DELRIEU, Etienne, (1760-1836), poète

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Le "chevalier" Delrieu naquit à Rodez, vers 1760, dans une famille sans notoriété et, après des études dans des établissements congréganistes, devint à Versailles professeur de rhétorique.

Il se fit connaître pendant la Révolution par ses idées patriotiques et des oeuvres de circonstance. Dès 1791, il composa une « Ode à la Liberté« , en 1793, des couplets en l'honneur de la Montagra et une « Apothéose » de Marat et de Lepelletier, enfin en 1794, un recueil de poésies politiques. Parallèlement, il exerçait ses talents dans des genres plus aimables, puisqu'en 1793, il fit jouer une comédie en un acte « le Jaloux malgré lui« , qui reste son chef-d'oeuvre. Vinrent ensuite sous le Directoire d'autres compositions légères peu connues comme « La Prévention paternelle », « Les Ruses du Mari », « Les Philosophes soldats », « Amélia ou les deux jumeaux espagnols », « Le Père supposé ». En 1802, il changea de genre et donna au compositeur Nicolo Isouard, le livret de son opéra « Michel-Ange ».

La gloire devait lui venir sous l’Empire, quand il aborda la tragédie, genre particulièrement en vogue.

En 1808, il fit représenter « Artaxerce », tragédie en cinq actes, imitée de Métastas, qui fut jouée à Saint-Cloud, devant l'Empereur qui en fut si satisfait qu'il tira l'auteur de son obscur collège versaillais, le nomma chef de bureau à l'Administration des douanes et lui octroya une pension annuelle de deux mille francs. Fort satisfait de sa personne et de son talent, Delrieu disait alors, au sujet des emprunts qu'il avait faits au poète italien, que ceux-ci étaient de bonne prise, car, en littérature, s'approprier, pour le reproduire dans une autre langue, l'oeuvre d'un écrivain étranger, ce n'était pas voler, mais conquérir. C'était là une théorie que ne pouvait désavouer Napoléon. En 1811, il composa une Ode pour la naissance du roi de Rome.
 

Après la chute de l'Empire, outre des comédies, parmi lesquelles on peut citer « La Jeune Veuve » et « Les deux lettres« , qui connurent des succès mitigés, il revint à la tragédie, en donnant, dès 1815 « Dénétrius » qui n'eut pas le même succès qu' »Artaxerce« , puis, à la fin de sa vie, « Léonide« , qui tomba si complètement à plat que cet échec ne précéda que de quelques mois la mort de Bernard Delrieu, qui succomba le 4 novembre 1836.

Auteur : Colonel Henri Ramé
Revue : Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro : 356
Mois : 12
Année : 1987
Pages : 38

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