DUCHESNOIS, Catherine, (1777-1835), comédienne

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Celle qui est connue sous le nom de Joséphine Duchesnois – son nom de théâtre – est née le 5 juin 1777, à Saint-Saulve, près de Valenciennes, où son père, prénommé Jean-Jacques était aubergiste et marchand de chevaux; sa mère était née Françoise Mulot.

Mise en apprentissage dès 1793, elle vint vite à Paris retrouver une de ses soeurs, mais regagna Valenciennes, où elle fut servante puis couturière, jusqu'à ce qu'elle fasse le 10 janvier 1797 ses débuts de comédienne dans une troupe locale d'amateurs. Elle venait de trouver sa voie et revint à Paris, où elle suivit les cours de déclamation de Mademoiselle Florence.
Bien qu'elle fut – dit-on avec une certaine exagération – laide, hommasse et vulgaire, elle fut remarquée par Madame de Montesson, qui, malgré un piteux échec versaillais, réussit à la faire engager à l'essai pour cinq mois au Théâtre-Français, où le 3 août 1802 elle se produisit si brillamment dans « Phèdre » que le Premier Consul vint l'applaudir dès le 9. Elle fut alors la partenaire de Talma et sut déployer de tels dons de parfaite tragédienne, se fit si bien voir d'un public enthousiaste que celui-ci exigea, en novembre 1802, que ses collègues, qui firent grise mine, vinssent la couronner sur la scène.
Ce fut alors que commença une rivalité épique entre elle et Mademoiselle George, qui était aussi belle et coquette qu'elle l'était peu et qui était soutenue par Bonaparte qui appréciait ses charmes et par l'homosexuelle Mademoiselle Raucourt. Joséphine, l'épouse du Premier Consul, prit naturellement parti pour la Duchesnois, sans se douter qu'elle aussi trouverait bien vite, le chemin du lit de son auguste mari. Il semble qu'elle n'ait eu qu'une ou deux rencontres intimes avec ce dernier, dans la première quinzaine de mars 1804, car elle se vexa, non sans raison, de la désinvolture qu'affichait Napoléon, à l'égard des femmes et notamment les actrices. Cependant cette très courte liaison valut à la belle d'être reçue, dès le 17 mars de la même année, sociétaire de la Comédie Française, en même temps que sa rivale exécrée, Mademoiselle George.
Le départ de celle-ci pour la Russie, le 30 avril 1808 en compagnie du danseur Duport, laissa le champ libre à Joséphine, qui put alors régner sans partage sur la Comédie Française où, pendant vingt-cinq ans, elle tyrannisa ses camarades et la direction, jusqu'à ce qu'à cinquante-six ans, elle daigne prendre, le 9 janvier 1833, une retraite bien gagnée, avant de mourir dévotement, exactement deux ans plus tard et d'être inhumée au Père-Lachaise.
Bien qu'il soit admis généralement qu'elle eut une existence relativement honnête, fut charitable et toujours prête à rendre service aux siens, elle n'en eut pas moins une vie sentimentale si agitée qu'elle mit au monde, de 1810 à 1815, au moins trois enfants, sans avoir jamais été le moindrement mariée.
Ce fut tout d'abord un premier garçon, déclaré sous le nom d'Henri-Achille Raffin-Duchesnois, venu au monde le 20 janvier 1810. Ce serait le fils d'un harpiste au service de Madame de Genlis, qui pourrait s'être appelé Casimir Baecker. Mais il ne serait pas impossible que le géniteur ait été le général Savary, duc de Rovigo, qui protégea très affectueusement le jeune Henri-Achille, quand, jeune officier, il servit sous ses ordres en Algérie, où il mourut d'ailleurs de maladie à Philippeville, le 18 octobre 1839.
Le second enfant, également un garçon, Anatole-Charles-Cyrus Raffin-Duchesnois, naquit à Paris, au 16 de la rue de la Jussienne, le 6 août 1812. Il était le fils du marquis Anatole-Charles-Alexis de la Woëstine (14 décembre 1786 – 25 avril 1870) alors capitaine de cavalerie, petit-fils de Madame de Genlis, futur général gouverneur des Invalides, sous le Second Empire, qui figure – bien à tort, semble-t-il, malgré quelques coïncidences et faits troublants – sur la liste des pères putatifs de Napoléon III. Ce fils, sorti de Saint-Cyr, fut officier et mourut en Algérie à Bône, le 27 octobre 1850.
Vint enfin une fille, qui reçut les prénoms de Rosamonde-Joséphine, naquit à Paris au 6 de la rue de la Ferme des Mathurins, le 28 mai 1815, fut reconnue par son père, le commandant Charles Gélinet, major au 88e régiment d'Infanterie, et épousa le 26 juillet 1834, peu avant la mort de sa mère, un sieur Robin.
 
Auteur : Colonel Henri Ramé
Revue : Revue du Souvenir Napoléonien
Numéro : 365
Mois : juin
Année : 1989
Pages : 45-45

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