CANROBERT François Certain (1809-1895), maréchal

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CANROBERT François Certain (1809-1895), maréchal
François Certain de Canrobert

Fils d'Antoine Certain de Canrobert, capitaine d'infanterie, et de sa seconde épouse, Angélique de Niocel, il naît à Saint-Céré, dans le Lot, le 27 juin 1809. De bonne souche bourgeoise – il était fils et petit-fils d'avocats -, le père du futur maréchal avait, à la fin de l'Ancien Régime, ajouté au nom de Certain, porté jusque-là, celui d'une petite carrière de serpentine qui lui appartenait, afin de se distinguer des autres membres de se famille. Déclaré Certain-Canrobert à sa naissance, le maréchal utilisera généralement cette forme, le plus souvent écourtée en Canrobert. Antoine Certain de Canrobert, émigré en 1791, avait servi à l'armée des princes, puis au régiment d'Autichamp, à la solde de l'Angleterre.

Rentré clandestinement à Paris, il fut arrêté le 20 janvier 1801 et passa dix mois à la prison du Temple. Sa soeur, Marie-Louise Certain dite, elle, du Puy (1756-1826), avait épousé en 1775 Antoine Marbot (1753-1800), qui devait devenir général de division, député de la Corrèze à l'Assemblée législative, puis au Conseil des anciens. Ceux-ci furent les parents notamment de Jean-Baptiste Marbot (1782-1854), baron de l'Empire, puis baron héréditaire et pair de France, lieutenant général, l'auteur des célèbres Mémoires.

Entré à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1826, le futur maréchal est placé, le 1er octobre 1828, au 47e régiment d'infanterie de ligne en qualité de sous-lieutenant : il y restera jusqu'en 1840, passant lieutenant en 1832, lieutenant adjudant-major en 1836, capitaine et capitaine adjudant-major en 1837. De 1835 à 1839, il sert en Algérie. Au 6e bataillon de chasseurs à pieds de1840 à 1842, il est de nouveau en Algérie de 1841 à 1850. Chef de bataillon le 22 mai 1842, il est employé peu de temps au 13e régiment d'infanterie légère, puis se trouve à la tête du 5e bataillon de chasseurs d'Orléans de 1842 à 1845. Promu lieutenant-colonel le 26 octobre 1845, il appartient au 22e régiment d'infanterie de ligne, puis, l'année suivante, au 64e, commandant supérieur du cercle de Tenez de 1845 à 1847.
 
Colonel en 1847, il commande, cette même année, le 2e régiment d'infanterie de ligne, puis en 1848, successivement, le 2e régiment de la Légion étrangère et le régiment de zouaves, ce dernier jusqu'en 1850, prenant une part décisive à l'assaut de Zaatcha. De retour en France en 1850, il est nommé général de brigade le 13 janvier et commande une brigade d'infanterie de la 1ère division active des troupes de paris, puis, de 1851 à 1853, la 3e brigade de la 1èere division de l'armée de Paris. Canrobert s'étant rallié au coup d'État du 2 décembre 1851, sa brigade est l'une de celles qui opèrent sur les boulevards dans les jours qui suivent, afin de réprimer les troubles. En 1852, il est aide de camp du Prince-Président, puis de l'Empereur, tout en conservant ses fonctions précédentes. Général de division le 17 janvier 1853, il commande la division d'infanterie de l'armée d'Orient. Le 20 septembre, il est blessé à l'Alma et, le 26, succède à Saint-Arnaud, emporté par le choléra, au commandement en chef de l'armée d'Orient. Il commence aussitôt le siège de Sébastopol et, le 5 novembre, remporte la bataille d'Inkermann, où il est de nouveau blessé. En mai 1855, sur sa demande, en raison des dissentiments qui l'opposent à lord Raglan, général en chef des troupes anglaises, le commandement en chef de l'armée d'Orient est confié à Pélissier et il est, lui-même, placé à la tête du 1er corps de cette armée, puis, quelques jours plus tard, selon son désir encore, à celle de la 1ère division  du 2ème corps. A la veille de son retour en France, en août, il est de nouveau aide de camp de l'Empereur. Il le restera jusqu'en 1858. Le 17 août 1855, il entre au Sénat et, le 18 mars 1856, est fait maréchal de France. Cette même année, il devient, par ailleurs, président du conseil général du Lot. En 1858, il reçoit le commandement supérieur des divisions de l'est à Nancy, puis commande en chef le camp de Châlons. Le 22 avril 1859, il est placé à la tête du 3ème corps de l'armée d'Italie et participe aux batailles de Magenta et de Solferino. Il termine l'année 1859 commandant supérieur du 3ème corps d'armée à Nancy, fonction qu'il gardera jusqu'en 1862. Cette dernière année, il est chargé du commandement des troupes réunies au camp de Châlons, puis du commandement supérieur du 4e corps d'armée à Lyon, où il reste jusqu'en 1865. De 1865 à 1870, il est à la tête du 1er corps d'armée et de la 1re division militaire à Paris.
 
Lorsqu'éclate la guerre de 1870, il est nommé commandant du 6e corps de l'armée du Rhin. Il participe aux grandes batailles sous Metz. Il est notamment à Gravelotte et défend héroïquement Saint-Privat. Encerclé dans Metz, avec l'ensemble de l'armée du Rhin, il est fait prisonnier le 28 octobre. Rentré en France le 18 mars 1871, il occupe successivement ou concurremment différentes fonctions : président de la Commission de classement de l'avancement dans l'infanterie (de 1871 à 1879), membre du Conseil supérieur de la guerre (de 1871 à 1873), membre du Comité de défense (de 1873 à 1879), président de la Commission chargée d'étudier les modifications à apporter aux lois et ordonnances qui régissent l'avancement dans l'armée (de 1875 à 1879). Lorsque, en 1873, disparaît Napoléon III, il demande et obtient l'autorisation d'assister aux obsèques de celui-ci. En 1876, il est élu sénateur du Lot et prend place dans le groupe de l'Appel au peuple, le parti bonapartiste. Il soutient le gouvernement du 16 mai 1877 et, le 25 juin, vote la dissolution de la Chambre. L'année suivante, il représente la France aux obsèques du roi Victor-Emmanuel II d'Italie. A la fin de son mandat de sénateur du Lot, il est élu par la Charente qu'il représentera dans la Haute Assemblée jusqu'en 1894, continuant de siéger dans le groupe de l'Appel au peuple. Les dernières fonctions qu'il exercera seront celles du membre du Conseil supérieur de la guerre et de membre du Comité de défense, l'une et l'autre de 1881 à 1883. Lorsqu'il meurt à Paris 8e, le 28 janvier 1895, âgé de 84 ans, il est le seul survivant des maréchaux du Second Empire. La dignité restera sans aucun titulaire durant vingt et un ans, jusqu'à la nomination de Joffre en 1916. Les restes de Canrobert reposent aux Invalides.
On a peu d'écrits du maréchal Canrobert. Un certain nombre de lettres de celui-ci ont été publiées dans les ouvrages de Mme de Beaulaincourt de Marles, fille du maréchal de Castelane : Campagnes d'Afrique.  1835-1848. Lettres adressées au maréchal de Castellane par les maréchaux Bugeaud, Clauzel, Valée, Canrobert… (1898) et Campagnes de Crimée, d'Italie, d'Afrique, de Chine et de Syrie. 1849-1862. Lettres adressées au maréchal de Castellane par les maréchaux Baraguey d'Hilliers, Niel, Bosquet, Pélissier, Canrobert… (1898). Cependant, on peut, dans une certaine mesure, considérer que les six volumes de Germain Bapst : Le Maréchal Canrobert. Souvenirs d'un siècle (1898-1913) sont l'oeuvre du maréchal : reçu à de nombreuses reprises par ce dernier, qui lui racontait sa vie, Bapst transcrivait ses propos et relisait le texte pour accord ou corrections, la fois suivante.
Le maréchal Canrobert s'était allié à Paris 8e, le 19 janvier 1863, à Leila-Flora Macdonald (Sultanpore, Indes orientales, 29 juin 1838, Jouy-en-Josas, Yvelines, 5 août 1889), fille d'Allen-Ronald, capitaine d'infanterie (armée anglaise des Indes), d'une famille écossaise de confession anglicane, ayant donné de nombreux officiers, et d'Éliza-Anna Smith. Il subsiste de cette union une descendance en ligne féminine assez importante. Le nom s'est éteint avec Marcelin Certain-Canrobert (1867-1921), chef d'escadrons de cavalerie, fils du maréchal, resté célibataire.
 
                                                                           Joseph Valynseele
 
B. : J. VALYNSELLE, Les Maréchaux de Napoléon III, leur famille et leur descendance, 1980.
 
Cette notice est tirée, avec l'aimable autorisation des éditions Fayard, du Dictionnaire du Second Empire.


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