crue de 1856 est encore aujourd'hui considérée comme une crue de référence.

Des crues d’une ampleur exceptionnelle

Dès le 29 mai 1856, les autorités locales s'alarment : « Une crue considérable de l'Allier nous menace. Les eaux se sont élevées à 3m23 au pont de l'Allier. La crue est en moyenne de 6 centimètres par heures » (Dépêche télégraphique de Moulins, 7 h) ; « La Loire monte. Elle atteint une hauteur de 2m49 » (Nevers, 10h). Les journaux emboîtent le pas : « La pluie qui tombe presque sans interruption depuis quarante-huit heures nous menace encore d'une nouvelle inondation. Déjà ce matin la Garonne était fort grosse, ses eaux bourbeuses et jaunâtres commençaient à charrier des branches d'arbres, des racines et des débris de toute sorte. A 9 heures et demi, le garonnomètre marquait 4m50 au dessus de l'étiage. » (L'Aigle de Toulouse, 29 mai 1856).
Les jours qui suivent ne connaissent pas de répit, la Loire atteignant par exemple la hauteur de 3m98 le 31 mai au matin et 5m75 à 16h00 le même jour. Les dégâts matériels sont conséquents : églises, ponts et maisons écroulés, digues arrachées, routes et bétail emportés, voies ferrées arrachées, cimetières défoncés.

Napoléon III visite les sinistrés

Face à l'ampleur des dégâts occasionnés par les grandes crues dont la France est victime Napoléon III entreprend un voyage exceptionnel du 1er au 7 juin 1856. Il débute par le midi de la France. Le Moniteur universel du 2 juin 1856 rapporte ainsi que : « L'Empereur est parti aujourd'hui [c'est-à-dire le 1er] pour Lyon. Sa Majesté a voulu présider en personne aux secours à porter aux victimes des inondations du midi de la France »
Napoléon III se rend tout d'abord à Lyon par Dijon, puis à Valence, Avignon et enfin Arles, visitant nombre de petites villes sinistrées. Ainsi l'Empereur désire se rendre à Tarascon « Les communications entre cette ville et Avignon sont complètement interrompues, par suite de la rupture des chemins de fer que les eaux du Rhône ont coupé sur plusieurs points. Sa Majesté a traversé dans un bateau, au milieu des champs inondés, un espace de cinq kilomètres qui le séparait de Tarascon. L'Empereur profondément ému, a parcouru dans son bateau les rues de cette ville entièrement envahie par les eaux, et a distribué des consolations et des secours aux habitants réfugiés dans les étages supérieurs de leurs maisons ». (Le Moniteur Universel du 4 juin 1856). C'est cette scène que Napoléon décida de faire immortaliser par le peintre William Bouguereau. De retour à Paris le 5 juin, Napoléon III repart dès le lendemain pour la Loire où les inondations persistent. Il se rend à Orléans, Blois, Angers et Tours.

De nombreuses mesures sont prises

Durant ce voyage, des mesures sont prises et de nombreux crédits alloués pour l'aide aux victimes et la reconstruction. « Paris, le 2 juin. Par décret de ce jour, l'Empereur a ordonné qu'une somme de 300 000 francs seraient affectée à titre de secours, aux victimes de l'inondation de Lyon » (Le Moniteur Universel du 2 juin 1856). Aucune ville et département sinistrés ne sont oubliés, Vienne reçoit ainsi 10 000 fr., Tain et Tournon 7 000, Valence 5 000, Montélimar 4 000, La Palud 4 000. 20 000 fr. sont remis au préfet de la Drôme pour les victimes du département et 25 000 fr. pour l'Isère etc. De même, 27 millions de francs furent débloqués pour la réparation des ouvrages d'art, tels que des ponts, des églises, des fontaines endommagés par les eaux.
Des aides personnelles et des souscriptions sont lancées en faveur des victimes. Ainis, les fabricants et les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine à Paris lancent une grande loterie  en faveur des inondés sous le patronage de l'Impératrice Eugénie et sous la direction du ministre de l'Intérieur. (Moniteur universel du 5 juillet 1856). L'Impératrice Eugénie lance de même une souscription d'aide dans les mairies du département de la Seine,  le Prince Jérôme souscrit ainsi pour la somme de 10 000 fr., le Conseil municipal de Paris alloue quant à lui 100 000 fr.

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