SEGUR, Louis-Philippe, comte de (1753-1830), sénateur

Partager

Fils aîné du maréchal de Ségur, né à Paris le 10 septembre 1753, Louis-Philippe entre à seize ans dans l'armée comme sous-lieutenant au régiment de Mestre-de-Camp en 1769, et devient colonel en second aur égiment d'Orléans en 1776. Esprit curieux de tout, passionné de littérature et de philosophie, il fréquente les salons de Mmes Du Deffand et Geoffrin, rencontre Laharpe, Marmontel, Voltaire. En 1783, après avoir pris part aux dernières opérations militaires en Amérique, il devient colonel des dragons Ségur. Employé quelques temps par son père au ministère de la Guerre, il partcomme ambassadeur pour la Russie à la fin de 1784. Intime de l'impératrice Catherine, il tente de sceller une alliance entre la France, la Russie et l'Autriche et l'Espagne en vue d'un démembrement de l'Empire ottoman mais échoue à cause des réticences de Louis XVI.
 
Revenu en France en novembre 1789, partisan des idées nouvelles, Ségur est nommé en mars 1791 ambassadeur à Rome, mais Pie VI lui refuse l'entrée de ses Etats. Promu maréchal de camp, il est envoyé à Berlin pour détacher la Prusse de la ligue formée à Pillnitz. Mais le roi Frédéric-Guillaume II, ayant appris qu'on aurait donné 3 millions à Ségur pour corrompre ses ministres et son entourage, lui tourne le dos le jour même de la présentation des lettres de créances, le 12 janvier 1792. Grièvement blessé dans un duel quelques jours plus tard, Ségur quitte Berlin en mars. Il refuse le ministère des Affaires étrangères que lui offre le roi et se retire à Châtenay, près de Sceaux, où il vit dans la plus grande discrétion, jusqu'au 18-Brumaire, renouant avec ses travaux littéraires, composant une Histoire de Frédéric-Guillaume II (1800), assistant aux dîners du Vaudeville et aux réunions du Portique républicain.
 
Choisi par le Sénat, il entre au Corps législatif le 8 ventôse an IX (27 février 1801). Soucieux de plaire, Ségur fait voter, en juillet 1802, l'ouverture d'un registre où inscrire le vote des députés sur le Consulat à vie. Il devient conseiller d'Etat le 4 nivôse an XI (25 décembre 1802) et rédige de très nombreux rapports. Membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII (2 octobre 1803), grand-aigle le 14 pluviôse an XIII (3 février 1805), il est couvert d'honneurs : grand-officier du palais de l'Empereur le 21 messidor (9 juillet 1804), comte de l'Empire le 23 mai 1808, il est envoyé comme commissaire extraordinaire dans la 18e division militaire.
 
Ségur se rallie au vote de déchéance de l'Empereur en avril 1814, se rend au-devant de Louis XVIII à Compiègne, est fait pair de France le 4 juin suivant. Il se compromet avec Napoléon durant les Cent-Jours : rétabli dans sa charge de grand-officier du palais, pair le 2 juin 1815, il défend avec vigueur les droits de Napoléon II après Waterloo, et s'offre de suivre l'Empereur en exil. L'ordonnance royale du 24 juilelt 1815 le prive de toutes ses fonctions et de la paierie. Rappelé à la chambre haute le 19 novembre 1819, Ségur y intervient souvent et enf aveur des idées libérales. Il accueille avec enthousiasme la Révolution de Juillet 1830 et le retour au drapeau tricolore. Il meurt le 27 août 1830 à Paris.
 
Membre de l'Académie française depuis 1803, Ségur a beaucoup écrit, aussi bien des contes, des fables, des chansons ou des comédies que des ouvrages d'histoire. Ses mémoires, ou souvenirs et anecdotes, parus en 1824, d'une lecture très agréable, présentant un tableau très vivant et intéressant de l'entourage de Napoléon. […]
 
 
Auteur : Alfred Fierro-Domenech
Dictionnaire Napoléon, 1999, Fayard
 
 
Avec l'aimable autorisationd es Editions Fayard. Tous droits réservés.

 

Partager