Documents : la naissance de Charles-Louis-Napoléon Bonaparte, 3e fils d’Hortense et de Louis Bonaparte, futur Napoléon III

Auteur(s) : PAPOT Emmanuelle
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Introduction

Dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 avril, à une heure du matin, à Paris, 8 rue Cerruti (aujourd’hui, 17 rue Laffitte), naît Charles-Louis-Napoléon, troisième fils du couple royal de Hollande. L’enfant né avant terme est de constitution fragile.

L’accouchement a été difficile. Le père Louis Bonaparte est absent.

L’annonce officielle : Le Moniteur

« Aujourd’hui, mercredi 20 avril, à une heure du matin, SM la reine de Hollande est heureusement accouchée d’un prince. En conformité de l’article 40 de l’acte des Constitutions, du 28 floréal an XII, SAS Mgr le prince archichancelier de l’Empire a été présent  à la naissance. SA a écrit de suite à SM l’Empereur et Roi, à SM l’Impératrice et Reine et à SM le roi de Hollande, pour leur apprendre cette nouvelle. […] A cinq heures du soir, l’acté de naissance a été reçu par SAS le prince archichancelier, assisté de S. Exc. M. Regnault (de Saint-Jean-d’Angély), ministre d’Etat, et secrétaire de l’état de la famille impériale. Attendu de l’absence de SM l’Empereur et Roi, le prince nouveau-né n’a reçu aucun prénom ; à quoi il sera pourvu par un acte ultérieur, d’après les ordres de SM. Les témoins de l’acte ont été LL. AA. SS. Le prince archi-trésorier, et le prince vice-grand électeur. Ils ont été désignés par le prince archichancelier, en conformité de l’article 19 du statut impérial du 30 mars 1806, attendu l’absence de tous les princes du sang. SAI Madame, mère, SM la reine de Hollande, SAI madame la princesse Caroline, grande-duchesse de Berg ; SAE Mgr le cardinal Fesch, et SE M. l’amiral Verhuel, ambassadeur de SM le roi de Hollande près SM l’Empereur et Roi, ont été présents à l’acte. »
(Moniteur du 21 avril 1808)

«  S Em Mgr le cardinal Fesch, ayant été averti  par un chambellan que SM était accouchée, s’est rendu sur-le-champ au palais de SM, où assisté de l’aumônier de l’Empereur, vicaire général de la grande aumônerie, et du maître des cérémonies de la chapelle impériale, elle a ondoyé le prince nouveau-né […] »
(Moniteur 28 avril 1808)

Mémoires d’une mère

« Dans la nuit du 20 au 21 avril 1808, je donnai le jour à un fils. J’eusse préféré une fille, mais cette nouvelle combla de joie ma mère et l’Empereur qui fit tirer le canon sur toute la frontière de l’Espagne où il était alors. Sa politique voyait une chose heureuse dans la naissance d’un second prince de sa famille. Pour l’en instruire j’avais envoyé auprès de lui m. DE Villeneuve ? mo chambellan français, et auprès de mon mari, M. le comte de Bylandt, mon chambellan hollandais. Le Roi fit annoncer cet événement à tout le peuple rassemblé sous le balcon et reçut les félicitations d’usage. J’ai appris depuis que ce chirurgien avait dit dans le salon de service : «  les reines ont le droit d’accoucher avant terme ; elles ne comptent jamais comme d’autres. »
Mon fils était si faible que je pensais le perdre en naissant. Il fallut le baigner dans du vin [afin d’améliorer la circulation sanguine], le mettre dans du coton [pour faire monter la température] pour le rappeler à la vie. La mienne ne m’occupait plus : de sinistres idées n’offraient à mes yeux que la certitude de mourir. Je m’y attendais si bien que je demandais à mon accoucheur si je pouvais encore passer un jour. Mon état lui parut inexplicable. Aussi ne fit-il qu’empirer.
Une visite chez M. de Talleyrand augmenta encore mon état nerveux. Il devait assister à l’acte de naissance de mon fils. Il portait habituellement de la poudre. L’odeur en était si forte que lorsqu’il s’approcha de moi pour me complimenter, je faillis être suffoquée. Je n’osai rien dire tout le temps qu’il resta là mais je me sentis mal. »
Mémoires de la Reine Hortense / publiés par le prince Napoléon ; avec notes par Jean Hanoteau. – [20e éd.]. – : Paris, Plon 1927, 3 v.

Lettres de Napoléon et Joséphine à Hortense

« Ma Fille, j’apprends que vous êtes heureusement accouchée d’un garçon. J’en ai éprouvé la plus grande joie. Il ne me reste plus qu’à être tranquillisé et à savoir que vous vous portez bien. Je suis étonné que dans une lettre du 20, que m’écrit l’archichancelier, il ne m’en dise rien. »
Napoléon à Hortense, le 23 avril 1808 (Correspondance n°13775)

« Je suis ma chère Hortense, au comble de la joie. La nouvelle de ton heureux accouchement m’a été apportée hier par M. de Villeneuve. J’ai senti mon coeur battre en le voyant entrer, mais j’avais l’espérance qu’il n’avait à  m’apprendre qu’un heureux événement, et mon pressentiment ne m’a pas trompée. Je viens de recevoir une seconde lettre de l’archichancelier qui m’assure que tu te portes bien ainsi que le petit. Melle Cochelet m’a aussi donné des détails très satisfaisants. Je sais que Napoléon se console de n’avoir pas une soeur, et qu’il aime déjà son frère. Embrasse-les pour moi tous les deux. »

Lettre de Joséphine à Hortense lors de la naissance de napoléon III : « Bordeaux, 23 avril 1808

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