Michel Albertini, scénographe, nous présente l’exposition "Les Trésors de la Fondation Napoléon"…

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Michel Albertini, scénographe, nous présente l’exposition "Les Trésors de la Fondation Napoléon"…
Michel Albertini face au buste de Napoléon par Chaudet : percer le mystère de l'homme... © DR

Homme de passions et de talents multiples, Michel Albertini mène parallèlement une carrière d'auteur, de metteur en scène, d'acteur et de scénographe.

Né dans le sud de la France, il y a croisé Roland Petit et Zizi Jeanmaire qui l'ont entraîné dans leurs ballets autour du monde.
Ami de Louis Aragon et d'Antoine Vitez, il a accomplit ses études théâtrales au Conservatoire National de Paris  Lauréat « Villa Médicis », il a vécu quelques temps à New York. La rencontre avec les deux auteurs William Burroughs et Brion Gysin a été déterminante. A Broadway, il a également travaillé à la création de « 36 Popular Front »,  la comédie musicale d'Etienne Roda Gil.

En Europe, il a participé à plusieurs films et feuilletons, au service des metteurs en scène les plus aventureux, jouant avec Sophia Loren, Sophie Marceau,  Alain Delon, Mélanie Griffith…

A Berlin, il a interprété « Das Lederrman », « L'homme de cuir », sous la direction de R.W Fassbinder, à Venise, « Le Martyre de Saint Sébastien » de d'Annunzio et Debussy, mis en scène par Pier Luiggi Pizzi au Théâtre de la Fenice, à  Montréal, il a été acteur de séries populaires.
 
Michel Albertini a écrit plusieurs pièces de théâtre, créées dans différents théâtres parisiens, notamment « Les Merdicoles » à la Comédie Française.
Il est d'autre part l'un des auteurs de romans d'amour les plus lu en France – une dizaine de titres tels que « Les Orphelins de Nha Trang », « Les amants du Séisme », «L'amour a deux visages »… ont été publiés dans diverses collections.

Au Brésil il est considéré comme un des scénographes européens les plus modernes et des plus talentueux. Il nous invite dans son nouveau voyage, et nous propose de partager l'intimité de la Cour de Napoléon Ier
 
 
Les Trésors de la Fondation Napoléon, dans l'intimité de la Cour impériale…
 
Vous marchez sur le boulevard Haussmann, en allant vers l'Etoile. Dépassez le 148. Là se trouve la « Fondation Napoléon » : passionnés, érudits, amoureux de l'Empire, à longueur d'années des femmes et des hommes travaillent à affiner leurs connaissances, à servir la « Collection », à fabriquer de la modernité avec des morceaux de gloire ancienne.
Faites encore quelques pas, toujours en direction de l'Etoile, et entrez au 158. Il y a là le Musée Jacquemart-André. Montez donc à l'étage. Si vous croisez Bonaparte sur le palier, ne vous en étonnez pas, il arrive d'Egypte. Plus haut, une seconde statue de Napoléon quelques années plus tard vous accueille en législateur.

Poursuivez…

Nécessaire de voyage de l'épouse de Fouché / Biennais © Fondation Napoléon – P. Maurin-BerthierA l'entrée de la première salle, attendez un peu. Il faut s'habituer à l'ombre avant de pénétrer dans la lumière. Là, commence la plus rare, la plus inouïe des promenades que l'on puisse faire à Paris entre le 28 septembre 2004 et le 3 avril 2005.
Du centre de la pénombre, des faisceaux d'ambre éclairent  une coupe et son écrin, une pendule, des boîtes en or, les portraits des plus belles femmes du temps. Les montres de l'Empire se sont arrêtées, là, sous leurs yeux. Regardez… 

Du ciel, la lumière tombe en pluie de rayons d'or sur les objets de la société impériale : porcelaine, miniatures, tableaux, meubles, et soudain s'ouvre le nécessaire de voyage du Maréchal Soult. Car le voyage a commencé.

Une musique, venue du lointain, attire vers les fenêtres. Approchez-vous, derrière les vitres on aperçoit Paris.
Les soyeux de Lyon ont dessiné les motifs des tentures. Napoléon aimait les drapés, l'Empire est l'apogée de cet art.

Etude pour le couronnement, L'Impératrice / David © Fondation Napoléon – P. Maurin-BerthierMaintenant, découvrez la salle du « Sacre ». Un vase de Sèvres impérial en marque l'entrée. Les aquarelles de Fontaine paraissent sortir des murs, n'est-ce pas ? Elles éclatent de leurs couleurs pastel. Un tableau… ? C'est un David. Le fameux. Une robe ? Elle a assisté au couronnement… Derrière les fenêtres, un cortège sort de Notre Dame. Non, ne réfléchissez plus. Suivez le carrosse. Plus loin encore, les trésors s'accumulent.

Glissez-vous dans cette sorte de caverne, de crypte qui s'ouvre face à vous. Tête à tête, cloches, couverts personnels, clefs de chambellan, chaises… Tout a servi, il a touché ces objets, il a vécu avec eux.
 
Ce passage donne sur une salle encore plus surprenante d'intimité. Quelques accords de harpe signalent la présence de Joséphine. Des fleurs aussi, un parfum d'Empire. Le petit cabaret égyptien de l'Impératrice repose dans une vitrine ancienne. La porcelaine est d'une finesse extrême. Elle, son épouse, son amour, est dans le parc de la Malmaison. On peut l'apercevoir, au loin, par la baie… Ne la dérangez pas. Et puis, il y a tant d'autres femmes dans la pièce… Caroline, Elisa… Tenez, Hortense a oublié son coffret à couture. Marie Louise a déposé un portrait du petit, de l'enfant.

La Bataille d'Austerlitz / Fragonard © Fondation Napoléon – P. Maurin-BerthierPlus loin encore, voici le somptueux « Service des Quartiers Généraux ». Dix-neuf assiettes. Chacune d'entre elles est un chef-d'oeuvre : « L'Isthme de Suez, l'Obélisque du Mont Genèvre, une Régate à Venise, l'Orangerie du Jardin des Plantes, le Pont du Jourdain, le Palais des Tuileries, l'Abbaye de Melk, le Phare d'Alexandrie… ». Elles ont été réunies au fil des ans par la Fondation Napoléon.
Lui piaffe déjà ailleurs. Sons de tambours, bruits de campagnes, il attend derrière une autre porte, dans la folie de la guerre, avec ses armes, ses hampes de drapeaux, sa cuirasse…
 
Suivez sa main, elle est tendue vers son destin.

Oubliez Waterloo, la Bérézina et la campagne d'Espagne. Ce n'est pas le propos de la balade. Lui seul nous intéresse. Soudain ses objets se font plus  intimes encore. L'homme était affamé d'odeurs, senteurs de tabac, de cuir, de réglisse, fou de petits objets à emporter au fil des batailles… Les parfums enivrent tout autant que la musique.

Et puis, sa fin. Il se pensait pourtant protégé par une étoile. En Egypte, il les avait étudiées. Des nuits entières, passées devant sa tente, à regarder le ciel. Sans doute avait-il appris là-bas que les Pharaons croyaient devenir eux-mêmes « étoiles » après leur mort. Et ainsi de continuer à guider leur peuple.

Lui aussi, bien longtemps après sa mort, il continue à guider. A travers ses codes, le système bancaire, les lycées, les préfets, la Légion d'honneur, les routes et les ponts, le statut des théâtres…
Et comme au théâtre, une nuit, une de ces étoiles a traversé la scène. Elle est venue se poser au dessus de la « Belle Poule ». Lorsque le corps de son protégé a regagné les rives françaises, elle a suivi le bateau tout le long du voyage.
C'est cette lumière-là que j'ai cherché à recréer pour éclairer votre promenade, une lumière d'étoiles. Oui, le trésor est là, indiqué par un astre…  Là, juste en dessous du ciel, juste devant vous, là est ce fameux trésor de la Fondation Napoléon.

 
Michel Albertini, juillet 2004

 

Scénographies
Les Trésors de la Fondation Napoléon, Musée Jacquemart-André
Napoleao, Sao Paulo. FAAP.
Les Merdicoles, Comédie Française
Rodin, Théâtre de Neuilly.
Les rues sont vides, Centre Pompidou
Aïn Salah, Théâtre National
Dom Juan, Théâtre du Conservatoire

Théâtre
1993, Le martyre de Saint Sébastien, D'annunzio-Debussy. Pier Luiggi Pizzi
1983, L'ambassade, Mrozec. Laurent Terzieff
1982, Caligula, Albert Camus. Patrick Guinand
1981, Les derniers mots de Dutch Schultz, William Burroughs. André Ligeonnet
1979, L'homme de cuir –H. Eppendorfer. P. Chatel – D. Schmidt – R. W. Fassbinder
1976, La guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux. Jean Mercure
 
Mises en scène
1999, Les merdicoles – Comédie Française    
1994, Dès le printemps, la cafétéria est ouverte dans le parc – Théatre Athlétic
1981, Aïn Salah – Jeune Théâtre National

Cinéma
1994, Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet
1991, Le trésor des îles chiennes de F.J. Ossang 
1990, Le vent de la Toussaint de Gilles Behat
1989, Bille en tête de Carlo Cotti
1987, L'homme voile de Maroun Bagdadi
1985, Sacs de noeuds de Josiane Balasko
1984, L'amour braque de Andrzej Zulawski
1983, La femme publique de Andrzej Zulawski
1979, Icomme Icare de Henri Verneuil
1974, Verdict de André Cayatte

Ecriture
Théâtre
2001, Cageot d'asperges
1999, Les merdicoles
1995, La séparation des amants sous la pluie
1994, Dès le printemps, la cafétéria est ouverte dans le parc
1993, Le chant du bouc
1989, Le babouin
1979, Aïn Salah

Romans
2005, Sang d'Iguacu
2004, Les amants du séïsme
2004, L'amour au deux visages
2003, Les orphelins de Nha Trang
2002, L'espoir de Soledad
2001, L'enfant sale
1999, Le chemin des calanques
1998, Les merdicoles

Titre de revue :
Revue du Souvenir Napoléonien
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